Conscience Nègre

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IL Y A 180 ANS NAISSAIT DE LOUIS PASTEUR

IL Y A 180 ANS NAISSAIT DE LOUIS PASTEUR

 

Après l’hommage rendu à Louis Pasteur par toute la communauté scientifique et par tous les peuples du monde lors du centenaire de sa mort en 1995, décrété année Pasteur par l’UNESCO, nous revenons plus en profondeur sur cette commémoration afin de rendre un hommage appuyé à cet éminent scientifique, sauveur de l’humanité, en essayant de mieux camper l’homme à travers son œuvre. En effet, si l’aura incontesté du père du vaccin antirabique et de la pasteurisation n’est plus à démontrer, nombreux sont ceux qui, surtout dans nos contrées reculées, sujettes à toutes sortes d’infections et de maladies virales, ignorent encore le rôle déterminant joué par ce grand savant dans l’évolution et les méthodes de la recherche scientifique ainsi que sa contribution dans la lutte pour la survie de l’espèce humaine. Né le 27 décembre 1822 à Dole dans la Franche-Comté, ce fils de tanneur a connu une vie familiale modeste et simple. Physicien-chimiste de formation, Louis Pasteur, avec l’évolution de ses travaux, étendra son domaine de recherche et de compétence à la biologie puis à la microbiologie. C’est ainsi que ce savant dont toutes les découvertes s’enchaînent les unes aux autres a grandement contribué à fonder les bases de la recherche moderne et les conclusions de ses travaux s’adressent aussi bien à l’amélioration des procédés industriels qu’à celui de la santé publique.

Pasteur, l’expérimentateur de laboratoire

Dès son entrée à 1’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm à Paris, Pasteur se passionne pour l’étude des cristaux ce qui lui permet d’aboutir à l’élaboration du concept de dissymétrie moléculaire des cristaux, hypothèses qui ont donné naissance, plus tard, à la stéréochimie (partie de la chimie qui étudie l’arrangement tridimensionnel des atomes dans les molécules). Devenu agrégé de sciences physiques à 24 ans, Pasteur sert comme professeur, successivement à Dijon, puis à la Faculté des sciences de Strasbourg et ensuite à Lille où il est nommé doyen à la Faculté de sciences. A Lille, il poursuit et développe ses travaux sur les fermentations alcooliques et lactiques qu’il avait entamés à Strasbourg et qui le conduisent à poser les éléments de base de la microbiologie. Il réussit, en effet, à isoler le germe présent dans le lait fermenté et à reproduire la fermentation. C’est la naissance de la méthode pasteurienne : la pasteurisation. Le procédé consiste à chauffer le liquide pendant quelques minutes à l’abri de l’air entre 50° et 60° C pour supprimer toute contamination. A cette époque (vers les années 1857) cette thèse rencontre de nombreux détracteurs dans les milieux scientifiques. Ceux-ci sont, en effet, persuadés que les germes naissent spontanément de la matière organique en décomposition, alors que Pasteur, lui, soutient fermement et finit par faire triompher sa théorie, sur la base de l’expérimentation, devant l’Académie des sciences où il sera élu le 8 décembre 1862, que l’apparition des micro-organismes dans un milieu stérile ne peut s’expliquer que par un apport de germes, provenant de l’extérieur. Il n’est pas inutile de souligner que tout en se consacrant à ses travaux scientifiques, Pasteur qui est nommé, après Lille, directeur des études scientifiques et administratives de 1’Ecole Normale Supérieure de Paris, contribuera directement à la préparation et à l’application des réformes de l’enseignement supérieur en France, notamment dans le domaine des sciences. Sur ce point, il insistera sur la nécessaire double mission d‘enseignant et de chercheur des professeurs de faculté et dénonce déjà le cumul des fonctions tout en avançant des propositions pour l’éviter.

Pasteur le patriote, le citoyen au service du développement de son pays

Soucieux de servir son pays et de faire en sorte que ses travaux scientifiques bénéficient à ses concitoyens, Pasteur n’hésite pas un seul instant à répondre favorablement aux multiples demandes   et sollicitations qui lui parviennent. A la demande d’industriels ou des autorités    politiques, il s’efforcera d’apporter, avec beaucoup de bonheur, des solutions à de  nombreux problèmes de développement. Ainsi, en 1862, il étudiera la formation du vinaigre afin d’aider les vinaigriers à obtenir un vinaigre d’une qualité constante. En 1863, il entreprendra, à la demande de Napoléon III, l’étude des maladies du vin afin de résoudre les  problèmes de sa conservation et de son transport. Après le vinaigre et le vin, Pasteur se plongera dans l’étude de la bière et enseignera aux brasseurs la pasteurisation et la technique pour préserver les moûts des souillures. Enfin, en 1865, sollicité par le ministère de l’Agriculture de l’époque pour diriger une commission chargée d’étudier la maladie des vers à soie qui menaçait gravement la sériciculture (élevage des vers à soie et récolte des cocons qu’ils produisent) en France, Pasteur se penche sur ce problème, et après six années de recherche et d’expérimentation, établit que les vers souffrent d’une maladie contagieuse et héréditaire : la pébrine, causée par un protozoaire. Il sauvera cette culture en incitant les éleveurs à pratiquer la méthode du « grainage » qui consiste à isoler les femelles au moment de la ponte et à trier les œufs malades des œufs sains. Ces six années d’études et de recherche sur les vers à soie constituent une étape capitale dans la carrière scientifique de Pasteur. En effet, les découvertes relatives aux germes, les études sur les fermentations et la putréfaction l’avaient déjà conduit à la conviction que les microbes pouvaient être responsables de maladies chez les vivants mais ses travaux sur les vers à soie ont démontré définitivement que la théorie microbienne des maladies était fondée. Et l’on peut noter que c’est à partir de ce moment que Pasteur s’intéresse, de plus en plus, à l’étude des maladies animales et humaines. Dans la fièvre du travail, il s’attaquera avec succès à l’étude du choléra des poules et du charbon des moutons qui l’amèneront à poser les bases de la vaccination par germes pathogènes atténués. Il découvrira successivement le staphylocoque, cause des furoncles et de l’ostéomyélite (inflammation des os et de la moelle osseuse due au staphylocoque), le microbe de l’infection puerpérale (suite aux couches) et le pneumocoque. Pasteur atteint, ainsi, le point culminant de son œuvre. Mais, la véritable notoriété, la gloire et la reconnaissance universelle n’arriveront qu’avec la réussite de la vaccination contre la rage sur l’homme. D’abord, le 6 juillet 1885 sur Joseph Meister, un jeune alsacien mordu par un chien enragé et plus tard sur Jean-Baptiste Jupille, un petit berger de Villers-Farlay dans le Jura. Pasteur ouvrait ainsi la voie à l’immunisation et à l’immunologie ainsi qu’à l’institutionnalisation de la vaccination. Ce grand expérimentateur de laboratoire définissait ce lieu qu’il tenait pour sacré en ces termes : Prenez intérêt, je vous en conjure, à ces demeures sacrées que 1’on désigne du nom expressif de laboratoires. Demandez qu’on les multiplie et qu’on les orne : ce sont les temples de 1’avenir; de la richesse, du bien-être. C’est là que l’humanité grandit, se fortifie et devient meilleure. Elle y apprend à lire dans les œuvres de progrès et d’harmonie universelle tandis que ses œuvres à elles sont trop souvent celles de la barbarie, du fanatisme, de la destruction ».

Pasteur l’humaniste

Avant de s’éteindre à Villeneuve l’Etang, près de Paris, le 28 septembre 1895, Pasteur concentra tous ses efforts à la réalisation de ce qui fut sa dernière conquête : l’Institut Pasteur. Cet Institut s’est illustré en un siècle dans la connaissance sur le vivant et dans la lutte contre la rage, la diphtérie, le tétanos, le typhus, la tuberculose, la fièvre jaune, l’hépatite B et le SIDA. Pour mieux comprendre la valeur de l’héritage que ce savant nous a laissé, il sied de nous arrêter quelque peu sur l’origine et la nature de cet Institut. En effet, c’est le 1er mars 1886 que Pasteur, en présentant les résultats de ses travaux et de son action sur la rage à l’Académie des sciences, demande des moyens supplémentaires pour la poursuite de son œuvre en soulignant : la prophylaxie de la rage après morsure est fondée. Il y a lieu de créer un établissement vaccina1 contre la  rage. C’est ainsi que, suite à la souscription lancée par la commission mise sur pied à cet effet, un grand élan de solidarité permit de recueillir, très rapidement, l’équivalent de 52.480 millions de nouveaux francs français. Cet élan de générosité provenant de toute l’Europe et d’autres continents fut mis à profit pour l’acquisition d’un terrain de 11000 m2 afin de bâtir ce qui est devenu, aujourd’hui, l’Institut Pasteur qui est une fondation privée reconnue d’utilité publique par décret du 4 juin 1887, signé par le Président Jules Grévy et qui fut inauguré en 1888 par le Président Sadi Carnot. Selon le vœux de Pasteur, l’Institut est à la fois « un dispensaire pour le traitement de la rage, un centre de recherche pour les maladies infectieuses et un centre d’enseignement pour les études qui relèvent de la « microbie ». C’est à cette œuvre qu’il consacra les sept (7) dernières années de sa vie.

Aujourd’hui, le réseau international des Instituts Pasteur et Instituts associés couvre tous les cinq continents. Le premier Institut Pasteur, hors métropole, fut créé à Saïgon en 1891. Le plus important en Afrique est celui de Dakar qui s’est implanté en même temps que la colonisation du continent. Il convient, du reste, de souligner qu’en 1939, lorsque survint la terrible épidémie de méningite cérébro-spinale qui fit beaucoup de victimes dans tout le pays mossi (2000 décès rien qu’à Tenkodogo) une équipe de médecins venant de Dakar par avion prélevait le virus et s’en retournait préparer les doses de vaccin à l’Institut Pasteur avant de les réexpédier à Ouagadougou. Cela a permis de sauver de nombreuses vies humaines. A cette occasion, le Père Goarnisson se mit en évidence dans la lutte contre la maladie ce qui lui valut d’ailleurs une médaille des épidémies. L‘Institut Pasteur est actuellement l’un des tout premiers centres mondiaux de recherche fondamentale et appliquée en biologie. Il compte plus de 2700 salariés dont environ 1100 chercheurs rémunérés par l’Institut ou par des organismes de recherche publics auxquels s’ajoutent de nombreux stagiaires venant de plus de soixante pays. Ses recherches s’articulent autour de trois grands axes :

  • La microbiologie : étude des agents infectieux (bactérie, virus, parasites, champignons) et mise au point des tests de diagnostics et des vaccins.
  • La biologie du développement : étude de la de la différenciation cellulaire. Cette étude est essentielle dans la recherche des traitements contre le cancer et la lutte contre les maladies génétiques.
  • L’immunologie : étude des réactions de l’organisme contre les substances étrangères et notamment contre les agents infectieux.

L‘institut Pasteur, c’est aussi :

  • Un centre d’enseignement post-universitaire accueillant chaque année quelque 260 étudiants (DEA, étudiants en thèse et post-thèse).
  • Des centres de références (laboratoires d’expertise et d’excellence) et des centres collaborateurs de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
  • Un hôpital spécialisé dans les maladies infectieuses, tropicales et immunitaires, notamment en ce qui concerne le Sida.
  • Un centre de biologie médicale spécialisé.
  • Un réseau international d’Instituts Pasteur et Instituts associés (vingt trois instituts répartis sur les cinq  continents).
  • Deux musées (l’un à l’Institut Pasteur et l’autre à Marnes-la-Coquette) et une photothèque historique.
  • Un centre de documentation et une photothèque informatisée.

Son budget en 1995 s’élevait déjà à 950 millions de francs français dont 38 % constitués par les revenus de ses activités propres, 36 % sur financement de 1’Etat français et enfin 26 % provenant du mécénat et des produits du patrimoine. Après la disparition de Louis Pasteur, l’Institut a poursuivi, dans l’esprit de son créateur, sa contribution à la santé publique. C’est ainsi qu’il s’illustra :

  • En 1921 par la mise au point du B.C.G.
  • En 1922 et 1926 par les vaccins contre la diphtérie et le tétanos.
  • En 1927 par le vaccin contre la fièvre jaune.
  • En 1955 par le vaccin contre la poliomyélite.
  • En 1983 par la découverte du virus du Sida.

 

Pour en savoir plus :

-         Jaugey (Charles).- Sur les chemins de Pasteur (aquarelles et textes).- Ed.Barthélémy, 1995

-         Moreau (Richard).- Louis Pasteur : la recherche d’une voie (tome I).- Paris : Harmattan, 1995

-         Valéry-Radeau (Maurice).- Pasteur.- Ed. Perrin, 1994

-         Latour (Bruno).- Pasteur, une science, un stylo, un siècle (l’album officiel du centenaire).- Ed. Perrin/Institut Pasteur, 1994

-         CNRS – Zulma.- Pasteur, cahiers d’un savant.- Ed. CNRS/Zulma

 



02/12/2011
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