Conscience Nègre

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POLITIQUE

Un prof chinois : « Les étudiantes en France reviennent délurées »

Par Pierre Haski

 

 

Les étudiantes chinoises en France perdent tout sens de la morale et reviennent en Chine délurées : c'est le point de vue exprimé en cours par un professeur d'un institut de droit dépendant du ministère de la Justice à Pékin, mettant le feu au web chinois, et suscitant des réactions scandalisées.

L'affaire a même été relayée par le Global Times, un quotidien anglophone édité par le Parti communiste chinois, et qui exprime généralement un point de vue ultranationaliste. Zhang Haixa, ce jeune maître auxiliaire, ne savait sans doute pas qu'il était filmé lorsqu'il a tenu ces propos scandaleux. Il s'est retrouvé sur les réseaux sociaux chinois, relayé par plusieurs autres professeurs qui ont dénoncé sa sortie. (Voir la vidéo en chinois)

Le jeune enseignant a utilisé une comparaison historique que tous les Chinois connaissent : « Toutes les étudiantes chinoises rentrées de France sont pourries jusqu'à la moelle. Elles sont toutes super-Pan Jinlian ».

Pan Jinlian est un personnage d'un des grands romans classiques de la littérature chinoise, « Au bord de l'eau », qui date du début du XVIe siècle. Elle est devenue le symbole de la prostitution et de l'absence de morale, même si les historiens chinois ont commencé à réviser ce jugement. Traiter une jeune fille de « Super Pan Jinlian » est donc une insulte absolue… Le professeur a souligné que la France était un « pays romantique », cliché très répandu en Chine, et a expliqué que les étudiantes revenaient avec des pulsions sexuelles qu'il a comparées aux « vagues du Yangtze », le grand fleuve chinois dont la puissance fut vantée par Mao dans un poème !

« Dix amants en France »

Pour appuyer son propos, Zhang Haixa a raconté une anecdote qui se voulait édifiante : « Je connais un couple dont la fille avait épousé un Chinois qu'ils méprisaient à cause de sa condition sociale et financière. Ils refusaient d'autoriser leur gendre à leur rendre visite.

Puis, leur fille est allée faire ses études en France. Dès son retour en Chine, elle a divorcé. Ce couple a applaudi pour la soutenir. Mais peu après, ils se sont retrouvés dans une situation embarrassante, car leur fille avait une relation avec quatre hommes en même temps. De plus, des hommes à la peau soit blanche, soit noire, mais pas jaune ! Ils ont ensuite appris que leur fille avait eu dix amants pendant son séjour en France et qu'elle avait subi plusieurs avortements. »

Ces propos outranciers et caricaturaux ont valu à ce jeune enseignant une polémique qu'il n'oubliera pas de sitôt. La vidéo postée sur un site de partage chinois a été relayée par plusieurs universitaires connus, dont le sociologue Yu Jianrong, de l'Académie chinoise des Sciences sociales, bien connu dans les milieux libéraux, accompagnée de commentaires méprisants.

L'enseignant mis en cause a protesté contre l'attitude de ses colègues, et les a menacés de poursuites pour avoir diffusé des propos tenus dans un cercle restreint. L'affaire a pris des allures de guerre de clans, entre libéraux favorables à l'ouverture au monde, et nationalistes, prompts à dénigrer le monde occidental. Elle est aussi révélatrice des fantasmes chinois sur le sexe, sur la France…

Les étudiantes « blessées »

Mises en accusation, des étudiantes chinoises en France ont répondu sur les réseaux sociaux chinois comme Weibo, le « Twitter chinois », pour rejeter ces accusations infâmantes. L'une d'elles, étudiante à Grenoble, citée par le Global Times, se dit « blessée » par les propos du professeur, décrits comme « pure bullshit » (de la pure connerie). Elle parle de sa vie d'étudiante « normale », étudiant durement et travaillant à temps partiel pour gagner son argent de poche. Plusieurs milliers d'étudiants chinois sont actuellement en France, répartis dans une trentaine d'universités et écoles.

Photo : des danseuses de French Cancan devant le Moulin Rouge à Paris, le 16 mars 2011 (Jacky Naegelen/Reuters).

 

Massacre de Noirs par les « rebelles démocrates » - Investig’Action avait rencontré les victimes
Investig’Action

MICHEL COLLON

The Associated Press a annoncé froidement le massacre d'un groupe de personnes noires installées dans un campement en face de la résidence présidentielle libyenne. Des dizaines de corps sans vie ont été retrouvés avec les mains attachées dans le dos. L'agence précise que ce n'étaient pas des combattants. Michel Collon et la délégation qui s'étaient rendus sur place au mois de juillet avaient rencontré ces hommes qui aimaient la Libye.

“J’ai rencontré ces personnes lors de ma mission à Tripoli. J’ai pu converser avec certains. Ce n’étaient nullement des “mercenaires” comme nous le prétendent les “rebelles” et les médias. Les uns étaient des Libyens à la peau noire (une grande partie de la population est de type africain en fait), les autres étaient des civils venus de pays d’Afrique noire et séjournaient en Libye depuis longtemps. Tous soutenaient Kadhafi justement parce qu’il s’opposait au racisme et qu’il traitait Arabes et Africains sur pied d’égalité. Au contraire des “rebelles” de Benghazi, connus pour leur racisme anti-Noirs et qui se sont rendus coupables d’atrocités épouvantables et systématiques dès les premiers jours de guerre. Le paradoxe, c’est que l’Otan prétend apporter la démocratie et qu’il s’allie à une section libyenne d’al Qaeda et à des racistes du type Ku Klux Klan !"

Toute l'équipe d'Investig'Action est bouleversée par cette triste nouvelle.

 


 

Simon de Beer membre d'Investig'Action dans le campement

 Simon de Beer, historien, membre d'Investig'Action : "Des milliers d'Africains noirs vivent en Libye. J'ai eu l'occasion de discuter avec beaucoup d'entre eux, notamment au campement de Bab al-Aziziya. La plupart voient en Kadhafi un des pères de l'Afrique. Ils n'hésitent pas à le comparer à Lumumba et Sankara. Cela peut sembler étonnant vu de l'étranger, mais il ne faut jamais oublier que, dans le plus pauvre des continents, la Libye fait figure d'exception : l'espérance de vie y est de 75 ans ; l'eau, l'électricité, les soins de santé et l'enseignement y sont gratuits ; un plein y coûte à peine plus d'un euro... C'est pourquoi des millions d'Africains soutiennent largement Kadhafi. J'ai été bouleversé d'apprendre la mort brutale de ceux qui, en signe de solidarité au régime, campaient pacifiquement devant la résidence de Kadhafi. Leur assassinat est un acte barbare et gratuit. Comment peut-on encore oser qualifier les rebelles de forces « démocratiques » ?  


Tony Busselen, journaliste à, l'hebdomadaire Solidaire, participait à la même mission, il y a quelques semaines :  « Nos photos montrent que ces gens étaient des civils sans armes, il y avait même beaucoup de femmes et d'enfants. Je leur ai parlé, ils étaient très mobilisés contre la guerre et ils ne comprenaient pas ce que l'Europe voulait. Ils me disaient : “Mais ici, c’est un pays qui marche, les réalisations sont bien mieux qu’en Afrique, c’est très bon pour nous, et l’Europe vient bombarder ! C’est incompréhensible. ” Ils étaient très motivés pour défendre la Libye car ils pouvaient comparer avec leur pays d’origine. C’est vraiment barbare qu’on massacre ces gens désarmés en leur attachant les mains dans le dos, c’étaient de simples gens, des travailleurs venus spontanément défendre leur nouvelle patrie. C’est vraiment la terreur et j’ai vu des photos des mêmes actes commis à Benghazi par les “rebelles” qui pratiquement vraiment la terreur. Alors, quand je vois à Tripoli des gens qui “applaudissent” les rebelles, je me dis qu’ils sont terrorisés tout simplement. L’Otan apporte la terreur ».

 

 

Un mercenaire ?

 

 

 

Où sont maintenant ces femmes et ces enfants ?


 Ilse Grieten (INTAL) : « Quand je vois ça, je ne parviens pas à y croire. Nous avions déjà entendu tellement de récits d’atrocités, commises par les rebelles, et ce sont ces gens-là que nous soutenons et armons !? Je suis furieuse, encore une fois, et chaque jour ! Ces gens sont si honnêtes, des centaines représentant tant de pays africains, tous dans et autour de leurs tentes, depuis des mois, convaincus qu’il faut soutenir Kadhafi et la Libye comme un exemple pour l’Afrique. Je les entends encore nous dire : “La Libye est la mère de l’Afrique”. Ils nous montraient concrètement l’unité africaine. Ils voulaient tous prendre la parole pour nous faire comprendre qu’il s’agissait d’une attaque contre l’Afrique et ses matières premières. La Libye, c’est la porte de l’Afrique. J’espère que leur voix sera enfin entendue. Pourquoi l’Otan et les rebelles ont-ils refusé cette proposition de paix de l’Union africaine (53 pays) ? Pourquoi n’en avons-nous jamais entendu parler ici ? Pour eux, Kadhafi est un symbole de l’unité africaine, l’homme qui protège son pillage contre le pillage néocolonial. L’homme qui a plus fait pour l’Afrique que leurs propres, dirigeants ».

Captures d'écran d'une vidéo de Reuters qui ose dire qu'on ne sait pas encore qui a perpétré ce massacre.

 

 

 

 

 

Les photos suivantes proviennent d'un compte Facebook de partisans du CNT. Les lieux et dates sont difficilement définissables. Mais ce qui est certain, c'est que les hommes arrêtés ne sont pas des combattants et sont menacés, voire déjà assassinés au moment où nous publions ces photos. Tout cela grâce à l'ONU, l'OTAN, les élus européens et leur sinistre envoyé spécial Bernard-Henri Levy sous le prétexte de protéger les population et instaurer la démocratie.

 

 

 

Comment tenir une arme avec un bras dans le platre ?

 

 Légitimation du massacre par Le Figaro :

 


 

 



Photographie prise à Benghazi par Pierre Piccinin


 

 

 

 

 

 

 

 

DEFAITE DE L’OCCIDENT EN LIBYE ET SON DECLIN IDEOLOGIQUE

 

Lorsque le 19/03/2011 la France a largué sur Tripoli ses premières bombes, plusieurs éléments concordants étaient réunis pour affirmer qu’il s’agissait d’un vrai suicide politique de l’Occident

 De Jean-Paul Pougala

Jean-Paul Pougala est un écrivain Camerounais, Il enseigne géopolitique à l’Université de la Diplomatie de Genève en Suisse.

Lorsque le 19/03/2011 la France a largué sur Tripoli ses premières bombes, plusieurs éléments concordants étaient réunis pour affirmer qu’il s’agissait d’un vrai suicide politique de l’Occident.

Tout d’abord parce que le mensonge derrière le prétexte de déclarer la guerre contre la Libye était gros comme un éléphant. Ensuite parce que l’Occident n’a pas les moyens financiers pour déclarer la guerre à la planète et le pire est que ses dirigeants l’ignorent encore. On passe ainsi très facilement de l’usure de la crédibilité de l’Occident au ridicule devant les nouveaux pays émergents qui ont déjà pris le flambeau du relai de la leadership mondiale.

Lorsqu’on accumule les mensonges à Paris, à Londres et à Washington sur la guerre en Libye, se demande-t-on un seul instant quel est l’impact dévastateur de ces contrevérités sur le plan de l’image et de la crédibilité de l’Occident à Moscou, à Pékin ou à Brasilia ?

Lorsque le 28/07/2011, plus de 4 mois après le "hold-up" manqué sur la Libye, Paris et Londres répètent une opération déjà expérimentée dans la crise ivoirienne de récupérer les Ambassades de Libye pour les faire occuper par des prétendus "Représentants de la Rébellion Libyenne", n’est-ce pas là, la preuve même du désarrois d’une classe politique sans cap ?

Une navigation à vue de toute une génération de leaders politiques sans idéal et sans idée novatrice, plus occupée à multiplier les manœuvres de diversion pour cacher son incapacité profonde à anticiper et apporter des éléments de réponse à l’angoisse et la détresse de toute une population qui ne sait plus à quelle sauce elle sera mangée en ce 21ème siècle avec des leaders politiques inadaptés et pratiquant des recettes dépassées, de Varsovie à Washington en passant par Londres, Rome et Paris.

L’occupation de l’Ambassade de Libye à Paris et à Londres est un acte déraisonné de violence diplomatique qui met à nu l’affolement soudain de ceux qui portent la responsabilité de cette guerre inutile et nous amène à nous poser une question qu’en ce moment on se pose certainement à Paris et à Londres : y a-t-il un moyen de perdre une guerre sans perdre la face ? La réponse est NON.

Le Dr Moussa Ibrahim, porte parole du gouvernement Libyen a une constance dans ses conférences de presses. Et sur ce point on peut lui donner raison qu’en Libye l’Occident fait la guerre selon le calendrier, selon le tempo, d’après le cahier de charges des autorités libyennes et non l’inverse. Le Dr. Moussa a toujours dit depuis sa première conférence du mois de Mars 2011 que la guerre était faite pour durer, parce que la Libye s’attendait un jour ou l’autre à être envahie et donc, avait organisé le système de défense du pays, non pas sur une armée de type classique, mais clanique.

Et le moins que l’on puisse dire est que de tous les acteurs en présence dans la fameuse caverne de Platon, c’est l’Occident qui, entrée en guerre sans préparation sur la base des informations erronées a multiplié les égarements comme les massacres des enfants Libyens, en pêchant dans les eaux territoriales libyennes en pleine guerre, en piratant un bateau pétrolier libyen le 4/08/2011 en haute mer et reconduit au port de Benghazi, exactement comme les pirates Somaliens ; l’Occident est ce prisonnier resté dans la caverne, qui n’a jamais vu le jour et prête à sa propre ombre projetée sur le mur grâce à la lumière d’un monde plus global, une réalité que ces ombres n’ont pas.

Et ceci n’arrive que lorsqu’à faire la politique dans un pays ou un continent, il n’y a plus de savant au vrai sens Platonicien du terme. Les Libyens au contraire, même sous les pluies de bombes de l’Occident ont réussi leur ascension dialectique pour se hisser hors de la même caverne, souffrant au passage de l’éblouissement du soleil qu’ils on eu le courage de regarder en face pour sortir de ces ténèbres.

Et les résultats ne se sont pas fait attendre : pendant que dans le camp d’en face c’est le sauve qui peut à Benghazi, avec à ce 6 août 2011 la majorité des membres du CNT qui ont fui Benghazi vers la Turquie, après avoir massacré 120 civils qui voulaient juste se dissocier d’eux pour retourner avec Kadhafi, dans l’autre camp à Tripoli au contraire, on a vu par exemple 10.000 volontaires rejoindre le rang de l’armée Libyenne en 3 jours, après que l’Occident avait annoncé l’imminence de la prise de Tripoli par les rebelles, de l’intox, bien entendu, mais qui a été un boomerang et au lieu des désertions attendues des militaires, ce sont des civils qui se sont offerts à l’armée, comme instinct de résistance des peuples face à l’agression externe.

Vues les expériences afghanes et irakiennes et vu le contenu de la résolution 1973 de l’ONU qui interdisait l’occupation du sol et compte tenu de la situation tribale libyenne, comment l’Occident a-t-il pensé de s’en sortir sans se ridiculiser aux yeux de la planète Terre en annonçant au monde que le succès ou l’échec pour eux de cette guerre se résumait en la mort ou la vie du Guide Libyen ?

Comme sur un jeu vidéo, un chasseur quitte l’Europe, parcourt 1.000 km pour aller larguer une bombe qui coûte 300.000 € sur une cible où des indicateurs américains croient avoir vu la silhouette qui ressemblerait à celle du Guide Libyen.

Raté ! c’était un hôpital pour enfants.

Et le pire dans tout cela et qui nous prouve que l’avion Occident (pris dans un tourbillon de crise financière aiguë sans véritable voie de sortie), n’a aucun pilote à bord, est cette unanimité du soutien de la classe médiatico-politique européenne de l’extrême-droite à l’extrême-gauche pour une guerre où même les enfants de maternelle sont capables de prédire qu’ils n’ont aucune chance de remporter, parce que l’homme dont on veut la mort est aimé et porté par tout son peuple.

Si la démocratie avait un sens, ce n’est pas à Kadhafi et au peuple libyen que l’Occident aurait dû s’en prendre. Comme sur un jeu vidéo, un chasseur quitte l’Europe, parcourt 1.000 km pour aller larguer une bombe qui coûte 300.000 € sur une cible où des indicateurs américains croient avoir vu la silhouette qui ressemblerait à celle du Guide Libyen.

Raté ! c’était un hôpital pour enfants. Et cette petite partie de jeu-vidéo vient de coûter la vie à 38 enfants Libyens. Le pilote peut retourner à sa base, fier d’avoir accompli sa mission. Bravo ! Bravo pour le parlement français qui à l’unanimité a applaudi cette forme de barbarie car lorsqu’il s’agit du gâteau Afrique, en France comme en Grande Bretagne, il n’existe plus de droite ou de gauche, il n’existe ni UMP, ni PS, il existe l’APU, l’Association des Prédateurs Unifiés ; sauf qu’au 21ème siècle, on a oublié de les réveiller de leur long sommeil colonial pour leur expliquer que le monde a changé et que la jeunesse africaine très politisée et immunisée contre le sommeil dogmatique de la religion, ne se fera pas avoir comme leurs parents.

Dans le double attentat d’ Oslo et Utoya en Norvège, avec la mort de 70 adolescents innocents qui militaient juste pour un monde meilleur, un monde de compréhension et respect mutuel, l’Euro-député Italien Mario Borghezio vient d’exprimer sa solidarité pour le tueur Anders Breivik sans que cela suscite la moindre indignation au sein de l’Union Européenne. Une union très active pour désigner les méchants africains dès lors qu’ils démontrent le refus de la soumission de leurs pays.

Aujourd’hui, un Euro-député peut se réjouir de la mort de dizaines d’enfants Européens (Norvégiens) sans que cela émeuve l’Union Européenne qui officiellement tient tellement à cœur le sort des citoyens Libyens. Pour comprendre le degré de l’évolution du déclin de l’Occident, pour comparaison, en l’an 2.000, Vienne avait subi des sanctions diplomatiques, comme protestations européennes contre l’alliance entre les conservateurs Autrichiens de Wolfgang Schüssel et le FPO, parti d’extrême droite alors dirigé par le sulfureux Jörg Haider.

En 2000, sur les 15 pays de l’Union européenne d’alors, 13 étaient gouvernés par les partis de gauches. Aujourd’hui, les 27 pays sont dirigés presque tous par des partis de droite et extrême-droite qui ont fait de la haine des Non-Blancs, le point central de leur programme politique et donc, le thème principal même de leurs campagnes électorales.

Avec au final qu’aujourd’hui, l’Union européenne est la personnalisation des idées d’ Anders Breivik, c’est-à-dire de la haine vers ceux qui ne sont pas Blancs, tous ceux qui ne sont pas d’origine Européenne. Le dédain et le mépris avec lequel ils se sont comportés en Côte d’Ivoire hier en humiliant un président démocratiquement élu pour le remplacer par un homme retenu docile et en Libye aujourd’hui en décrétant qu’un Président doit quitter son pays avec toute sa famille, nous démontrent combien ils nous détestent, nous Africains.

Pourquoi n’ont-ils pas la même hargne contre la Syrie, contre le Myanmar où une candidate qui a gagné des élections, a été emprisonnée, où des moines ont été assassinés sans que le TPI s’en émeuve outre mesure. Comme ils nous détestent ! L’Europe toute entière est entrée en crise pour la venue de quelques centaines de réfugiés Tunisiens sur leur sol alors que la même Tunisie accueillait en silence 1 million de réfugiés venus de Libye à cause de la guerre créée par ces mêmes Européens contre la Libye.

Encore plus surprenant dans tout cela : Comment expliquer que des leaders politiques Européens que j’appelle SUPER-MENTEURS décident impunément de venir nous bombarder, de faire des rencontres hors d’Afrique pour décider de notre avenir, pour décider de notre destin sans qu’il y ait une vague de protestation de la part des chefs d’États Africains qui eux-mêmes ne comprennent toujours pas qu’ils n’ont plus à avoir peur, parce que l’occident fou furieux n’a plus les moyens de mener la moindre pression sur qui que ce soit en Afrique. Parce que l’emprise coloniale de l’Occident sur l’Afrique, c’est fini.

Comme l’avait prédit Adam Smith, lorsque pendant trop longtemps on a été habitué aux avantages non dus, on se crée une normalité qui n’est au fait qu’artificielle. Et le jour où ceux qui par ignorance et naïveté renonçaient à leurs droits et à leurs avantages pour permettre cette situation artificielle vont sortir de leur ignorance, ce sera dur, très dur pour ces pays qui avaient construit leur normalité sur la misère des autres. Et ce ne sera pas la guerre contre la Libye qui changera la rapidité de ce déclin, de cette douce descente vers l’enfer économique.


Pourquoi l’Europe s’acharne en Libye ?

par starninja

OU VA LE MONDE ?

Les maîtres à penser, de la renaissance européenne à Sartre, ont disparu mais n’ont pas été remplacés. Aujourd’hui, les philosophes Européens ne sont plus des maîtres à penser, mais des maîtres à plagier, à la Botul.

La pensée devant servir à gouverner le monde multipolaire du troisième millénaire est peut-être à réinventer. Mais comment y parvenir lorsque la métastase de l’argent a envahi et pollué tout l’occident ? Si l’occident qui a mis 3 siècles pour inventer et développer l’humanisme y a échoué, pourquoi la Chine ou le Brésil pourraient-il faire mieux ? L’avenir nous le dira.

Mais ce que je constate et qui me rassure, c’est qu’en Chine la philosophie a encore un sens, là-bas, ce ne sont pas les politiciens au service des Multinationales comme en Occident, mais les Multinationales au service de l’Etat.

Les leaders semblent avoir un minimum d’éthique en politique ; c’est le Confucianisme qui y est appliqué dans la conception même de la politique à la place des bombes de l’OTAN pour soutirer quelques gouttes de pétrole en Afrique. Les autorités chinoises sont fières d’annoncer que leur politique étrangère suit les principes d’un disciple de Confucius, du nom de Mo Tseu, celui même qui a créé le concept de l’Amour Universel. Mo Tseu qui est né en 479 et mort en 381 avant l’ère chrétienne, soutient que lorsqu’on aime trop sa famille, on est porté à commettre des cambriolages contre ses voisins et lorsqu’on aime trop son pays et rien que son pays, on est porté à déclarer la guerre d’une main légère aux autres pays. Mo Tseu soutenait il y a 23 siècles que ceux qui veulent régler les problèmes humains avec la guerre sont des fous dont il faut se méfier sérieusement si on ne veut pas courir vers une véritable catastrophe de l’humanité entière.

La crise de l’occident se traduit donc par le manque de penseurs, manque de savants, manque de guides, manque d’intellectuels engagés. L’argent roi a tout ravagé sur son passage. Les Occidentaux sont devenus ce que la philosophe Jacqueline Russ a désigné avec le terme de « Nomades Culturels », car ils ne savent plus où ils vont, encore moins où ils vont dormir demain.

C’est une navigation à vue sur tous les sujets. Les décisions lourdes sont de type épidermique comme l’entrée en guerre en Libye. Dans le siècle des Lumières ce sont les philosophes Européens qui dénonçaient leurs gouvernants de banditisme d’état.

Aujourd’hui, ce sont les philosophes Français, Italiens, Britanniques qui incitent à entrer en guerre en Lybie parce qu’il y a un gain matériel à y soutirer. Ces philosophes et humanistes occidentaux sont si exigeants pour le respect des droits des humains en Libye mais ils sont complètement amnésiques sur la situation en Syrie, au Yémen, en Birmanie, en Corée du Nord, parce qu’il n’y a rien à y retirer.

Aujourd’hui, c’est la gauche politique européenne prétendument progressiste qui incite à utiliser les armes pour aller plier la volonté de résistance des plus faibles du monde pour leur imposer la pensée unique du servilisme international en vigueur.

Comment auraient réagi les intellectuels européens, les "vrais savants" il y a 150 ans face à l’agression en cours contre le peuple Libyen ?

La réponse nous vient de la très belle lettre que Victor Hugo écrit en 1861 pour dénoncer l’autre agression faite par les mêmes, la France et la Grande Bretagne contre la Chine et plus exactement dans le pillage du célèbre Palais d’été de Pékin.

Hugo écrit au capitaine de Napoléon responsable de cette expédition, le Capitaine Butler pour se dissocier de ce prétendu trophée de la victoire de la France de Napoléon sur la Chine sans défense. Il écrit :

Hauteville House, 25 novembre 1861

(…) Imaginez on ne sait quelle construction inexprimable, quelque chose comme un édifice lunaire, et vous aurez le Palais d’été. Bâtissez un songe avec du marbre, du jade, du bronze, de la porcelaine, charpentez-le en bois de cèdre, couvrez-le de pierreries, drapez-le de soie, faites-le ici sanctuaire, là harem, là citadelle, mettez-y des dieux, mettez-y des monstres, vernissez-le, émaillez-le, dorez-le, fardez-le, faites construire par des architectes qui soient des poètes les mille et un rêves des mille et une nuits, ajoutez des jardins, des bassins, des jaillissements d’eau et d’écume, des cygnes, des ibis, des paons, supposez en un mot une sorte d’éblouissante caverne de la fantaisie humaine ayant une figure de temple et de palais, c’était là ce monument. Il avait fallu, pour le créer, le lent travail de deux générations.

Cet édifice, qui avait l’énormité d’une ville, avait été bâti par les siècles, pour qui ? Pour les peuples. Car ce que fait le temps appartient à l’homme. Les artistes, les poètes, les philosophes, connaissaient le Palais d’été ; Voltaire en parle.

On disait : le Parthénon en Grèce, les Pyramides en Egypte, le Colisée à Rome, Notre-Dame à Paris, le Palais d’été en Orient. Si on ne le voyait pas, on le rêvait. C’était une sorte d’effrayant chef-d’œuvre inconnu entrevu au loin dans on ne sait quel crépuscule, comme une silhouette de la civilisation d’Asie sur l’horizon de la civilisation d’Europe.

Cette merveille a disparu.

Un jour, deux bandits sont entrés dans le Palais d’été. L’un a pillé, l’autre a incendié.

La victoire peut être une voleuse, à ce qu’il paraît. Une dévastation en grand du Palais d’été s’est faite de compte à demi entre les deux vainqueurs. On voit mêlé à tout cela le nom d’Elgin, qui a la propriété fatale de rappeler le Parthénon.

Ce qu’on avait fait au Parthénon, on l’a fait au Palais d’été, plus complètement et mieux, de manière à ne rien laisser. Tous les trésors de toutes nos cathédrales réunies n’égaleraient pas ce splendide et formidable musée de l’orient. Il n’y avait pas seulement là des chefs-d’œuvre d’art, il y avait un entassement d’orfèvreries. Grand exploit, bonne aubaine.

L’un des deux vainqueurs a empli ses poches, ce que voyant, l’autre a empli ses coffres ; et l’on est revenu en Europe, bras dessus, bras dessous, en riant. Telle est l’histoire des deux bandits.

Nous, Européens, nous sommes les civilisés, et pour nous, les Chinois sont les barbares. Voila ce que la civilisation a fait à la barbarie.

Devant l’histoire, l’un des deux bandits s’appellera la France, l’autre s’appellera l’Angleterre. Mais je proteste, et je vous remercie de m’en donner l’occasion ; les crimes de ceux qui mènent ne sont pas la faute de ceux qui sont menés ; les gouvernements sont quelquefois des bandits, les peuples jamais.

L’empire français a empoché la moitié de cette victoire et il étale aujourd’hui avec une sorte de naïveté de propriétaire, le splendide bric-à-brac du Palais d’été.

J’espère qu’un jour viendra où la France, délivrée et nettoyée, renverra ce butin à la Chine spoliée.

En attendant, il y a un vol et deux voleurs, je le constate.

Telle est, monsieur, la quantité d’approbation que je donne à l’expédition de Chine.

Victor Hugo »

L’expérience dramatique de l’échec de l’Occident dans la guerre du Biafra doit lui enseigner de savoir perdre une guerre pour ne pas faire des victimes inutiles. Tuer les fils et petits-fils de Kadhafi jusqu’à exterminer toute la famille ne fera pas perdre la face à des politiciens occidentaux incompétents et sans vision pour l’avenir qui ont démarré une sale guerre qui ne devait pas l’être. Et la complicité et le silence des intellectuels Européens devant les atrocités de leurs dirigeants politiques en Côte d’Ivoire hier et en Libye aujourd’hui doit alerter sur ce qu’est devenue l’Europe aux yeux du monde.

Vu sur http://www.pougala.org/

 

La princesse ougandaise de Kadhafi

Avant sa chute, le désormais ex-Guide libyen pouvait compter sur une très chère amie en Afrique: la reine mère du royaume du Toro, Best Kemigisa

 

 

Best Kemigisa, reine mère du royaume du Toro, à Fort Portal. Reuters/James Akena


Pour la reine mère du Royaume du Toro, rien n’est plus important que l’amitié. Surtout en cas de coups durs. «Je suis extrêmement loyale, souligne Best Kemigisa. C’est lorsqu’ils ont besoin de vous qu’il faut savoir se distinguer auprès de ses amis.»

Depuis le début de la révolution libyenne, de sa résidence de Fort Portal, au sud-ouest de l’Ouganda, Best Kemigisa, 44 ans, qui est aussi secrétaire générale du Forum des chefs traditionnels africains, ne cesse d’activer ses réseaux nobiliaires afin d’aider son ami, le Guide libyen, «si généreux avec la population du royaume du Toro». Grâce au roi zoulou Goodwill Zwelithini, son message a été transmis au président sud-africain Jacob Zuma: il faut soutenir Kadhafi, le seul à pouvoir «résoudre sans bain de sang la crise».

Le président sud-africain est chargé avec quatre autres chefs d’Etat par l’Union africaine de garder le contact avec le dictateur de Tripoli. «Il faut une action urgente pour une solution africaine à la crise gravissime que traverse ce pays frère», expliquait, le 20 mars 2011, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, numéro un de ce panel.

Un roi de 18 ans

Best Kemigisa est la mère du roi Oyo Nyimba Kabamba Iguru Rukidi IV, 18 ans, plus jeune souverain régnant au monde. Sa dynastie, celle des Babiito, remonte au XIVe siècle. Le Royaume du Toro a été fondé en 1830. Bananeraies et plantations de thé: les 2 millions de sujets vivent majoritairement de l’agriculture, au pied de la chaîne du Ruwenzori, le long de la frontière avec la République démocratique du Congo.

Jusqu’à la fin du XXe siècle, exceptés les va-et-vient prédateurs des forces militaires ougandaises dans la «guerre mondiale des Grands Lacs», le royaume était peu coutumier des affaires internationales, particulièrement celles de la Grande Jamahiriya libyenne. C’était avant que le Guide ne découvre les traditions du Toro, en mai 2001, à Kampala, lors de la cérémonie de réinvestiture du président sortant Yoweri Museveni.

La Perle de l’Afrique

Best Kemigisa y assiste. Kadhafi fréquente la «Perle de l’Afrique», comme la surnommait Churchill, depuis les années Idi Amin Dada, le dictateur qui a régné sur l’Ouganda de 1971 à 1979. Cette fois-ci, il en repart «remué», confie un photographe couvrant les cercles du pouvoir. «Le royaume du Toro, c’était l’Ifrikiya, l’Afrique, telle qu’il la rêvait. Avec une reine-veuve depuis 1995...»

Un mois après, Best Kemigisa est invitée à Tripoli en compagnie de son jeune fils. Puis c’est au tour de Kadhafi de revenir. Oyo célèbre le sixième anniversaire de son couronnement. Il a 9 ans. Le séculaire protocole de Fort Portal stupéfie le Guide. C’est l’Afrique éternelle de ses fantasmes. Présentation de la hache royale. Traite des vaches par le clan de la cour, spécialement dédié à cette fonction. On pare Kadhafi de la tenue traditionnelle du Toro. On lui offre lance et bouclier. Suprême honneur. Il est fait dignitaire du titre de «défendeur du royaume du Toro». «Il s’y croyait», poursuit le photographe.

La grande générosité de Kadhafi

L’homme de Syrte ne perd pas la tête. Il n’a pas oublié son carnet de chèques. La sœur du jeune roi Oyo, Ruth Nsemere Komuntale, quitte l’école primaire Aga Khan de Kampala pour finir sa scolarité à Tripoli. Au jeune souverain, on promet la prise en compte de toutes ses dépenses jusqu’à sa majorité. 200.000 dollars sont investis dans la rénovation du palais de Fort Portal qui garde les stigmates de la colère de la soldatesque d’Idi Amin Dada.

Ce «parrainage» tombe à point nommé: les finances du royaume, vivant des revenus tirés de ses terres coutumières et des maigres subventions versées par l’Etat central, sont alors au plus bas. Des huissiers menacent même de saisir la Mercedes officielle. Kadhafi se montre généreux: plus de 4 millions de dollars vont être versés à la famille régnante.

Les années 2000 passent. Toro, mais aussi Busoga, Bunyoro et Buganda: Kadhafi flambe, accordant maintenant ses largesses aux quatre royaumes historiques du pays. Jusqu’alors, Museveni s’est accommodé des frasques de son ami libyen. L’argent du Guide a financé ses campagnes de réélection et surtout fluidifié le vaste programme de privatisation ougandais mis en place pour satisfaire les institutions financières internationales.

Le fonds souverain du Lybian Investment Portfolio a investi 375 millions de dollars dans les services (Uganda Telecom, Lake Victoria Hotel) et les infrastructures du pays, classant Tripoli au second rang des investisseurs directs étrangers en Ouganda après Londres. Kadhafi a aussi fait bâtir à Kampala l’une des plus grandes mosquées du continent africain, inaugurée en mars 2008.

De son côté, Museveni a relayé les messages de Tripoli auprès de la diplomatie américaine avant que la Libye ne redevienne officiellement fréquentable. Mais Kadhafi s’implique désormais d’un peu trop près dans les affaires royales du pays, surtout au Toro.

Une baronnie libyenne

Le petit royaume commence à ressembler à une baronnie libyenne. Ses sujets s’interrogent. Best Kemigisa aurait-elle été abusée par Kadhafi? La reine mère multiplie les villégiatures sur les bords de la Méditerranée. Pendant ce temps, Kadhafi conseille le fils, adolescent fan de Jay Z et de Twilight.

En février 2009, les tabloïds ougandais entament leur campagne de dénigrement. Le notoire hebdomadaire Red Pepper (qui sera à l’origine, également, des violentes campagnes homophobes dans le pays) y va franco: le Guide a une relation amoureuse avec la reine mère du Toro. Gadafi Toro Queen In Love! L’ambassadeur libyen en poste à Kampala s’insurge contre cette diffamation. Mais la meute est déchaînée. Les rumeurs s’emparent de Kampala. Kadhafi aurait acheté un jet à la reine mère du Toro; Kadhafi serait derrière les émeutes de septembre 2009, menées par les partisans du Kabaka du Buganda; Kadhafi envisagerait d’avoir un enfant.

En octobre 2009, le Libyen, alors président en exercice de l’Union africaine, boude un sommet organisé à Kampala en faveur des réfugiés. En juillet 2010, la relation Ouganda-Libye tourne à l’aigre: lors du sommet de l’UA, organisé à Kampala, les protections rapprochées de Kadhafi et de Museveni manquent de se tirer dessus.

«Il va sans dire, souligne un journaliste au quotidien New Vision, que le cas Best Kemigisa a largement contribué à tendre les relations entre ses deux protecteurs, déjà à cran sur la question des Etats-Unis d’Afrique proposée par le Guide. Pour Museveni, Kadhafi s’ingérait dans les affaires intérieures du pays et surtout marchait sur sa plate-bande —les royaumes— en utilisant comme cheval de Troie le forum des chefs traditionnels africains. Or c’est une question sensible en Ouganda.»

Les frasques familiales

Best Kemigisa a de qui tenir. Au milieu des années 70, la tante de son fils, Princesse Elizabeth Bagaya, tapait déjà dans l’œil d’un tyran: Idi Amin Dada. Elizabeth Bagaya avait été nommée par ce dernier ministre des Affaires étrangères avant que le «vice-roi d’Ecosse» ne l’accuse, en novembre 1974, d’avoir couché avec un diplomate occidental dans les toilettes de l’aéroport d’Orly. Bagaya, qui sera la première Africaine à rentrer au barreau britannique, dut fuir la dictature pour échapper à la vengeance. «La dame chassée du ministère un jour aux toilettes d’Orly», comme le chantait en 1975 l’obscur groupe psyché-pop The Maclows, est toujours de ce monde. Elle représente la haute commission de l’Ouganda auprès du Nigeria, à Abuja.

Pendant ce temps, à Fort Portal, Best Kemigisa continue sur sa ligne: «On ne peut pas détourner le regard quand il a besoin de votre aide.» L’amitié, vraiment? A moins que ce soit l’amour qui aveugle? Quelques heures avant le vote de la résolution 1973 à l’ONU, Best appelait les autres dirigeants traditionnels à soutenir Kadhafi, confronté à des «mercenaires» soutenus par des «puissances étrangères».

Entre Kadhafi, folle du désert et fan de flamenco, et la reine du Toro, il y a sans doute une relation olé-olé. En tout cas, avec l’Ouganda, c’est for the Best (Kemigisa) and the Worst...

Alain Vicky

 

Libye : la Fiat 500 de Kadhafi

Par Armin Arefi

 


 

© Sergey Ponomarev / Sipa


Si les rebelles libyens n'ont pas mis la main sur le Guide, ils ont découvert dans sa résidence une voiture révolutionnaire. La Fiat 500 du Guide libyen est électrique et lui a coûté la bagatelle de 200 000 euros.

C'est une étrange découverte qu'ont faite les rebelles libyens en pénétrant dans le palais de Muammar Kadhafi. Si, à leur grand dam, ils n'ont pas réussi à mettre la main sur le Guide , ils ont en tout cas retrouvé sa voiture. Mais on est loin de sa Jeep crème ¼ qui lui a permis de prendre le pouvoir il y a 42 ans, encore plus de la Lamborghini que son fils Hannibal avait conduite à contre-sens sur les Champs-Élysées. Non, il s'agit d'une minuscule Fiat 500, a révélé, jeudi, le quotidien italien Corriere della Sera. Malgré ses allures de poids plume, il a tout de même fallu pas moins de deux soldats pour la tirer hors des interminables tunnels souterrains que compte le bunker présidentiel. Cette belle italienne ne figure pas sur le catalogue de la marque de Turin ; elle est en réalité l'oeuvre du carrossier transalpin Castagna. Baptisé Capri, ce modèle unique dérivé de la Fiat 500 cabriolet ne possède aucune porte. Mais toutes les options sont au rendez-vous. Les plus classiques - bois et cuir à volonté, jantes alliage de 17 pouces - comme les plus farfelues - un intérieur couleur crème avec des finitions vertes, une capote couleur sable, une carrosserie vert et or.

Une voiture électrique

Tout a commencé en juin 2009 lorsque le carrossier reçoit la mystérieuse commande, sans aucun commentaire, mais avec des garanties et une seule exigence : que le véhicule soit prêt pour septembre. Un détail met cependant la puce à l'oreille de Gioacchino Acampora, architecte et propriétaire de Castagna. L'ordre de commande est accompagné du livre vert de Muammar Kadhafi. Le doute se transforme en certitude quand arrivent les dernières spécifications du client. Sur le flanc gauche du véhicule doit apparaître l'image rétroéclairée du lion du désert, emblème du colonel. Sur sa droite doit être apposé le symbole de la nation libyenne.

 

Mais le plus étonnant reste le nez de la voiture. En lieu et place de la marque Fiat sera placé un logo inédit décrivant la silhouette noire de l'Afrique, avec en vert la Libye, entourée des trois livres du Guide. Un homme qui veut être en phase avec son époque. Fini les bolides supersoniques, telle la "Roquette" que le colonel avait personnellement dessinée pour ses 40 ans de règne. Non, la petite Italienne possède un moteur électrique de 34 kW construit à Gênes. Le chauffage avant et arrière, peu utile à Tripoli, est remplacé par des packs de piles au lithium. Le réservoir de carburant laisse sa place à une pompe géante de climatisation.

200 000 euros

Mais il ne s'agit pas non plus de faire de la figuration. Surpassant les marques européennes, le véhicule atteint une vitesse de pointe de 160 km/h et possède une autonomie de 260 kilomètres, pour un temps de chargement n'excédant pas les dix minutes. Cette prouesse a été rendue possible par la livraison de deux charges centrales géantes importées de Suède. Comble du raffinement cher au Guide, rien n'indique que la Capri est électrique, puisque c'est sous le nez que se cache la prise de recharge. Seule ombre au tableau, le transport de la voiture et de ses lourdes charges. C'est finalement en avion via la France que la Fiat 500 révolutionnaire arrivera à Tripoli. Le prix d'une telle voiture, environ 200 000 euros, recharges comprises. Le mystérieux client paiera sans mot dire. La firme italienne se permettra simplement de lui demander en récompense une photo du colonel au volant de Capri. Elle ne recevra rien. Mais de sources sûres, le travail aurait été très apprécié. Deux ans plus tard, en apprenant la chute du tyran, Gioacchino Acampora a pour la première fois osé contacter les autorités libyennes au sujet du véhicule. D'après lui, il serait "juste" de les informer de la manière de le faire fonctionner.

 

http://fr.news.yahoo.com/video/monde-5213025/les-rebelles-decouvrent-le-luxe-de-l-avion-de-kadhafi-26455261.html = URL pour visiter l’avion de Kadafi


Les rebelles mettent la pression sur le bastion kadhafiste de Syrte


Les rebelles s'attendent à devoir attendre 10 jours avant de pouvoir s'emparer de la ville située à 360 kilomètres à l'est de Tripoli. Les rebelles libyens se trouvaient dimanche à 30 km à l'ouest de Syrte, fief de Muammar Kadhafi. Ils se sont aussi rapprochés à 100 km, côté est cette fois, après avoir pris Ben Jawad, devant laquelle ils piétinaient depuis mardi, selon un important chef militaire rebelle.

Au moins 10 jours vont être nécessaires pour prendre la ville située à 360 kilomètres de Tripoli, l'un des derniers bastions tenus par les forces de Muammar Kadhafi, a déclaré un commandant des rebelles libyens, dimanche. Les troupes rebelles tentent pour l'heure de négocier une reddition.

Risques d'une bataille meurtrière

"Notre but n'est pas un bain de sang, notre but est la libération", a assuré le colonel Salem Mouftah al-Refaidy à Reuters lors d'une visite à Benghazi. "Nous ne voulons plus faire couler de sang, en particulier parmi les civils, enfants, personnes âgées, femmes", a-t-il ajouté. Mais "il n'y aura pas de négociations sans fin" à Syrte, a précisé le porte-parole du Conseil national de transition (CNT), Mahmoud Chammam, appelant à "parvenir à un accord" rapidement, faute de quoi la situation sera réglée par la voie militaire. "Il n'est pas question d'un retour en arrière, pas question d'un retrait (...) C'est fini. Les jeux sont faits", a renchéri Salem Mouftah al-Refaidy.

Installations militaires

Les observateurs redoutent que la bataille pour la prise de Syrte soit beaucoup plus meurtrière que celle pour contrôler Tripoli, la capitale, dans laquelle des cadavres continuent de joncher certaines rues. Un grand nombre de fidèles du colonel libyen se sont repliés et regroupés dans cette localité et disposent d'importantes installations militaires. Selon l'Otan, les kadhafistes ont tiré plusieurs missiles Scuc contre les appareils de l'Alliance à partir de cette ville. Les rebelles, qui se sont fixé pour priorité l'arrestation de Muammar Kadhafi et de ses fils, après 42 ans d'un pouvoir sans partage, estiment que l'ancien "Guide" a pu se réfugier à Syrte. Une fois Syrte tombée, les rebelles s'en prendront alors à la place forte de Sabha située dans le sud désertique. Pour l'instant, les rebelles ignorent où se trouve le colonel.

 

Comment capturer Kadhafi

Pourquoi est-il si difficile de mettre la main sur l'ex-dirigeant Libyen, et comment s’y prendre pour le débusquer?

 


Un portrait de Kadhafi dans une benne à ordures à Tripoli, le 30 août 2011. AFP

PHOTO/PATRICK BAZ


L’histoire a une drôle de façon de se répéter, parfois plus vite qu’on ne l’aurait cru. Quelques heures à peine après avoir envahi le Panama en 1989, les forces américaines décimaient la Force de défense panaméenne et étaient accueillies en libérateurs par un peuple victime d’une longue oppression.

Pourtant, c’est l’échec à capturer immédiatement le général Manuel Noriega, le voyou au visage grêlé par la petite vérole, qui a dominé la perception de l’opération Just Cause. Lors de la première conférence de presse post-invasion à Washington, des journalistes ont demandé:

«Pouvions-nous vraiment considérer que Just Cause était un succès tant que Noriega n’était pas capturé?»

Plus de dix ans après, les forces de la coalition écrasaient l’armée irakienne et s’emparaient de Bagdad après une campagne-éclair de trois semaines au printemps 2003. Mais la cible déclarée de l’invasion, le dictateur Saddam Hussein, avait disparu.

Malgré l’euphorie initiale de la libération, les Irakiens ordinaires commencèrent à se sentir envahis par un malaise et une incrédulité grandissants à mesure qu’apparaissaient des graffitis à la gloire de Saddam Hussein dans ce qu’on appelle le «triangle sunnite» irakien, comme «Saddam reste notre chef» et «Saddam le héros reviendra».

Si Noriega fut capturé en deux semaines et que la guérilla redoutée n’eut finalement pas lieu, Saddam Hussein, lui, échappa aux forces de la coalition pendant huit mois, mis à profit par l’insurrection sunnite qui s’unifia, tua des dizaines de milliers de gens et faillit dévaster l’Irak.

Capturer Kadhafi est crucial

Aujourd’hui, le sort de la Libye dépend peut-être aussi de la capture d’un dictateur déposé. Car même alors que les forces loyales au Conseil national de transition (CNT) soutenu par l’Occident s’emparent de Tripoli et tentent de consolider son contrôle, l’ombre de l’homme fort disparu, le colonel Mouammar Kadhafi, plane dangereusement sur l’avenir du pays. Le chef du gouvernement provisoire du CNT, Mustafa Abdel Jalil, a déclaré mercredi 24 août:

«Cette histoire ne sera pas terminée tant qu’il ne sera pas capturé, mort ou vif […] nous craignons de sa part destruction et chaos car ce sont ses valeurs, son éducation et ses pratiques.»

Ou comme l’a déclaré une femme au foyer de Tripoli au Wall Street Journal: 

«Une partie de moi craindra toujours qu’il puisse revenir, et tant que je ne le verrai pas en prison ou au bout d’une corde, cette peur persistera.»

En d’autres termes, capturer Kadhafi est crucial pour éviter une longue guerre civile et atteindre une issue acceptable d’un point de vue stratégique en Libye. Conscient de ce fait, le CNT a annoncé une récompense de 2 millions de dinars libyens (environ 934.000 euros) à quiconque capturera le dirigeant évincé, et offre une amnistie à tout membre du cercle d’intimes de l’homme fort qui le capturera ou le tuera.

Étant donné qu’avoir recours au Seal Team 6 (l’unité d’élite qui a tué Ben Laden) n’est pas envisageable —puisque l’administration de Barack Obama et le Congrès sont d’accord pour ne pas déployer de forces américaines en Libye—, quel est le moyen le plus réaliste de capturer Kadhafi?

Leçons de chasse à l'homme

Dans mon livre Wanted Dead or Alive: Manhunts from Geronimo to bin Laden, je raconte l’histoire de onze chasses à l’homme historiques stratégiques, et j’examine les facteurs expliquant le succès ou l’échec à capturer la cible visée. Je me concentre sur six variables: le niveau de technologie employé (à la fois relatif et absolu), la force militaire, le terrain, l’intelligence humaine, les forces indigènes et l’assistance bilatérale.

J’en ai tiré quatre surprenantes conclusions.

Tout d’abord, même si les forces américaines bénéficient presque toujours d’une supériorité technologique par rapport à leur proie, cet avantage n’est jamais décisif. Deuxièmement, la force militaire importe moins que la présence de forces indigènes fiables. Troisièmement, si le terrain peut influencer les campagnes individuelles, aucun ne peut permettre de prévoir à coup sûr le succès ou l’échec. Enfin, plus important que le terrain physique, c’est le terrain humain qui compte; la capacité à obtenir des renseignements des populations locales ou encore le soutien des États voisins pour aider à conduire une chasse à l’homme stratégique.

Appliquées à la Libye, ces leçons suggèrent que plusieurs démarches sont nécessaires à la capture de Kadhafi.

1. Le soutien des forces internationales

Tout d’abord, le soutien de l’Occident aux forces du CNT ne sera probablement pas un facteur décisif de cette traque. Bien que le ministre de la Défense britannique Liam Fox ait reconnu le 25 août que l’Otan fournissait du matériel de renseignements et de reconnaissance aux rebelles «pour les aider à localiser le colonel Kadhafi et d’autres anciens du régime», ni Saddam Hussein ni Oussama Ben Laden n’ont été localisés par des drones, et leurs voix (tout comme celle du dirigeant d’al-Qaida en Irak Abou Moussab al-Zarqaoui) ne furent jamais captées par des interceptions de signaux.

Si Fox a refusé de commenter un article du Daily Telegraph avançant que les forces spéciales britanniques sur le terrain étaient impliquées dans la recherche de Kadhafi, il a confirmé qu’il n’existait «absolument aucun projet» d’engager des forces terrestres britanniques en Libye à l’avenir.

Des forces internationales seront sans doute nécessaires pour aider à stabiliser une Libye post-conflit, mais en attendant, elles seront probablement plus efficaces en formant des soldats du CNT qui maîtrisent déjà les capacités linguistiques nécessaires et l’expertise culturelle cruciale pour obtenir les informations qui finiront par mener à Kadhafi, un peu comme les forces spéciales américaines avaient entraîné et les agents des renseignements américains aidé les rangers boliviens qui avaient pourchassé et tué Che Guevara.

2. Terrain physique vs. terrain humain

Deuxièmement, même si le terrain sur lequel la recherche de Kadhafi peut être menée présente des variations significatives, la géographie ne constituera sans doute pas la variable la plus décisive.

Kadhafi peut se changer en aiguille dans une botte de foin en se cachant parmi les 2 millions d’habitants de Tripoli, stratégie qui s’était avérée payante pour le seigneur de guerre Mohamed Farrah Aidid à Mogadiscio (Somalie), mais qui n’avait pas fonctionné pour Noriega à Panama.

Ou bien encore, Kadhafi pourrait se retirer dans les déserts peu peuplés du sud de la Libye. Mais le même genre de terrain désolé —bien que montagneux— n’a pas du tout été un facteur décisif dans la traque de Geronimo (un succès) ni de Pancho Villa (un échec) dans une zone géographique similaire dans le nord du Mexique.

En réalité, c’est le terrain humain dans lequel Kadhafi va tenter de se dissimuler qui est critique. Étant donné que Kadhafi, comme Noriega et Saddam Hussein, a passé la plus grande partie de ses 42 années de règne à opprimer son propre peuple, de vastes zones de la Libye ne représentent plus pour lui un refuge sûr.

Pourtant, s’il arrive à se sortir des kilomètres de tunnels que l’on dit sillonner les sous-sols de son complexe de Bab al-Azizia, pour atteindre des zones contrôlées par des loyalistes tribaux, comme Syrte, le désert du Sud ou même les bidonvilles d’Abou Salim dans le sud de Tripoli, il serait bien capable de trouver une population acceptant de l’abriter.

L’histoire nous apprend que quand un individu est perçu comme un héros ou une sorte de «Robin des Bois» (comme Villa au Mexique, Augusto Sandino au Nicaragua, Aidid en Somalie ou Ben Laden en Afghanistan), la protection offerte par la population locale peut contrecarrer presque tous les satellites et les troupes d’élite imaginables.

Par conséquent, tout en renforçant son contrôle sur Tripoli, le CNT serait bien inspiré de couper les éventuelles issues de secours de Kadhafi vers ces zones-là, à l’instar des forces américaines qui avaient coupé les itinéraires de retrait possibles de Noriega aux premières heures de l’opération Just Cause.

Le CNT a raison d’encourager les membres du régime à trahir Kadhafi avant qu’il ne puisse s’installer solidement au sein de ceux dont les loyautés tribales sont les plus fortes, comme sa propre tribu des Kadhafa par exemple. Noriega, Saddam Hussein et Zarqaoui ont tous fini par être trahis par un membre de leur réseau de soutien (bien que Noriega ait réussi à se réfugier dans l’ambassade du Vatican juste avant que les commandos américains n’arrivent jusqu’à lui).

3. Reconstruire, en attendant

Enfin, si Kadhafi parvient à trouver un asile, il est peu probable que des incitations financières ou qu’une puissance de feu excessive ne parviennent pas à convaincre des membres loyaux de sa tribu de le livrer. Si l’on ne tient pas compte de l’évidente exception de la traque de 13 ans de Ben Laden, les chasses à l’homme couronnées de succès durent en moyenne 18 mois.

En imaginant qu’il pourrait falloir tout ce temps pour trouver Kadhafi, le CNT doit travailler rapidement à la construction d’une nouvelle structure étatique capable d’incorporer ces groupes tribaux et faire preuve de patience en attendant qu’ils l’isolent, lui et sa famille, et le rendent obsolète d’un point de vue stratégique.

Quel que soit le sort de Kadhafi (qu’il finisse comme Benito Mussolini, pendu par son propre peuple, ou comme Slobodan Milosevic, jugé par la Cour pénale internationale), le CNT et ses soutiens internationaux ont à relever un impressionnant défi avec la reconstruction de la Libye.

Une capture rapide du Guide rendrait la tâche plus aisée, en mettant le point final à 42 ans de dictature. Mais s’il reste dans la nature, il continuera d’être un symbole de résistance et de ralliement pour les éléments de la société libyenne qui se sentent exclus du nouvel ordre politique du pays, même s’il ne peut conserver aucun contrôle sur une quelconque force d’opposition naissante. Cela rendrait encore plus difficile une tâche déjà ardue et menacerait d’annihiler une éventuelle victoire en Libye.


Benjamin Runkle (Traduit par Bérengère Viennot)

 

 Comment l'inconscience de la CIA a permis le 11 Septembre

Par fabrizio calvi 

Dans son livre, le journaliste Fabrizio Calvi montre que les attentats auraient pu être évités si le FBI avait été averti.

 


Dix-huit mois avant les attaques du 11 septembre 2001 la CIA suivait deux des futurs pirates de l'air, les Saoudiens Khalid Al-Mihdhar et Nawef Al-Hazmi. Elle savait qu'ils étaient aux États-Unis et a tout fait pour empêcher le FBI de le découvrir. Dix ans après les attaques, l'ancien responsable de l'antiterrorisme de la Maison Blanche, Richard Clarke, pose une question essentielle :

« Pourquoi la CIA n'a-t-elle pas prévenu le gouvernement américain de la présence sur notre sol de deux agents d'Al-Qaïda réputés dangereux ? C'est un des grands mystères du 11 Septembre ». De nouveaux éléments recueillis au terme d'une enquête de trois ans permettent cependant d'affirmer que cette surveillance était une opération majeure de la CIA contre Al Qaeda.

Décembre 1999, Yémen : l'ordre de Ben Laden

Tout commence en 1998, avec l'écoute de conversations téléphoniques d'une maison de Sana'a, capitale du Yémen, par les services de renseignements américains. La maison abrite une « centrale de la terreur » d'Al Qaeda, Les djihadistes y prennent des instructions et laissent leurs messages. Ben Laden et ses proches ont appelé ce numéro plus de deux cents fois entre 1996 et 1998.

Fin décembre 1999, les services américains enregistrent un appel en provenance d'Afghanistan. Ben Laden donne l'ordre à « Khalid » et « Nawaf » de se rendre à Kuala Lumpur en Malaisie pour prendre part à une réunion importante.

Une nouvelle enquête sur le 11 septembre

L'article de Fabrizio Calvi que nous publions est développé dans trois des chapitres du livre de son livre, « 11 Septembre, la contre-enquête », paru aux éditions Fayard. « Alec Station », l'organisme de la CIA chargé de traquer Ben Laden, identifie Khalid Al-Mihdhar et Nawaf Al-Hazmi. La traque commence.

Le 5 janvier 2000, Khalid Al-Mihdhar est repéré à l'aéroport de Dubaï. Avant même qu'il n'embarque, la photocopie de son passeport est envoyée au siège d'Alec Station.

Le Saoudien possède un visa d'entrée pour les Etats-Unis. La photocopie est communiquée à Marc Rossini et Doug Miller, deux agents de liaison du FBI en poste au sein d'Alec Station. Ils rédigent un rapport à l'attention du Bureau, concernant l'arrivée imminente du terroriste aux Etats-Unis. Mais le numéro 2 d'Alec Station, Tom Whilshire, leur interdit de l'envoyer leur rapport. Placés sous l'autorité de la CIA, ils sont obligés d'obéir. Marc Rossini proteste et demande des explications. « Quand nous voudrons informer le FBI, nous le ferons », lui répond une responsable de la CIA.

Janvier 2000, Malaisie : la réunion de Kuala Lumpur

La CIA intervient tout de même. Par manque de temps, elle alerte son homologue, la Special Branch malaise. Les agents malais suivent le terroriste jusqu'à un luxueux appartement de la banlieue de Kuala Lumpur, propriété d'un riche homme d'affaire proche d'Al Qaeda, où se déroule une réunion présidée par Khalid Sheikh Mohammed, le cerveau des attaques du 11 septembre. But de la rencontre : finaliser deux attaques, celle contre l'USS Cole au Yémen, et celles du 11 septembre.

Les agents de la Special Branch suivent les deux terroristes et assistent à leur départ pour Bangkok le 8 janvier. Une équipe de la CIA se rend à l'aéroport d'arrivée, où elle perd leur trace. Au QG d'Alec Station, les agents du FBI ne comprennent toujours pas pourquoi la CIA leur interdit d'informer le Bureau de l'arrivée imminente des deux terroristes aux Etats-Unis. « J'étais très inquiet », dit Marc Rossini : « Je savais qu'ils allaient arriver et que ça ne serait pas une visite touristique. J'avais compris que leur voyage faisait partie du show à venir. Je me demandais “Que viennent-ils faire ici ? Que veulent-ils ? ” Mais je ne pouvais rien faire. »

L'agent du FBI Doug Miller rédige un nouvel e-mail à l'attention de Tom Wilshire, demandant au numéro 2 d'Alec Station de lui donner par écrit les raisons qui l'ont amené à bloquer le rapport du 5 janvier 2000 destiné à alerter le FBI. Il n'obtient pas de réponse.

Mars 2000, Los Angeles : les deux kamikazes s'installent

Les deux djihadistes arrivent à Los Angeles ce même jour. Ils sont pris en charge par Omar al-Bayoumi, un ancien employé du ministère de la Défense saoudien que l'on dit proche des services secrets saoudiens. Ce dernier leur offre l'hospitalité et les introduit dans la communauté musulmane de San Diego, où il réside. Là, les deux Saoudiens prennent des cours d'anglais et s'inscrivent pour suivre des cours de pilotage. Ils ne se cachent pas : leur nom figure dans l'annuaire de la ville. Au début du mois de mars 2000, les analystes d'Alec Station reçoivent un message de la CIA de Bangkok, qui s'est aperçue avec deux mois de retard que Khalid Al-Mihdhar et Nawaf Al-Hazmi sont partis pour Los Angeles. A compter de ce moment, la CIA sait officiellement que deux djihadistes sont aux Etats-Unis. Pourtant, l'équipe concernée n'avertit toujours pas le FBI. Les agents détachés auprès d'Alec Station n'ont pas accès au message de la CIA de Bangkok, alors qu'ils auraient dû.

Mai 2000, Arabie Saoudite : un visa pour le terroriste

 

A la fin du mois de mai 2000, Khalid al-Mihdhar quitte les Etats-Unis pour se rendre au Yémen et en Afghanistan. Son but : recruter les membres des commandos qui doivent s'emparer des avions. Nawaf Al-Hazmi reste à San Diego où d'autres pirates du 11 Septembre doivent le rejoindre.

Les autres pilotes kamikazes et les hommes de mains arrivent aux Etats-Unis, fin 2000 début 2001. Tous sont munis de visas d'entrée, leurs passeports sont à leur vrai nom. Presque tous suivent des cours d'aviation.

En mai 2001, Khalid Al-Mihdhar retourne en Arabie Saoudite. Il voyage sous son vrai nom et présente son vrai passeport, qui porte un signe distinctif invisible à l'œil nu, réservé aux terroristes dangereux à suivre de près. Les Saoudiens savent qu'il est membre d'Al Qaeda et l'ont dit aux Américains. Khalid Al-Mihdhar déclare ses papiers volés : le passeport dont il se sert porte des tampons afghans et yéménites récents qui risquent d'attirer l'attention des Américains. Le 1er juin 2001, il obtient un nouveau titre de voyage muni de l'indicateur le désignant comme terroriste.

Pour une raison que l'on ne s'explique pas, il n'a pas de date d'expiration. Personne ne s'aperçoit de l'anomalie, qui rend caduc le document, et surtout pas l'agent consulaire américain, qui lui accorde un visa d'entrée pour les Etats-Unis le 13 juin 2001. Khalid Al-Mihdhar n'aurait jamais dû avoir de visa américain. Outre le sigle terroriste et l'absence de date d'expiration du passeport, son formulaire de demande de visa est incomplet : il a omis des indications importantes. Il ment en affirmant n'avoir jamais reçu de visa américain et ne s'être jamais rendu aux Etats-Unis, alors que ce même consulat lui a délivré un visa en décembre 1999. Mais l'agent consulaire chargée du dossier, ne relève aucune irrégularité.

Juillet 2001, Washington : la CIA s'alarme

 

Pendant ce temps, la CIA tire la sonnette d'alarme et fait savoir partout qu'elle s'attend à une attaque majeure. Le 10 juillet 2001, le directeur de la CIA George Tenet rencontre Condoleezza Rice, conseillère pour la Sécurité nationale du président Bush. Tenet est accompagné du responsable d'Alec Station, qui annonce : « Il y aura des attaques spectaculaires dans les mois ou dans les semaines à venir. Elles auront lieu simultanément et provoqueront des dégâts massifs. Les attaques viseront les intérêts américains, peut-être même auront-elles lieu aux Etats-Unis… »

Pour résumer, la CIA sait avec certitude dès les mois de juillet 2001 que Khalid Al-Mihdhar et Nawaf Al-Hazmi sont aux Etats-Unis pour participer à une attaque majeure d'Al Qaeda. Mais il lui reste encore bien des choses à découvrir. Le numéro 2 d'Alec Station, Tom Wilshire, a été détaché auprès du quartier général du FBI pour servir de liaison. Peut-être est-il aussi là pour s'assurer qu'il n'y a pas de fuites concernant les informations sur le sommet de Kuala Lumpur ?

Il est en tout cas obsédé par cette rencontre. A la fin du mois de mai, il a demandé à Margaret Gillespie, une analyste du FBI, de passer en revue ce dossier et de vérifier que rien n'a échappé aux officiers de la CIA. Margaret Gillespie n'a pas accès à la totalité des informations de la CIA. Tom Wilshire ne lui dit pas qu'au moins deux des participants, Khalid Al-Mihdhar et Nawaf Al-Hazmi, sont aux Etats-Unis. Il ne confère aucun caractère d'urgence à cette recherche.

Août 2001, Washington : le déclic d'une agent du FBI

Le 21 août 2001, à son retour de vacances, Margaret Gillespie tombe enfin sur le rapport d'Alec Station faisant état de l'arrivée des deux djihadistes aux Etats-Unis plus d'un an auparavant. Dans les heures qui suivent, elle apprend deux nouvelles inquiétantes :

  • Nawaf Al-Hazmi est toujours aux Etats-Unis, où il a pris plusieurs fois des vols internes ;
  • Khalid Al-Mihdhar est rentré aux Etats-Unis le 4 juillet 2001, et n'en est pas reparti.

« C'est là que j'ai eu le déclic », dira par la suite l'agent du FBI. Le lendemain, elle fait part de sa découverte à Tom Wilshire. Cette fois, ce dernier ne peut plus bloquer l'information. Le FBI ouvre enfin une enquête. Mais les choses ne se passent pas comme elles le devraient. L'enquête est classée « routine », c'est-à-dire qu'elle ne comporte aucun caractère d'urgence. Nawaf Al-Hazmi et Khalid Al-Mihdhar sont placés sur les listes des terroristes à interpeller… aux frontières. Mais personne n'alerte les autorités aériennes civiles, les seules à disposer d'une liste de surveillance réservée aux vols internes.

Septembre 2001, New York : l'enquête de la dernière chance

Le 23 août 2001, le FBI de New York est chargé de localiser les deux Saoudiens. Mais l'affaire est confiée à un agent inexpérimenté, à peine sorti de l'école. C'est sa première enquête, il ne connaît rien à Al Qaeda. Il prend connaissance de la demande le 28 août 2001, note qu'elle est classée « routine ». L'agent du FBI commence à travailler sur les deux terroristes le 4 septembre 2001.

Il est la dernière chance d'arrêter les attaques. L'agent du FBI interroge les banques de données des polices américaines. Il aurait dû y trouver la trace des terroristes, repérés après avoir commis des excès de vitesse. Le dernier signalement en date porte sur une voiture qu'ils ont louée le 28 août 2001. Que l'agent du FBI le voit, et il est en mesure de remonter jusqu'aux deux terroristes et tout s'arrête. Mais il ne le voit pas. L'agent du FBI ne trouve pas non plus trace de Khalid Al-Mihdhar et Nawaf Al-Hazmi dans les bases de données des cartes bancaires. Or, au début du mois de septembre, les djihadistes ont acheté des billets d'avions sur le vol 77 de l'American Airlines pour la date du 11 septembre 2001. L'agent du FBI n'a donc pas pu empêcher Khalid Al-Mihdhar, Nawef Al-Hazmi et trois autres djihadistes, d'embarquer à bord du vol AA 77 pour le précipiter contre le Pentagone.

Après l'attentat, les doutes de Richard Clarke

 

A l'époque, Richard Clarke, coordinateur national pour la Sécurité, supervisait toutes les opérations antiterroristes depuis la Maison Blanche. Il aurait dû être informé de l'arrivée aux Etats-Unis des deux Saoudiens :

« La CIA savait qu'ils étaient aux Etats-Unis et ils ne m'ont pas prévenu. Ils n'ont pas prévenu le FBI. Après le 11 Septembre, quand j'ai appris ça, j'étais indigné, j'étais fou de rage. J'ai essayé de trouver des excuses, je me suis dit qu'ils allaient trouver une excuse. »

Depuis, Richard Clarke a mené sa propre enquête. « Maintenant, je sais que toutes les personnes responsables du contre-terrorisme de la CIA étaient au courant, à commencer par le directeur.

Cinquante personnes étaient au courant ! Cinquante ! Et ils l'ont su pendant un an. Et pas une seule fois pendant cette année ils ne m'ont averti ou n'ont averti le directeur du FBI. Ces cinquante personnes se sont tues pendant plus d'un an. Ça, c'est un petit peu plus qu'une coïncidence.

Je ne veux pas échafauder de théories conspirationistes. Mais j'aimerais trouver une explication. La Commission d'e,nquête sur le 11 septembre n'en a pas trouvé. Le directeur de la CIA m'appelait régulièrement pour me communiquer des informations banales. La CIA m'abreuvait d'information par écrit et par oral. »

George Tenet a démenti toute dissimulation

Après les attaques du 11 Septembre, Clarke a essayé d'obtenir une réponse du directeur de la CIA, George Tenet. En vain. Il a demandé à Dale Watson qui s'occupait du contre-terrorisme au FBI comment aurait réagi le FBI s'il avait su que deux dangereux terroristes étaient arrivés aux Etats-Unis. Dale Watson lui répondu : « On aurait mis leur photos partout, on les aurait fait circuler sur Internet. »

« Je lui ai alors demandé qu'elle aurait été la possibilité d'arrêter ces deux types », explique Richard Clarke. « Il m'a dit : 100% » Et les attaques du 11 septembre n'auraient jamais eu lieu…

Face aux accusations de Richard Clarke, le directeur de la CIA d'alors George Tenet et ses deux plus proches collaborateurs ont publié le 12 aout 2011 un démenti affirmant que la CIA n'a dissimulé aucune information et rejettent la faute sur des employés subalternes et sur… des agents du FBI.

Le 26 août 2011 on apprenait que la CIA a fait censurer avant publication le livre de révélations à paraître d'un des plus brillant agents du FBI, Ali Soufan qui avait lui aussi tenté en vain d'obtenir des informations sur la réunion de Kuala Lumpur dès janvier 2001

Des hypothèses sur les raisons d'un tel fiasco

Que s'est-il passé ? Pourquoi la CIA a-t-elle tout fait pour empêcher le FBI de découvrir la présence aux États-Unis de Khalid Al-Mihdhar et Nawef Al-Hazmi ?

Tous les protagonistes de l'affaire que j'ai eu l'occasion d'interroger (principalement des agents du FBI) se posent des questions sur le seul grand mystère du 11 Septembre, et hasardent des hypothèses pour expliquer les manœuvres occultes de la CIA en 2001.

  • L'agence aurait-elle essayé de recruter certains des pirates de l'air ou leurs proches ?

On sait avec certitude que la CIA a tenté des manœuvres d'approche à deux reprises (à Kula Lumpur et à Hambourg) auprès de comparses des djihadistes du 11 septembre.

On sait que les 19 djihadistes se sentaient surveillés lors de leurs déplacement à l'intérieur des Etats-Unis avant le 11 septembre 2001.

  • Les silences de la CIA sont-ils destinés à protéger une source proche des assaillants ? Aurait-elle été victime d'un agent triple ? Ce ne serait pas la première fois.

Les réponses à ces questions sont cruciales pour comprendre l'événement le plus considérable de ce début de siècle. La sommes des mystères de Kuala Lumpur ne fait pas une conspiration, mais en refusant de s'expliquer, les dirigeants de la CIA nourrissent les théories les plus folles.

Photos et illustrations : photos d'identité de Khalid Al-Mihdhar et de Nawef Al-Hazmi, reproduction du formulaire de demande de visa de Khalid al-Mihdhar, le patron de la CIA George Tenet lors de son audition par la commission d'enquête sur les attentats en 2004 (K. Lamar)


 

SOCIETE


SUCCESSION DE NAABA WOBGO DE GOURCY : L’ancien ministre, Elie Ouédraogo intronisé sous haute surveillance policière

 

 

 

Le samedi 27 août 2011 a eu lieu à Tangzougou (Gourcy) l’intronisation du successeur de Naaba Wobgho, décédé l’année dernière. Le choix s’est porté sur l’ancien ministre, Elie Ouédraogo qui a été intronisé sous le nom de règne, Naaba Baongho. Retour sur une cérémonie pleine de faits majeurs, dirigée par le Bing Naaba de Gourcy en présence d’émissaires du roi du Yatenga, d’une foule nombreuse mais surtout d’un dispositif sécuritaire impressionnant.

Depuis le 28 juin 2010, jour où le Naaba Wobgho de Gourcy a tiré sa révérence après 26 années de règne, le poste est resté vacant et la transition assurée, comme la coutume le prévoit, par une Napoko. Après les funérailles du défunt chef en mai 2011, trois candidats se signalent pour la succession au trône de la cité de Naaba Yadéga : le député Tahéré Ouédraogo, le directeur général de la société minière SEMAFO, Elie Justin Ouédraogo, et Sambologo Abdoulaye Ouédraogo, fonctionnaire à la retraite. Entre-temps, on susurre le nom d’un 4e prétendant en la personne de Hamidou Ouédraogo, gendarme à la retraite. Au petit matin du samedi 27 août 2011, Gourcy ressemblait à une ville en état de siège ou, à la limite, en état d’alerte avec la présence remarquable des forces de l’ordre. Deux pelotons de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) venus de Ouagadougou, un de la Police nationale et, enfin, un autre de la gendarmerie, tous en provenance de Ouahigouya pour renforcer les éléments de la Brigade territoriale de gendarmerie de Gourcy et parer à toute éventualité lors de la cérémonie d’intronisation. Ils installent leur QG à l’école centre A. Tout Gourcy retient son souffle. Le jour tant redouté est enfin arrivé après plusieurs fausses alertes.

Une intronisation qui tient en haleine

La cérémonie est prévue pour 16 h. Un tour en ville et dans les trois états-majors et le constat est le suivant : le marché grouille de monde comme à son habitude. Les nombreux regroupements dans les maquis, devant les installations marchandes et dans la rue n’ont qu’un seul sujet à l’ordre du jour : l’intronisation du successeur de Naaba Wobgho. Certains sont inquiets et disent ne pas se rendre au site par prudence pendant que d’autres attendent avec impatience l’heure de vérité. La mobilisation est forte devant le domicile du prétendant Elie Justin Ouédraogo, moyenne chez Tahéré Ouédraogo et faible chez Sambologo Abdoulaye Ouédraogo. Devant la cour royale, c’est le calme total. A 14h, les forces de l’ordre se mettent en tenue appropriée et, 30mn après, tout le dispositif sécuritaire est en place sur le site d’intronisation. A 15h 15, le candidat Elie Justin Ouédraogo et ses partisans arrivent les premiers sur les lieux. Ils restent sous un neem à 100m du site et des jeunes habillés en tee-shirt blanc forment une haie de sécurité. Dès lors, les regards se tournent vers toutes les ruelles menant au site à la recherche des autres candidats. A 16h 10, Tahéré Ouédraogo arrive également avec ses partisans. Ils s’installent à une trentaine de mètres des premiers. Quelques temps après, le troisième prétendant, Sambologo Abdoulaye Ouédraogo, fait son apparition aux côtés de Tahéré. Le 4e qu’on avait annoncé est dans la foule mais de façon anonyme. La peur s’empare de ceux qui ne s’attendaient pas un à tel scénario et qui redoutent le pire. A 16h 30, les émissaires de Naaba Kiiba (Toog-Naaba, Wedrang-Naaba et des représentants de Rasam-Naaba et du Baloum- Naaba) arrivent et foncent tout droit chez le Bing-Naaba de Gourcy pour un entretien qui va durer près de 30mn. A 17h 00, la concertation prend fin et ils font leur entrée à l’intérieur du site suivis des trois prétendants. A l’intérieur, les conciliabules et autres tractations continuent. A 17h 45, après un bref entretien entre le Toog-Naaba du Yatenga et le Bingo de Gourcy, le prétendant Elie Justin Ouédraogo est prié de s’avancer et un cordon de sécurité le sépare des deux autres candidats. On procède à la vérification de son paquetage et tout y est (tenue, bonnet…).

A 17h 54, les membres de la famille Warma, présents à l’intérieur du site, sont invités à boire le ‘’Naamteedo’’. Certains s’exécutent à cœur joie mais d’autres déclinent l’offre. Entre-temps, les deux prétendants (Tahéré Ouédraogo et Sambologo Abdoulaye Ouédraogo) quittent les lieux. A 18h 00, le porte- parole du Bingo décline l’identité du successeur de Naaba Wobgho. Le roi du Yatenga a porté son choix sur Elie Justin Ouédraogo. On lui porte sa tunique et son bonnet sous les ovations de ses partisans. Un tour à l’extérieur du site pour des rites et voilà le tout nouveau chef de Gourcy qui revient et fait le tour du mausolée en dansant. Quelques minutes après, chacun retient son souffle. C’est le moment où le chef doit dévoiler "son nom de guerre".

Plus de peur que de mal

Dorénavant, Elie Justin Ouédraogo, chef de Gourcy, se nomme Naaba Baongho. A la fin de tous les rites, il enfourche son cheval blanc et sous escorte policière, il rejoint son domicile provisoire (chez son logeur) où il devrait passer sept jours avant de regagner la cour royale. Pour le Toog-Naaba qui a conduit la délégation du Yatenga, la cérémonie d’intronisation s’est déroulée selon les règles et Naaba Baongho peut exercer son pouvoir. Quant au nouveau chef, il a, par la voix de son porte-parole, remercié ceux qui l’ont accompagné tout au long du périple et a appelé les filles et fils du Zondoma à l’unité. Il y a eu donc plus de peur que de mal mais au moment où nous tracions ces lignes (le lundi 29 août), les troupes venues en renfort étaient toujours à Gourcy. Aux dernières nouvelles et de sources bien informées, des partisans d’un des candidats étaient venus de différentes localités pour semer le désordre mais la présence des forces de sécurité a eu un effet dissuasif sur eux.

P.B. Winninmi ILBOUDO (Collaborateur) Le Pays

 


Qualité de la communication téléphonique : Un peu de sérieux, Messieurs les opérateurs !

 

 

 

 

Avec l’avènement de plusieurs compagnies de téléphonie mobile, les consommateurs ont vu, avec soulagement, les prix des communications baisser au fil des années et des mois, suite à plusieurs actions menées par la Ligue des Consommateurs du Burkina (LCB). La concurrence est telle entre les différentes sociétés que c’est à qui écrasera le plus les prix.

Si au début cette concurrence a été saluée par les consommateurs, force est de reconnaître que depuis quelques mois, joindre son correspondant au téléphone mobile et entretenir une conversation soutenue sans coupure intempestive relève du miracle. Surtout avec un opérateur qui se présente comme le leader du secteur. En effet, la baisse des prix s’est accompagnée, dans presque toutes les compagnies, d’une baisse de qualité telle que les consommateurs ne savent plus vers qui se tourner.

Pendant cette période également, les campagnes promotionnelles annonçant des remises exceptionnelles, des bonus, des cadeaux, donnent le tournis aux consommateurs. Et là aussi, c’est à qui donnera le plus de « cadeaux » à sa clientèle ! Tenez ! si vous décidez d’acheter des unités, le plus dur reste à venir, à savoir les utiliser. Vous essayez de joindre votre correspondant, il faudra vous y prendre à plusieurs reprises. Et si par hasard vous parvenez à le joindre, soyez patient car votre communication sera coupée plusieurs fois, vous obligeant ainsi à composer autant de fois la ligne coupée. Une pratique récurrente qui laisse croire qu’elle est sciemment entretenue par les opérateurs pour voler sa propre clientèle. Finalement, ne soyez pas surpris si les unités que vous avez achetées ne vous permettent pas de réaliser la durée de communication annoncée à grand renfort de publicité. Quant aux clés de connexion à l’internet, le coût d’acquisition et celui de l’abonnement restent élevés pour le consommateur qui malheureusement rencontre beaucoup de difficultés quant à son exploitation. Et quand il parvient à se connecter non sans peine, le débit qu’il reçoit sur son ordinateur est nettement en deçà de celui auquel il a souscrit.

Lorsque la Ligue des Consommateurs du Burkina, a saisi les différents opérateurs, chacun d’eux nous a promis que la situation allait changer en mieux pour les consommateurs, car des travaux étaient en cours. Pire, depuis le mois de mai 2011, un communiqué de l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes (ARCEP) nous annonçait une enquête « pour mesurer la qualité de service vue par les clients et vérifier par la même occasion le respect par les opérateurs des obligations de qualité de service contenues dans leur cahier des charges » (Cf. L’Observateur Paalga du vendredi 13 au dimanche 15 mai 2011). Où en sommes-nous plusieurs mois après ? Le constat reste très amer pour le consommateur : La communication téléphonique reste mauvaise, tandis que les opérateurs continuent à travers des communiqués d’appeler les consommateurs à la patience. Combien de temps ce jeu qui s’apparente à de l’arnaque qui ne dit pas son nom va-t-il durer ?

Qu’en est-il des cahiers de charges signés par les prestataires de téléphonie mobile s’engageant à offrir un service de qualité ? Les autorités ont, certes, rappelé à l’ordre les responsables de ces sociétés qui ont promis des services de qualité. Malheureusement, aucune sanction n’est prise par l’ARCEP pour contraindre les opérateurs à respecter leurs engagements, si bien qu’elle a une part de responsabilité dans cette attitude désinvolte des opérateurs vis-à-vis des consommateurs. Fort de tout ce qui précède, la Ligue des Consommateurs du Burkina (LCB), en sa qualité d’association de défense du droit des consommateurs estime également qu’il est temps que des actions soient menées pour protéger les consommateurs qui assistent, impuissants, à ces prestations de mauvaise qualité surfacturées. C’est pourquoi, elle :

• dénonce le mystère fait par les autorités sur le contenu du cahier des charges ;

• exige des compagnies de téléphonie un service de qualité et de l’autorité de régulation l’application de sanctions immédiates contre tous ceux ne respectent pas le cahier des charges ;

• interpelle les autorités sur la nécessité de la représentation de la Ligue des consommateurs du Burkina au sein de l’Autorité de régulation pour une meilleure prise en compte des intérêts des consommateurs ;

• invite les consommateurs, à rester mobilisés, pour des actions fortes en guise de protestation.

LCB, Consommons encore mieux !!! Ouagadougou, Ouagadougou le, 26 Août 2011

Le Président, Pierre NACOULMA

SPORT

Mondiaux d'athlétisme: Renaud Lavillenie se contente du bronze

 

 

 

Renaud Lavillenie, à Daegu, le lundi 29/08/11 (REUTERS/Phil Noble)

Le numéro un mondial a échoué à 5m90, mais ouvre le compteur de la France aux championnats du monde en Corée du Sud. Le Polonais Pawel Wojciechowski prend l'or devant l'inattendu Cubain Lazaro Robles.

Le meilleur perchiste du moment n'est pas forcément celui qui s'impose dans le grand rendez-vous de l'année. Renaud Lavillenie, numéro un mondial et principale chance de médailles françaises aux championnats du monde de Daegu, doit se contenter du bronze. Le Français a réussi tous ces sauts jusqu'à 5m85 avant d'échouer à trois reprises à 5m90, retombant sur la barre lors de son dernier essai. 

Le Polonais Pawel Wojciechowski a remporté le concours grâce à un saut réussi dès le premier essai à 5m90. Il est l'actuel détenteur de la meilleure performance de l'année, avec une barre à 5m91. Un saut qui n'a pu être homologué pour avoir été réalisé en ville, et non en stade. Il avait frôlé l'élimination lors des qualifications à Daegu, avant d'être repêché pour cette finale.  Le Polonais est suivi par Lazaro Robles, qui a lui passé 5m90 à son 3e essai. Le Cubain a battu à plusieurs reprises son record personnel d'5m75 pour obtenir la médaille argent. Le Polonais Lukasz Michalski a pris la 4e place, avec 5m85. Le Français Romain Mesnil, médaille d'argent en 2009 aux mondiaux de Berlin, a lui été éliminé d'entrée. 

Autres résultats

110m haies messieurs: Jason Richardson (Etats-Unis) devant Liu Xiang (Chine) et Andrew Turner (Royaume-Uni) après la disqualification de Dayron Robles pour obstruction.
400m dames: Amantle Montsho (Botswana) devant Allyson Felix (Etats-Unis) et Anastasiya Kapachinskaya (Russie).

Marteau messieurs: Koji Murofushi (Japon) devant Krisztan Pars (Hongrie) et Primoz Kozmus (Slovénie).
100m dames: Carmelita Jeter (Etats-Unis) devant Veronica Campbell-Brown (Jamaïque) et Kelly-Ann Baptiste (Trinidad-et-Tobago).
Poids dames: Valerie Adams (Nouvelle-Zélande) devant Nadzeya Ostapchuk (Biélorussie) et Jilian Camarena-Williams (Etats-Unis). 


Athlétisme: le 100 mètres et la vitesse du vent


Le vent a une influence non négligeable sur les performances des athlètes dans le sprint et les sauts, mais elle est difficile à mesurer de façon précise.

 

 

 

Usain Bolt et Christophe Lemaitre au meeting de Monaco REUTERS


Usain Bolt sera la probable vedette des championnats du monde d’athlétisme, organisés à Daegu (), en Corée du Sud, du 27 août au 4 septembre. Il en est au moins l’athlète le plus attendu, celui par lequel surgit généralement l’exploit. Comme aux championnats du monde de Berlin en 2009, où il avait battu les records du monde du 100m (9’’58) et du 200m (19’’19), le Jamaïcain doublera à nouveau sur les deux distances, la finale du 100m ayant lieu le 28 août et celle du 200m le 3 septembre.

Face à lui, lors de ces deux finales, l’athlétisme français espère bien lui voir opposé Christophe Lemaitre, double champion d’Europe en 2010 sur 100 et 200m, qui a amélioré son record de France du 100m lors des récents championnats de France d’Albi où il a franchi la ligne en 9’’92. A l’occasion de ce record de France établi dans le Tarn, Lemaitre a bénéficié de l’aide d’un vent favorable de 2 mètres par seconde qui est la limite autorisée par les règlements internationaux. Le lendemain, il a couru le 200m en 20’’08 qui auraient correspondu à un nouveau record de France si le vent n’avait pas été, lors de la course, de 2,3 mètres par seconde. Quelques semaines plus tôt, au meeting de Stockholm, il avait signé un temps de 20’’28 avec, cette fois, près de 3m de vent de face, et donc défavorable, qui l’avait nettement freiné.

Comment calcule-t-on la vitesse du vent sur un stade d’athlétisme? Il faut déjà savoir que seules les courses du 100m, 100m haies, 110m haies et 200m sont concernées par cette mesure obligatoire. Dans les concours, le saut en longueur et le triple saut doivent aussi se conformer à un tel contrôle. Lors des mêmes championnats de France d’Albi, les 8,22 m de Kafétien Gomis en longueur ont été réalisés avec un vent de 4 mètres par seconde et n’ont pas pu être complètement mis au crédit du Lillois, champion de France, mais statistiquement privé de cette marque.

Les périodes pendant lesquelles la vitesse du vent doit être mesurée à partir de coup du pistolet du starter sont de 10 secondes sur 100m et de 13 sur 100 et 110m haies. Au 200m, la vitesse du vent est mesurée pendant une période de 10 secondes qui commence au moment où le premier athlète entre dans la ligne droite. Dans toutes les courses, l’anémomètre (à ultrasons et non plus à hélices), qui évalue le vent, est obligatoirement placé le long de la piste, adjacent au couloir 1, à 50 mètres de la ligne d’arrivée et qu’il se situe à 1,22m de hauteur et au maximum à 2 mètres de la piste. Pour le saut en longueur et le triple saut, la vitesse du vent est, elle, calculée pendant une période de 5 secondes à partir du moment où le sauteur passe devant une marque placée le long de la piste d’élan et placée, pour le saut en longueur à 40m de la planche d’appel et pour le triple saut à 35 m de cette même planche.

Voilà pour cette logistique très réglementée avec cette précision notable: toute performance réussie à plus de 1 000 mètres d’altitude est considérée comme «assistée grâce à l’effet de l’altitude» mais peut être validée en tant que record. A Daegu, ville située à quelque 55m au-dessus du niveau de la mer, ce bonus sera donc quasi nul.

Jonas Mureika, un physicien américain, s’est intéressé à la fois sur l’influence du vent et de l’altitude sur les performances dans le sprint. Au terme de ses travaux, il a ainsi conclu qu’à une altitude de 0m, un mètre de vent favorable sur 100m correspond à un gain de cinq centièmes (sept pour les femmes) et que deux mètres permettaient de grignoter un dixième (12 centièmes pour les femmes). A une altitude de 500m (ce qui est presque le cas de Zurich située à 410m et où de nombreux records du monde ont été battus à travers le temps lors de son fameux meeting), un vent de 1 mètre par seconde rapporterait 7 centièmes (8 pour les femmes) et un vent de 2 mètres par seconde 11 centièmes (14 pour les femmes).

Ce savant s’est ensuite amusé à inventer un instrument de mesure qui permet de « recalculer » les records du monde afin de pouvoir vraiment comparer les performances. Il a par exemple déduit que lorsque l’Italien Pietro Mennea a établi le record du monde du 200m en 1978 en 19’’72 à Mexico (2 250m d’altitude) avec 1,8m de vent favorable (record du monde qui a tenu jusqu’en 1996), il a couru en réalité ce jour-là en 20’’03, temps ramené au niveau de la mer et avec vent nul. A Albi (187m), les 9’’92 de Lemaître avec 2 mètres de vent équivaudraient en réalité à un 10’’03 d’après sa méthode de calcul.

Mais la mesure du vent reste également contestable pour plusieurs raisons. «Dans ce domaine, il n’y aura jamais de solution idéale», note Edouard Eskénazi, l’un des 45 arbitres internationaux de l’IAAF. Il est notamment admis que le couloir n°8, protégé par une tribune toute proche, est plus avantagé que le couloir n°1 nettement plus exposé aux caprices d’Eole. «A l’époque des anémomètres à hélices, il y avait eu des tests sur les couloirs 1 et 8 et la différence pouvait s’avérer considérable», se souvient Edouard Eskénazi. Tourbillonnant même s’il est «portant», le vent peut également s’avérer subitement favorable pour certains couloirs et moins pour d’autres. Le poids des athlètes est un paramètre à ne pas négliger non plus: Usain Bolt pèse près de 20 kilos de plus que Christophe Lemaitre.

En 1988, lorsqu’elle a battu le record du monde du 100m en 10’’49, Florence Griffith-Joyner, au-delà du dopage dont elle est soupçonnée, a visiblement bénéficié d’une erreur ce jour-là. Lors de sa course, l’anémomètre à hélices a enregistré un vent nul lors d’une réunion pourtant balayée par de fortes rafales mesurées à 7 mètres par seconde sur la piste d’Indianapolis. Une astérisque accompagne désormais son temps dans le livre des records de l’athlétisme publié par l’IAAF: «probably strongly wind assisted». 

Si l’anémomètre à hélices donnait des résultats un peu au doigt mouillé, les appareils à ultrasons ont heureusement crédibilisé ce contrôle qui, d’après Edouard Eskénazi, n’aurait toutefois pas beaucoup de sens sur 200m puisqu’il est opéré sur une demi course. Il n’en reste pas moins qu’à Daegu, bourrasque ou pas bourrasque, il faudra être un sacré champion pour réussir à mettre un vent à Usain Bolt…

Yannick Cochennec


Christophe Lemaitre, de la race des champions

 

Dire que Christophe Lemaitre est le premier «blanc» à être passé sous la barre des 10s sur 100 a-t-il un sens? Dialogue entre nos spécialistes du sport et de la médecine.

 

 

 

Photo finish du 200m des Mondiaux d'athlétisme en 2009. REUTERS/Seiko

 

 

 

 

Christophe Lemaitre a battu d'un centième son record de France du 100 m en 9''95, en remportant l'épreuve des Championnats d'Europe par équipes d'athlétisme, samedi 18 juin à Stockholm. Cet article, paru l'année dernière au moment où Lemaitre devenait le premier blanc à passer sous la barre des 10'', revient sur la délicate question de l'éventuel lien entre couleur de peau et performance sportive.

Il y a dix jours, l’affaire était inimaginable. Usain Bolt, la star mondiale du sprint comme de l’athlétisme tout entier, ne serait  pas l’unique vedette du meeting de Paris, organisé le vendredi 16 juillet au Stade de France. En terme de concurrence médiatique, le Jamaïcain a d’ores et déjà  fort à faire avec un Français qui rêve carrément de l’inquiéter sur 100m à Saint-Denis.

Double champion de France du 100m et du 200m depuis la semaine dernière, Christophe Lemaitre, 20 ans, est devenu un phénomène du sport français en l’espace d’un week-end à Valence. Non content d’égaler le record national du 200m vieux de 23 ans (20’’16), il a surtout fait tomber un mur en devenant le premier «blanc» (1) à passer sous la barre des 10’’ au 100m.

Ce chrono de 9’’98 est historique. Même à quarante centièmes du record du monde (9’’58, Bolt).

Jamais un «blanc» n’avait crevé ce plafond.  Depuis Jim Hines, premier homme à courir cette distance en moins de 10’’ (en 1968), ils sont 71 à avoir réussi une telle performance chronométrique. Tous des noirs.

Yannick Cochennec et Jean-Yves Nau, respectivement chroniqueurs sport et médecine-sciences de Slate.fr reviennent sur ces données; données qui relancent une controverse récurrente croisant caractéristiques génétiques (pour ne pas dire couleurs de peau) et performances humaines. Les 9’’98 de Christophe Lemaitre soulèvent en effet une question paradoxale: les athlètes noirs seraient-ils (et si oui pourquoi?) «naturellement» plus rapides sur cette distance que leurs homologues blancs? Comment comprendre que depuis 1984 inclus, toutes les finales olympiques du 100m n’ont vu s’affronter que des athlètes noirs?

Yannick Cochennec : Avant d’aborder un sujet aussi complexe et controversé, il me semble essentiel de préciser que Christophe Lemaitre (jeune homme d’ordinaire très effacé) est précisément sorti de sa réserve sur ce thème. Il s’est insurgé contre le fait que cette statistique de «premier homme blanc à franchir la barre des 100m» puisse être à ce point médiatisée. Il a évoqué le caractère «universel» de l’athlétisme; un espace où tout le monde aurait sa chance. «Parler de sprinteur blanc, je trouve ça aberrant», a-t-il déclaré. Cette histoire, c’est lourd, je n’aime pas du tout ça.»

Peut-être est-ce là une manière inconsciente visant à repousser l’attention qui désormais va se porter sur sa personne; une tentative préventive pour dire au monde   qu’il n’est pas «une bête curieuse», qu’il ne mérite pas d’être regardé différemment des autres athlètes, des hommes.  

Pour autant, on ne saurait ignorer que le sport adore se nourrir de statistiques. Et de la même manière que l’on a pu dire en 1968 qu’Arthur Ashe était le premier homme de couleur à remporter un tournoi du Grand Chelem en tennis, il est désormais inscrit dans l’histoire que Christophe Lemaitre est bien le premier blanc à être passé sous les 10’’.  Je m’étonne qu’il s’en étonne, et ce même si je comprends que le mot génétique, à partir du moment où il est prononcé, peut nous mettre mal à l’aise.

Jean-Yves Nau : Nous abordons ici un sujet à très, très, haut risque. Tentons d’être clair, pédagogique. La prudence s’impose car les errances d’une génétique utilisée et pervertie par des idéologies racistes sont là, récentes. Elles font que l’on ne peut toujours pas, sans danger, évoquer (voire sous-entendre) que des facteurs génétiques (par définition innés) interviennent, de près ou de loin, dans la réalisation de performances physiques et athlétiques hors du commun. Le risque est ici d’autant plus grand que (consciemment ou pas), on est immanquablement amené à établir des corrélations entre les facteurs génétiques pouvant expliquer pour partie telle ou telle performances et ceux qui sont à l’origine des couleurs de la peau.

Là encore, le risque de nourrir des thèses racistes n’est jamais très loin et ne peut être pris à la légère. A sa façon, Christophe Lemaitre a sans doute pressenti que rapprocher sa couleur de peau et son record pouvait ouvrir une moderne boîte de Pandore. C’est d’autant plus paradoxal qu’il aurait aussi pu se targuer d’être «génétiquement défavorisé» et d’avoir de ce fait réaliser un exploit d’une valeur encore plus grande que celle établie par le chronomètre…  

Sujet à haut risque donc. Pour autant, la génétique existe et explique pour une large part notre constitution corporelle, notre physiologie et certaines de nos différences. S’interdire d’y faire référence serait une erreur manifeste. Comme l’a excellemment dit le généticien Axel Kahn dans les colonnes de L’Equipe à propos du cas Lemaitre, il n’y a rien de mensonger ou de contraire à l’éthique que d’expliquer que des déterminants génétiques interviennent – par exemple — dans le fait que les Suédois sont en moyenne plus grands et plus costauds que les Pygmées. Si des déterminants  génétiques expliquent la couleur des yeux, des cheveux ou de la peau, il est à peu près évident (même si en l’état des connaissances actuelles, nous n’en avons pas la preuve certaine) que d’autres déterminants génétiques peuvent être impliqués des performances sportives via, par exemple, la constitution de certaines fibres musculaires.

Mais il faut se garder de toute simplification en prenant pour fait acquis que «les noirs sont plus rapides que les blancs» sur la base de statistiques sportives qui sembleraient l’indiquer. On peut facilement comprendre pourquoi de tels débats ébranlent le monde du sport: ils remettent en cause un principe d’égalité assez naïf qui voudrait que «chacun ait sa chance» et que les différences et les records  ne seraient que le fruit conjoint de la volonté et de l’entraînement. Christophe Lemaitre ne dit rien d’autre:

Il ne faut pas se baser sur la couleur mais sur l’envie, la hargne, l’entraînement. C’est ça le plus important, pas d’être blanc ou noir.

L’«envie» et la «hargne» sont sans aucun doute essentielles (et certains réductionnistes pourraient d’ailleurs soutenir qu’ils ont aussi des déterminants génétiques…) tout comme l’entraînement. Mais pourquoi faudrait-il se refuser à étudier et à intégrer l’existence de facteurs génétiques qui peuvent conduire à expliquer les performances sportives? Il ne s’agit pas de sacraliser le gène ou l’ADN mais, simplement, de chercher à comprendre. Et la génétique est une science qui avance à très grands pas.

De la taille des mollets éthiopiens

Yannick Cochennec : Pour le Pr Véronique Billat, directrice du laboratoire d’étude de la physiologie de l’exercice à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), «les performances physiques sont à 30% dues à des causes héréditaires et à 70% à l’entraînement et à l’environnement». Elle reprend notamment l’exemple de la domination des Ethiopiens et des Kenyans dans les courses de longues distances en rappelant qu’en s’entraînant en altitude (l’Ethiopie est sur un plateau central dont l’altitude varie entre 1.800 et 3.000m; le Kenya a une altitude moyenne de 1.850m), les coureurs de ces pays auraient la capacité à consommer de l’oxygène avec un rendement supérieur aux autres athlètes. Mais elle valide également les travaux du chercheur danois Bengt Saltin qui a aussi étudié la question de cette suprématie.

Il  considère qu'au-delà de la tradition des courses longues dans cette partie du monde, c'est surtout la morphologie particulière des coureurs kenyans et éthiopiens qui la justifierait: ils auraient, selon lui, des mollets beaucoup plus fins que les coureurs du reste de la planète. Ils pèseraient notamment en moyenne 400g de moins que ceux des Danois. Ce qui rendrait le ramené» de la jambe arrière plus aisé et permettrait, par voie de conséquence, la multiplication rapide des foulées.

Jean-Yves Nau : Cet exemple est particulièrement démonstratif. Les variables concernées sont sans aucun doute multiples qui empruntent aux habitudes et à la culture sportive d’un pays mais aussi à l’environnement et à l’alimentation etc.  Mais pourquoi faudrait-il écarter la génétique au motif qu’il serait mal d’en parler et ce parce que ce serait prendre le risque de donner des arguments aux personnes qui développent des thèses racistes?

Deux points me semblent importants ici. Le premier est que ces personnes n’ont pas besoin de la science pour soutenir leurs thèses. Le second est qu’expliquer des différences génétiques et corporelles qui peuvent existent entre les hommes n’est en rien raciste. Le racisme commence lorsque l’on se sert de ses différences pour commencer à établir des hiérarchies entre les hommes, à considérer qu’il y a des êtres supérieurs et d’autres qui ne le sont pas, voire qui ne sont pas des hommes.   

On ne saurait non plus se voiler la face. Si l’on suit cette chercheuse de l’Inserm, 30% ce n’est pas rien. Et on peut raisonnablement penser qu’avec les progrès de la génétique, il sera de plus en plus facile pour chacun d’avoir accès à sa carte génétique individuelle, de connaître son génome. On peut dès lors imaginer qu’il deviendra possible de programmer des carrières (sportives ou pas) en fonction de certaines dispositions inscrites dans les gènes.

On ne serait pas du tout dans le cadre du dopage, mais dans celui d’une sorte de présélection génétique afin d’obtenir les meilleurs résultats dans différents domaines.

Même si nos gènes gardent encore aujourd’hui une large part d’inconnu et de mystère, ils semblent bien écrire, à l’échelon moléculaire, une part de notre destin; et qui plus est une part dont une fraction est héréditaire. Or, dans ce domaine, les risques sont grands comme le montre dans une relative perfection le film «Bienvenue à Gattaca». Ce dernier évoque l’avènement d’un eugénisme de grande échelle avec des parents aisés à qui l’on propose systématiquement un tri génétique de leurs futures progénitures afin qu’elles soient les plus proches d’un «idéal» normatif, physique et sanitaire.

Ceci dit, les principes de présélection existent déjà. Il y a des critères utilisés par les fédérations, renforcés par la volonté de certains parents qui veulent, par exemple, que leurs enfants se mettent au tennis parce que c’est un sport rémunérateur. Ce n’est pas parce que nous vivons dans une société démocratique que nous échapperons forcément à cette logique (cette dérive?) qui existe déjà plus ou moins. La génétique pourrait ainsi simplement rajouter à la société du spectacle sportif en permettant de battre des records que l’on tenait jusqu’alors comme inaccessibles.

Yannick Cochennec : Une telle hypothèse serait sans doute inquiétante dans la mesure où ces avancées de la science pourraient s’intégrer dans la politique d’états dictatoriaux soucieux de mettre en place une élite sportive qui priverait les jeunes de leur libre choix. Mais j’ai du mal à imaginer qu’en France un enfant se mettrait au lancer du poids au motif  qu’il pourrait avoir des dispositions innées dans cette discipline et ce alors qu’il n’a qu’une envie: jouer au foot... Pour ma part, et au-delà de la génétique, j’ai tendance à penser que le sport est surtout ancré dans des traditions et, par voie de conséquence, empêtré dans des lieux communs à l’image du film «Les blancs ne savent pas sauter».

Aux Etats-Unis, le basket est, par essence, un sport de la culture noire, joué principalement par des noirs. Ce qui n’a pas empêché un blanc, Larry Bird, de devenir l’un des plus grands joueurs de l’histoire. Comme le baseball est culturellement un sport de blancs et d’hispaniques. Pourquoi ne voit-on jamais, ou si rarement, de noirs sur les podiums olympiques de natation? En partie parce qu’en Afrique, il n’y a pas de piscine et qu’il s’agit donc d’une discipline inconnue des plus jeunes. Je ne vois pas pourquoi un Sénégalais ne pourrait pas devenir champion du monde du 100m nage libre.

S’il n’y a pas eu récemment de blancs compétitifs sur 100m avant Christophe Lemaitre, c’est tout simplement parce que nos esprits ont été modelés selon cette idée que le 100m était réservé aux Noirs. A partir de là, les jeunes blancs se sont démobilisés sur cette distance en jugeant qu’elle n’était pas faite pour eux. A mes yeux, c’est un cliché balayé par le résultat de Lemaitre. Cette barre des 10’’ aurait dû être effacée par un blanc depuis belle lurette. En tennis, où il faut être rapide et endurant, il est possible, nous le voyons aujourd’hui, d’avoir une n°1 mondiale qui soit menue comme Justine Henin ou costaude comme Serena Williams.

Le nombril de la course

Jean-Yves Nau: En l’absence de certitudes absolues émanant de la génétique en particulier et de la science en général nous pouvons effectivement pianoter sur toute la gamme allant du déterminisme biologique à l’environnementalisme absolu. De l’inné à l’acquis.  

Yannick Cochennec : Ah, la science… Il y a trois ans, qui aurait pu imaginer qu’un homme pourrait courir le 100m en 9’’58 et le 200m en 19’’19? Personne, et surtout pas certains scientifiques, qui pronostiquaient que certains records comme ceux-là ne pourraient être grignotés que centième par centième. Or Usain Bolt les a «explosés». Je crois que la science a souvent été démentie par quelques phénomènes «inexplicables».

Que penser, par exemple, de cette nouvelle étude qui vient de paraître dans l’'International Journal of Design and Nature and Ecodynamics et qui indique que le nombril, centre de gravité du corps, serait la clé du secret de la domination des noirs à la course à pied et de celle des blancs en natation. Si deux coureurs ou deux nageurs de la même taille, un noir et un blanc, sont comparés, «leur taille importe peu, mais la position de leur nombril ou centre de gravité du corps fait la différence», a expliqué le Pr Adrian Bejan (Université de Duke) co-auteur de cette étude. Peut-on sérieusement accorder de l’attention à de telles conclusions émanant pourtant d’éminents scientifiques?

Jean-Yves Nau : Les scientifiques ont –au moins- un point commun avec les athlètes: ils ne détestent pas la notoriété. Et, de fait les auteurs de cette étude ont connu une certaine gloire médiatique avec cette publication sur la valeur de laquelle je suis bien incapable de me prononcer. Sans vouloir aucunement jouer le rôle du scientiste, je pense qu’il est essentiel de prendre conscience du prodigieux et ultra-rapide développement de la génétique humaine. Pour l’heure, cette discipline ne parvient pas à véritablement guérir mais elle sait diagnostiquer, avant la naissance un nombre croissant de maladies d’origine génétique.

Sans jouer non plus au devin, tout indique que nous nous rapprochons du moment où il ne s’agira plus de corriger (ou d’éliminer) le pathologique mais bel et bien d’améliorer l’existant en manipulant le génome humain comme on le fait avec des végétaux ou des animaux. De ce point de vue, le sport sera sans aucun doute le premier terrain expérimental. Le stade redeviendrait alors le cirque et les athlètes de modernes gladiateurs. 

(1) Une première version de cet article comportait une erreur: il y a déjà eu un Français sous les 10 secondes. Ronald Pognon avait tapé 9"99 en 2005 à Lausanne. Nos excuses à Ronald Pognon et à nos lecteurs.

Pistorius, le Sud-Africain qui court plus vite que les préjugés

Equipé de ses prothèses, le Sud-Africain Oscar Pistorius va se mesurer à des sprinters valides lors de l'épreuve du 400 mètres des Mondiaux de Daegu.

 


Oscar Pistorius se prépare pour un 400 mètres au Stade olympique de Rome, le 11 juillet 2008. REUTERS/Alessandro Bianchi


Le parcours d'Oscar Pistorius s'est achevé en demi-finale. Le Sud-Africain a terminé dernier de sa série en 46 s 19, à plus d'une seconde de son meilleur temps. En finale, le Grenadin Kirani James s'est imposé devant le tenant du titre, l'Américain LaShawn Merritt, et le Belge Kévin Borlée.
 

Les 13e championnats du monde d’athlétisme n’ont pas encore débuté, mais ils ont déjà leur héros. La superstar des pistes Usain Bolt va en effet devoir partager la vedette avec Oscar Pistorius, qui va enfin avoir l’occasion de courir au côté des meilleurs sprinters du 400 mètres.

Quelles que soient ses performances à Daegu (Corée du Sud), où auront lieu les Mondiaux d'athlétisme du 27 août au 4 septembre, le coureur d'Afrique du Sud a déjà gagné respect et admiration. Son invalidité ne l’empêche pas de mener une prestigieuse carrière de haut niveau. Grand compétiteur, Oscar Pistorius  se hisse toujours plus haut, plus loin, plus vite, au-dessus des obstacles.

Un handicap, quel handicap?

Peut-être était-ce son destin. Tout commence le 22 novembre 1986, à Johannesburg. Sheila Pistorius, femme de Henke, donne naissance à un petit Oscar. Né sans péronés ni plusieurs os des pieds, «Oz», comme le surnomme sa mère, s’éveille à une existence hors du commun. Alors qu’il n’a que onze mois, ses parents décident de son amputation, en dessous des genoux.

Issu d’une famille aisée d'origine italienne, il bénéficie de prothèses qui lui permettent de vivre pleinement sa jeunesse, sous l’égide et la fougue contagieuse de son grand frère Carl. Ensemble, les deux font les 400 coups dans leur quartier chic de Sandton (Johannesburg).

Jamais il n’est question de handicap, terme rejeté par le garçonnet. Venu au monde ainsi, Oscar Pistorius a eu la chance de grandir sans avoir à fréquenter de structure adaptée. Aussi se moque-t-il des mauvaises blagues des gamins de son âge.

Outre un moral d'acier, Oscar Pistorius  se construit rapidement un physique du même accabit. Touche-à-tout, le jeune garçon se développe en s’adonnant au tennis, au surf, au vélo, au football, à la boxe… Une passion qui lui est d’un grand secours quand, en 2001, sa mère décède. Comme pour noyer son chagrin, il se lance plus que jamais dans le sport.

Naturellement, l’adolescent finit par s’adonner au sport roi de la patrie de Nelson Mandela: le rugby, très populaire au sein de la communauté blanche d'Afrique du Sud (la communauté noire privilégie, elle, le football). Pendant près de deux ans, il manie le ballon ovale avec talent. Jusqu’à ce jour de 2003 où son genou droit cède sous un plaquage trop viril. Le verdict est sévère: déchirure des ligaments, repos forcé de plusieurs mois. Oscar Pistorius l’ignore encore, mais cet accident va bouleverser son existence: pour sa rééducation, on lui conseille l’athlétisme.

La naissance de «Blade Runner»

En janvier 2004, alors âgé de 17 ans, Oscar prend la direction du club d’athlétisme de Pretoria, pour retrouver la forme et, espère-t-il, les terrains de rugby. Au sein du club de la capitale, il prend goût au tartan des pistes d’athlétisme et se laisse convaincre que son avenir est dans ce sport.

Avec ses prothèses «Cheetah» et sa condition physique optimale, Oscar Pistorius  s’affirme d’entrée comme un sprinter très prometteur et aligne d’excellents chronomètres. Ses performances sont telles qu’en septembre 2004, il prend part aux Jeux paralympiques d’Athènes, où il glane deux médailles: une en bronze sur 100 mètres, et une en or sur 200, assortie du record du monde. Un phénomène est né. Son surnom: «Blade Runner» (le coureur aux lames).

Oscar Pistorius  commence à régner en maître sur les épreuves de sprint, catégorie handisport. L’équipementier Nike s’associe à celui qui devient une célébrité dans son pays et à travers le monde. L’entreprise à la virgule lui octroie une place de choix dans sa stratégie publicitaire, aux côtés d’icônes du sport. La marque de boisson Powerade fait de même.

En 2007, le Sud-Africain signe les records du monde de l’athlétisme paralympique sur 100 mètres et 200 mètres et clame ses nouvelles ambitions: affronter des sprinters valides en compétition officielle. 

«Je suis un athlète et c’est tout. Je suis un sprinter. Avec ou sans jambes», répète l’intéressé dans son autobiographie, Courir après un rêve (2010, l’Archipel).

La Fédération internationale d’athlétisme demande à ce qu’un regard scientifique soit posé sur le champion. La question est de déterminer s’il tire ou non avantage de ses prothèses, conçues en Islande. Les premières conclusions sont dures: ses lames de carbone lui confèreraient un avantage certain, et l’athlète n’est pas autorisé à concourir chez les valides. Ce jugement est ensuite révisé par le Tribunal arbitral du sport, mais Oscar Pistorius  échoue à se qualifier pour les Jeux olympiques de Beijing, en Chine.

Blade Runner se console en écrasant la concurrence aux Jeux paralympiques de Beijing, où il monte sur la plus haute marche des podiums du 100 mètres, du 200 mètres et du 400 mètres. Un triplé qui le conforte dans son ambition de se frotter au gratin des sprinters valides.

Peut-il courir face aux athlètes valides?

L’année 2011 débute par une sensation aux Mondiaux handisport de Christchurch, en Nouvelle-Zélande. En finale du 100 mètres, l’Américain Jerome Singleton détrône Oscar Pistorius  d'un cheveu (ex-æquo, tous deux sont départagés à la photo-finish). Ce dernier est défait pour la première fois en sept ans. Mais pour lui, la suite est plus savoureuse.

Le 19 juillet 2011 est un jour à marquer d’une pierre blanche. Au meeting de Lignano, en Italie, le Sud-Africain prend le départ du 400 mètres et réussit le tour de piste en un temps canon: 45 s 07. L’enfant de Johannesburg explose son meilleur temps personnel (45 s 61) et réussit, à son ultime tentative, les minimas (45 s 25) imposés par la Fédération sud-africaine d’athlétisme pour participer aux Mondiaux de Daegu.

Trop juste pour Osaka (2007) et Berlin (2009), Oscar Pistorius  va enfin goûter au championnat du monde des valides. Le 8 août, sa fédération l'a confirmé: il sera le seul représentant sud-africain sur 400 mètres, et figure parmi les sélectionnés pour le relai 4x400 mètres:

«J’ai rêvé pendant si longtemps de pouvoir participer à une compétition majeure et c’est un grand moment de fierté dans ma vie. C’est un honneur de représenter mon pays dans un si prestigieux événement», a déclaré l’intéressé sur son site officiel.

Sa présence à Daegu ne laisse pas indifférent. Et même si la participation de Pistorius aux JO de Londres 2012 n'est pas encore certaine, le président de son comité d’organisation, l’ancienne gloire du demi-fond Sebastian Coe, n’a pas caché son enthousiasme, comme le rapporte le quotidien sportif français L’Equipe:

«Nous avons fini par […] admettre la possibilité d'intégrer des athlètes handicapés dans nos championnats. Je souhaite la bienvenue à Oscar à Londres, comme je le ferai en Corée du Sud dans quelques semaines.»

Joint par Slate Afrique, Jean Minier, directeur technique national de la Fédération française d’handisport rappelle que ce n’est pas la première fois que des sportifs handisport intègrent de grandes compétitions:

«Des athlètes sourds ont été champions olympiques de judo, vice-champions olympiques de natation… Michel Salesse, atteint de poliomyélite, a été champion olympique d’épée par équipe à Moscou en 1980. Bien d’autres sportifs ont ouvert cette voie avant Oscar Pistorius.»

En revanche, le fait d’autoriser un sprinter muni d’un dispositif spécial à courir avec les valides soulève la question de savoir jusqu’à quel point les athlètes handicapés peuvent investir ces compétitions. La limite avec le dopage est-elle si éloignée? Verra-t-on bientôt des athlètes suréquipés dominer le monde du sport? Jean Minier n’y croit pas:

«Je ne suis pas certain que ça ouvre de grandes perspectives. C’est très difficile d’imaginer un rapprochement entre le monde olympique et le monde paralympique. Ce serait de trop grosses modifications en profondeur. Je n’attends pas de grande révolution.»

Pour l’heure, Oscar Pistorius reste donc un cas à part.

«Il fait une promotion intéressante de l’athlé handisport. Ce sera l’occasion pour les athlètes handisport et pour l’athlétisme handisport d’exister. C’est une belle aventure humaine, et je lui souhaite qu’elle soit couronnée de succès», confie Jean Minier.

S’il a encore des efforts à fournir pour rivaliser avec les meilleurs spécialistes du 400 mètres —dont les chronos tournent en dessous de 44 s 50— le Sud-Africain a une belle carte à jouer. S'il réitère sa dernière sortie transalpine, une place sur le podium est possible, compte tenu des forfaits de l’Américain Jeremy Wariner et du récent champion d’Europe en salle français Leslie Djhone. Et s'il avait encore besoin d'un peu plus de motivation, Oscar Pistorius pourrait se répéter le leitmotiv qui l’anime depuis toujours : «Nous avons tous un handicap, mais nous avons tous aussi la possibilité de dépasser nos limites.»

Nicolas Bamba

TIC ET INTERNET

Après la Tunisie : Internet sert-il à faire la révolution ?

 Au moment où le débat fait rage sur l'importance réelle des réseaux sociaux et d'Internet dansla révolution tunisienne, Paris accueille un homme qui plaide à contre-courant : Evgueny Morozov, un exilé biélorusse aux Etats-Unis, qui vient de publier un livre au titre dégrisant : « The Net delusion » (l'illusion du Net).

Morozov dénonce la « cyberutopie » qui draperait la technologie de vertus émancipatrices intrinsèques, mais prend surtout pour cible le soutien officiel des Etats-Unis à des blogueurs ou à des initiatives technologiques en direction des pays qui figurent dans le collimateur de Washington : l'Iran, la Chine, le Venezuela…

Une « ingérence numérique » aux relents de guerre froide, dit-il, qui aurait succédé, en quelque sorte, à l'ingérence de George Bush avec des tanks et des G.I. Pas de trace de cela en Tunisie. Sans doute, ironise Morozov qui refuse de voir dans la révolution tunisienne un démenti, ou au moins un bémol à ses thèses, parce que les Etats-Unis n'avaient aucune envie de renverser le régime pro-occidental de Ben Ali.

Pas de « révolution 2.0 » mais un effet Facebook

Revenons d'abord sur les événements de Tunisie. L'expression « révolution 2.0 » est assurément un abus de langage : le geste de Mohamed Bouazizi, l'homme qui s'est immolé à Sidi Bouzid, déclenchant le processus qui a abouti un mois plus tard à la fuite du dictateur tunisien, n'a évidemment pas été déclenché par Internet, mais par sa propre exaspération face à l'arbitraire dont il avait été victime.

Mais là où cet événement aurait pu rester localisé et ignoré, il a circulé et a mis le feu à la Tunisie. Et le vecteur de la circulation de l'info fut Internet ou, pour être plus précis, Facebook, qui, avec 2 millions de comptes en Tunisie, était devenue la seule plateforme d'échange d'informations non censurée du pays, alors que YouTube ou Twitter étaient devenus inaccessibles.

Facebook, expliquait vendredi un invité tunisien de France Culture, était devenu un « territoire libéré » pour les jeunes Tunisiens urbains, un pays virtuel où se disait et se montrait tout ce qui pouvait déplaire au régime de Ben Ali. Lorsque les premières images de manifestations et de répression ont commencé à circuler, elles ont trouvé sur Facebook le vecteur idéal. Particulièrement lorsque sont apparues les vidéos tournées à l'hôpital de Kasserine, la ville qui a connu le plus de victimes, avec des corps atteints par balles à la tête, et la panique dans l'établissement débordé par l'afflux de victimes.

Ces images ont sans doute représenté le point de non-retour pour cette crise sociale devenue révolution politique, et c'est incontestablement l'effet Facebook. Une fois ce constat établi, Morozov a beau jeu de dire que si l'armée n'avait pas refusé de tirer sur la foule, Ben Ali aurait peut-être pu retourner la situation à son avantage, et aurait lancé une vague de répression contre tous ceux qui s'étaient affichés en faveur de cette révolution sur Facebook, Twitter et autres plateformes web. Avec des si…

Pas de « nouveau Rwanda » grâce à Twitter ?

Car Evgueny Morozov ne craint pas de dénoncer tous ceux qui, depuis les évènements d'Iran il y a deux ans, lors de la réélection d'Ahmadinejad, en passant par la Biélorussie et la Chine, misent sur Internet et les réseaux sociaux pour répandre les idées libertaires et saper les régimes autoritaires ou dictatoriaux.

Avec un florilège de déclarations outrancières, dont celle de Gordon Brown, l'ancien premier ministre britannique, que nous avions relevée en son temps, estimant qu'à l'heure d'Internet, il ne pouvait pas y avoir de « nouveau Rwanda ».

Dans son livre, récemment paru aux Etats-Unis, il parle de « cyberutopie », qui est « […] la croyance naïve dans la nature émancipatrice de la communication en ligne, qui repose sur un refus obstiné de prendre en considération ses aspects négatifs ».

Il considère pour sa part que les dissidents et autres activistes qui utilisent le Web dans ces pays soumis à des régimes policiers se mettent en danger car ils laissent derrière eux une trace qui rend leur surveillance et leur éventuelle capture plus aisées. Vendredi soir, lors d'une rencontre organisée par nos amis d'Owni à La Cantine, un lieu dédié au numérique à Paris, Morozov n'a pas hésité à dire que la leçon que devraient tirer les régimes arabes autoritaires qui craignent aujourd'hui la contagion tunisienne, serait de lever toute censure sur Facebook et de laisser leurs détracteurs sortir du bois. Avant de leur tomber dessus à la première occasion !

Le soutien au cyberactivisme, un « baiser de la mort »

Un brin cynique vis-à-vis de ceux qui s'enthousiasment sur la révolution internet en Tunisie, Evgueni Mozorov est plus convaincant quand il dénonce l'approche idéologique du département d'Etat américain, incarné par le grand discours d'Hillary Clinton il y a tout juste un an, sur la nouvelle frontière de la liberté que représente Internet, et sur le « baiser de la mort » que peut représenter le soutien actif de Washington aux blogueurs issus des pays autoritaires. Il n'est pas le seul à le penser. Samy Ben Gharbia, un cyberactiviste tunisien exilé en Europe, a récemment publié un long texte, disponible en français sur Owni.fr, dans lequel il déclare d'entrée de jeu : « Ce document part donc de l'hypothèse que l'engagement privé – des entreprises – et public – de l'administration – US dans le mouvement pour la liberté sur la Toile est dangereux pour cette même liberté. J'éclairerai les raisons pour lesquelles je considère ce nouveau contexte comme étant extrêmement dangereux pour le mouvement des cyberactivistes de base». Il convient toutefois de distinguer les engagements politiques, effectivement à double tranchant, des gouvernements occidentaux, Etats-Unis en tête, dans une nouvelle croisade libertaire à manier avec précaution, et l'usage que font les citoyens dans tous les pays concernés de ces technologiques.

Ainsi, vendredi, lors d'un séminaire du Ceri de Sciences-Po sur Internet et diplomatie, la représentante américaine du bureau Internet du département d'Etat, Michele Markoff, a fait un véritable discours de guerre froide face aux menaces russe et chinoise, appelant à une coordination entre pays « amis » au sein de … l'Otan. Laissant pantois les diplomates, comme la représentante britannique, qui venaient de parler avec enthousiasme de ses ambassadeurs blogueurs et de ses innombrables followers sur les comptes Twitter du Foreign office !

Cyberguerre, cyberpropagande, cyberpolice, vont évidemment de pair, sur les mêmes technologies, avec le simple geste d'un jeune Tunisien qui « poste » la vidéo d'une manif contre Ben Ali. Mais Evgueni Mozorov va sans doute vite en besogne quand il rejette l'un comme l'autre au nom d'un principe de précaution politique qui, dans le cas de la Tunisie, aurait sans doute privé le geste de Mohamed Bouazizi du retentissement qui, au bout du compte, lui a donné toute sa portée et en a fait l'acte fondateur d'une véritable révolution.

 

Téléphonie : bientôt la fin de l'Internet mobile illimité ?

Par Capucine Cousin

Craignant la saturation des réseaux, les opérateurs, qui brident déjà les connexions, pourraient lâcher l'Internet illimité.

D'ici quelques mois, les opérateurs mobiles ne proposeront peut-être plus d'Internet « illimité », et les forfaits idoines. Si rien n'est officiel pour l'instant, quelques décisions radicales prises à l'étranger, et des déclarations percutantes de Stéphane Richard, nouveau patron d'Orange, montrent bien que la mécanique est enclenchée.

Limiter l'Internet illimité

Le 15 juillet dernier, lors de son premier round devant les journalistes, où il dévoilait le plan « Conquêtes 2015 », Stéphane Richard, PDG d'Orange (qui compte 47% des parts de marché dans le mobile), a tenu ces déclarations fracassantes : « Je pense qu'il faut qu'on fasse un usage plus limité de l'illimité. […] Il faut que nous réfléchissions à des modèles similaires qui permettent de rétablir un équilibre économique. »

Il a même confié à l'agence Reuters « étudier une segmentation plus poussée des offres de données sur mobile ». Preuve que la réflexion est bien engagée chez les opérateurs français. Pas de commentaire supplémentaire du côté d'Orange, qui estime « avoir abordé le sujet » en juillet dernier, ni de SFR qui, contacté à plusieurs reprises par Rue89, a déclaré « ne pas avoir le temps » de s'exprimer en la matière. Bouygues Télécom, pour sa part, s'estime peu concerné par la question des risques de saturation. Logique : son parc de smartphones est plus réduit que chez ses concurrents.

Nouvelles habitudes de consommation

Explications. Aujourd'hui, le smartphone, ce téléphone mobile « intelligent » qui permet de surfer sur le Web, est devenu la star des téléphones mobiles, le succès de l'iPhone aidant -depuis son lancement en novembre 2007, plus de 3,2 millions d'iPhone avaient été vendus fin juin.

Avec ce nouveau joujou high-tech, de nouveaux usages sont apparus chez les utilisateurs (« mobinautes ») : consulter ses e-mails (et ouvrir de pièces jointes parfois lourdes), naviguer sur Internet, télécharger des applications mobiles, visionner des vidéos sur Internet en streaming, regarder la télévision…

Des usages qui sont précisément les plus gourmands en consommation de bande passante, aors que les réseaux n'avaient pas été conçus pour cela : les smartphones génèrent une consommation de données 40 fois plus élevées que les téléphones classiques, d'après Cisco. Et ces « mobinautes » devraient se multiplier, alors qu'apparaissent de nouvelles générations de smartphones bon marché, par exemple ceux tournant sous le système d'exploitation Android.

Réseaux saturés ?

Du coup, face à cette accélération exponentielle du trafic de données, les opérateurs redoutent que leurs réseaux ne tiennent pas. Le trafic de données a été multiplié par dix en 2008, et ce n'est pas fini : il devrait être multiplié par trente d'ici 2014 selon l'institut Yankee Group. Un consultant en télécom souligne : « Des cabinets de conseils spécialisés sur le déploiement de réseaux télécoms estiment qu'avec la démocratisation de ventes de smartphones, Orange France aura des problèmes de saturation des réseaux d'ici moins de deux ans, et SFR d'ici deux ans si rien n'est fait d'ici là. »

Quelle solution ? Restructurer les réseaux télécoms pour qu'ils supportent ce trafic de données ? Trop cher, pas assez rentable pour les opérateurs. Ceux-ci ont trouvé la parade : élaborer de nouveaux modèles de tarifs dans l'Internet mobile, calculés selon le volume de données consommées. Ce qui marquerait la fin de l'Internet « illimité » sur les smartphones. Dommage pour les opérateurs, c'était au cœur de leur promesse marketing.

La fin de la promesse de l'Internet illimité

A l'étranger

L'américain AT&T a annoncé en juin le lancement de forfaits calculés en fonction du volume de données consommées. De même, le Britannique O2 a annoncé la commercialisation en octobre de nouveaux forfaits illimités : le plafond sera fixé à 1 gigaoctet de téléchargement par mois pour les nouveaux abonnés. Mais comment habituer des consommateurs à la fin de la promesse des forfaits « illimités » ? « Orange et SFR travaillent sur ces nouveaux tarifs sur la pointe des pieds. La première opportunité de lancement serait en mars-avril 2011 », d'après ce même consultant.

« Ce ne sera qu'une manière de clarifier les choses, alors que les opérateurs limitent de facto le débit dans les contrats d'abonnement au-delà d'un certain volume de données mensuelles (de 500 mégaoctets à 2 gigaoctets). Il ne s'agissait donc déjà pas de forfaits “illimités” », tranche Edouard Bareiro, chargé de mission communications électroniques à l'UFC-Que Choisir.

L'association de défense de consommateurs a précisément publié en juillet dernier un rapport peu flatteur pour les opérateurs en matière de connexion 3G, notamment sur la pratique du bridage des forfaits. De fait, les opérateurs limitent déjà les performances des services et applis mobiles qui consomment le plus de données et de bande passante. Faites le test en regardant des vidéos YouTube sur votre mobile…

Mesurer sa consommation en volume de données

Dans les faits, « les opérateurs planchent sur des outils de mesure de consommation des données plus fins et précis pour leur propre usage mais aussi pour leurs clients, notamment avec le Canadien Bridgewater System. SFR en mettra un à disposition début 2011 », précise ce même consultant.

Cela leur servirait de base pour mettre en place des forfaits basés sur la consommation de données, et leur permettrait d'éduquer leurs clients sur leur propre consommation de data. Justement, l'UFC-Que Choisir réclame que figure sur les factures la consommation de données en mégaoctets.

 

 

HISTOIRE


ROYAUME DU YATENGA : L’historique d’une dynastie

 

Dans notre édition du 8 août dernier, nous rendions compte de l’intronisation du Rassam Naaba dans le Yatenga, qui s’est effectuée sur fond de tensions. L’auteur de l’écrit ci-dessous apporte sa lecture de la situation en y ébauchant quelques repères historiques. Le samedi 6 août 2011, la cité de Naaba Kango a connu des échauffourées relatives à l’intronisation du nouveau Rassam Naaba Yemdé de la lignée de Naaba Wobgo.

Des journaux tels que "Le Pays" et "L’Observateur Paalga" dans leurs éditions du 8 août dernier, se sont fait, professionnellement, l’écho de cette journée. Afin de dépasser l’événementiel et éclairer celles et ceux qui s’intéressent à l’histoire du Yatenga et notamment à l’histoire coutumière des Rassam Naaba du Yatenga, il nous plaît, au nom de la famille Bangbatimbo, d’apporter quelques informations qui permettront, à n’en pas douter, de rétablir certaines vérités.

 De prime abord, il convient de souligner que nulle part, il n’a jamais été question de successions alternatives au Yatenga. La présente liste jointe est éloquente quant à la succession des Rassam Naaba. La famille Bangbatimbo est gardienne des coutumes depuis 1754 jusqu’en 2011. Elle n’a pas seulement 41 ans de règne, mais deux siècles et demi de règne, dans le temps et dans l’espace. Nous soulignons pour toutes fins utiles que beaucoup de personnalités religieuses, coutumières... ont trouvé leurs repères dans les inter mariages avec la famille Bangbatimbo. Dans le cadre de la représentativité, 73 villages constituent la taille de notre famille. L’interférence de la famille Wobgo constitue un accident de parcours, comme ce fut le cas dans bien des chefferies, dont il sied de relater quelques faits. En effet, il a fallu la vacance de la chefferie du village de You dans la province de Titao (actuelle province du Lorum) pour introduire la famille Wobgo dans la lignée successorale par le Yatenga Naaba à l’époque. Le village de You relève des coutumiers du Rassam Naaba Wibga. Ainsi donc, suite au décès du chef de village de You, il fallait pourvoir à sa succession. Deux candidats étaient en lice. L’un était le protégé du Yatenga Naaba, chef suprême du Rassam Naaba Wibga.

A l’époque, la population exigea un vote pour les départager. Deux canaris ont servi d’urnes dont un canari pour chaque candidat. Les cailloux ont servi de bulletins de vote, c’est-à-dire un caillou par électeur et à mettre dans le canari de son choix. Le vote étant accompli et au décompte, le protégé du Roi du Yatenga perdit les élections. Très vite, les oiseaux de mauvais augure rentrèrent dans la danse pour convaincre le Roi du Yatenga que si leur candidat n’a pas été plébiscité c’était à cause de Naaba Wibga puisque le village relevait de lui. Le Roi ne se le fit pas dire par deux fois et attendit patiemment l’heure de ce qu’il considérait comme sa vengeance.

A la mort de Rassam Naaba Wibga, la succession devait revenir au premier fils du défunt. Mais force est de constater que le Roi du Yatenga de l’époque décida d’introduire, dans la lignée successorale, le Naaba Wobgo qui était chef du village de Barelgo et qui relevait d’une autre lignée. Au décès de Naaba Wobgo, le Roi Naaba Guigma rétablit l’ordre en rendant à César ce qui est à César en intronisant l’ancien Maire de Ouahigouya et premier fils de Naaba Wibga, Naaba Sanoum. Après le décès de ce dernier, fut intronisé son frère Naaba Koutou qui est décédé en 2011. S’agissant de la succession de Naaba Koutou, celle qui fait d’ailleurs l’objet de la présente polémique, ce dernier et son grand frère Naaba Sanoum ont leurs tombes dans la cour coutumière et les autres ont les leurs dans la cour coutumière réservée aux enfants.

La famille Bangbatimbo tient une fois de plus à remercier très sincèrement et porter une mention spéciale à l’endroit du collège coutumier qui a su prendre les responsabilités qui sont les siennes, à toute la grande famille de Sa Majesté Naaba Kiba, qui a fait preuve d’un sens élevé pour éviter le pire dans le royaume de Naaba Kango. Chefferie du Rassam - Naaba, ministre de Sa Majesté roi du Yatenga (Ouahigouya)

 

1. INTRODUCTION

Le Rassam Naam (Chefferie du Rassam) a été institué en 1754 par Naaba Kango et attribué à Bangbatimbo pour l’estime et la confiance qu’il avait en lui. Bangbatimbo est l’ancêtre du Rassam Koutou, dernier Rassam (13e) décédé (2011).

 

II. Etat des successions 1754 à 2011 (sauf erreur)

 

1. Rassam Naaba Bangbatimbo 2. Rassam Naaba Belemnedgo (Lignée Bangbatimbo.) 3 Rassam Naaba Boundou (Lignée Bangbatimbo.) 4. Rassam Naaba Bebiyida 5. Rassam Naaba Kulga (Lignée Bangbatimbo.) 6. Rassam Naaba Siguiri 7. Rassam Naaba Koom (Lignée Bangbatimbo.) 8. Rassam Naaba Siido (Lignée Bangbatimbo.) 9. Rassam Naaba Lolga (famille nouveau Rassam : 1 an et demi de règne) 10. Rassam Naaba Wibga (Lignée Bangbatimbo.) 11. Rassam Naaba Wobgo (famille nouveau Rassam 40 ans de règne.) 12. Rassam Naaba Sanoum (Lignée Bangba. fils de Wibga) 13. Rassam Naaba Koutou (Lignée Bangba. fils de Wibga 14. Rassam Naaba Yemdé/ actuel (famille de Lolga)

 

III. Récapitulatif des règnes des deux familles belligérantes

 

Sur 13 règnes jusqu’au Rassam Koutou) :
 La lignée (famille) Bangbatimbo compte neuf (9).
 La lignée (famille) Lolga, du nouveau Rassam (Yemdé) intronisé le 6/08/2011 compte deux (2) - Yemdé est le 3e de sa lignée.

 

IV- Attributs immobiliers de la chefferie

 

Parmi les attributs liés à l’exercice de la coutume figurent :
 Les deux (2) cours (concession du chef abritant les fétiches royaux et cour des enfants et suite du chef) situées au secteur 7.
 Un champ situé à la sortie Nord de la ville de Ouahigouya.

NB : La famille de l’actuel Rassam (Yemdé) occupe la cour des enfants depuis le décès de leur patriarche Naaba Wobgo.

Août 2011.

 

Mamadou Rassam OUEDRAOGO

Administrateur civil à la retraite, ancien député

 

 

Djibril Tamsir Niane
Recherches sur l'Empire du Mali au Moyen Age

Recherches africaines . No. 1, janvier 1959. p. 6-56


Sommaire

Première partie. La tradition historique

On dit que la parole s'envole, que les écrits restent; il n'est point besoin d'insister sur cet aphorisme, et il explique le peu de crédit que l'on accorde en général aux sources orales comme documents historiques. Si la transmission par la voix des choses anciennes est sujette aux déformations, il n'en reste pas moins vrai que pour un pays comme l'Afrique Noire où l'écriture a eu peu d'influence, l'Historien doit en tenir compte; les formules plusieurs fois séculaires que les traditionalistes se transmettent de génération en génération ne sont pas dépourvues de valeur historique surtout quand on sait que cette tradition est l'objet d'un enseignement soigneusement organisé. En Afrique Noire, il faut faire la distinction entre la tradition populaire, véhicule des légendes historiques, et ce que nous appellerons « la tradition-archives » : celle-ci pour l'Ouest Africain est détenue par ceux que l'on appelle communément « Griots ». Autrefois dans les Cours Royales, le Griot a joué le rôle du chancelier; l'homme qui possède tous les documents sur les façons et les traditions des Rois et qui les dit au Roi de vive voix ; le Griot a été le livre vivant des souverains de l'Ouest Africain.

En Afrique Noire, la parole, la voix humaine a un grand pouvoir; sa maîtrise n'est pas donnée à tout le monde et les griots sont précisément ceux qui cultivent la parole. Dans les pays manding, dans chaque village il y a un griot qui tient pour ainsi dire la chaire d'histoire du village, on l'appelle « Belen-Tigi » c'est lui qui connaît toute l'histoire du village et de la région que son prédécesseur lui a enseigné pendant de longues années ; le « Belen-Tigi » connaît l'histoire de toutes les tribus qui peuplent sa « province », il connaît la liste des chefs qui se sont succédés depuis un temps très lointain. Plus souvent on trouve par province un village de griots 1 et c'est là où se trouve le « Belen-Tigi » ; dans chaque province, il y a un village des Anciens, la fondation la plus ancienne où se conserve également la tradition historique de la province.

Le « Belen-Tigi», dès qu'il est désigné se choisit un successeur qui commence à recevoir son enseignement oral ; le « Belen-Tigi » prend la parole aux grandes occasions quand par exemple, meurt le doyen d'âge du village, c'est l'occasion de raconter l'histoire du village, de sa fondation, de l'occupation de toute la province ; cependant il n'entre dans le détail de l'histoire des Rois ou des Chefs que devant un cercle restreint de notables. Cette « tradition-archives » est ainsi le monopole des griots ; l'enseignement du « Belen Tigi » dure plusieurs années ; d'après nos enquêtes il semble que la première phase de cet enseignement porte sur la récitation par coeur des longues listes généalogiques des princes et qu'ensuite par tranches on meuble cette liste en mettant devant les grands noms les faits notables du règne. L'élève doit débiter rapidement la liste parfois sur un ton un peu chantant 2 ; les faits qui remplissent les grands règnes sont enregistrés dans des sortes de poèmes très faciles à retenir. Un « Belen-Tigi » en général fait toujours son « Tour du Manding », il passe dans les villages aux traditionalistes célèbres; Keyla près de Kangaba (cercle de Bamako) est le centre traditionaliste le, plus fameux, tout « Belen-Tigi » doit pouvoir se vanter d'avoir reçu une partie de son enseigne. ment à Keyla; outre l'histoire, on enseigne à Keyla l'art oratoire 3.

Kangaba

Cette ville a été le dernier refuge des Empereurs de Mali au XVIle siècle quand les Bambaras de Ségou se furent constitués en royaume indépendant contre Mali et eurent mis en échec l'Empereur devant la ville de Ségou. Près de Kangaba que l'on appelle plus communément Kaba, le village de Keyla habité par les Griots Diabaté ou Dioubaté est devenu le centre « traditionaliste » par excellence.

Des griots viennent du Soudan, du Sénégal, de la Guinée pour écouter l'enseignement des Diabaté. Destiné à des gens déjà formés à la parole, cet enseignement peut durer de six à douze mois ; on peut toujours rester davantage, si on le désire. Ceux qui ne peuvent payer les Maîtres en argent séjournent au moins pendant les mois d'hivernage et travaillent dans les champs de ces « doctes campagnards ». L'enseignement de l'histoire est intimement associé à l'Art oratoire ; ainsi les maîtres donnent la parole aux griots étudiants au cours de petites cérémonies pour les exercer.

L'Histoire du Manding est le monopole d'une seule famille et qui garde jalousement devers elle les « secrets du Manding » comme on dit. Toute l'histoire est centrée sur une case dite « Camambolon on Bolon » sise à Kangaba ; on en refait la toiture tous les sept ans. C'est à cette occasion qu'en cercle très restreint le « Belen-Tigi » des Diabaté raconte l'histoire du Manding depuis ses origines ; évidemment les Etrangers sont exclus, n'y sont admis que des griots venus de tous les horizons et les membres de la grande famille des Keita. Pendant une semaine, chaque jour le « Belen-Tigi » prend la parole devant une foule nombreuse et raconte l'histoire populaire telle que tout le monde la connaît plus ou moins.

La fameuse case aurait été construite par Mansa Souleymane (1336-1358) après son retour de la Mecque, en 1352; c'est là où il déposa les livres saints qu'il avait rapportés du Hedjaz 4. Devant la case se dressent trois fromagers qui, dit la tradition, symbolisent la discorde de trois frères prétendant à l'Empire ; la case blanchie au kaolin à l'extérieur est couverte de signes incompréhensibles.

Le Camambolon est très important pour la connaissance de l'histoire du Manding ; des Administrateurs ont tenté d'en pénétrer le secret, mais ont toujours rencontré une hostilité de la part des griots de Keyla.

On peut dans les régions périphériques du vieux Manding (Hamana, Kita, Dioma) recueillir les traditions des griots de ces provinces, mais notre connaissance de la vie des Empereurs, des moeurs de la Cour restera toujours incomplète tant qu'on n'aura pas arraché aux traditionalistes de Keyla leurs secrets.

Pour connaître l'histoire de Mali, il faudrait relever systématiquement les traditions des Keita du Kita, du Dioma et du Hamana ; ajoutons à cette liste la Casamance, autre province que les Keita ont conquis. On aurait tort de croire qu'avec les bouleversements actuels, les traditions des villes, il reste dans les campagnes des villages où les traditions historiques et légendaires sont enseignées selon une méthode plusieurs fois séculaires. La chose se poursuit encore sous nos yeux. Il s'agit d'aller vers ces sources, mais avec le moins de tapage possible, la campagne, de tout temps s'étant méfiée des gens de villes 5.

Le vieux Manding

Le Manding qui devait donner son nom à l'immense Empire des Keita était une modeste province du Haut-Niger. Primitivement on donnait le nom de Manding au pays qui s'étend à cheval sur le Niger et le Sankarani au sud de Bamako, il était habité par quelques tribus malinkés qui sont: les Keita sur le Sankarani dans l'actuelle province de Dioma Ouanian où se trouve Niani, l'antique capitale, les Camara sur le Niger (région de Kangaba), les Traoré et les Kondé formaient au nord la frontière avec le, Bérèdougou, pays des Bambaras. Ce territoire au total ne comptait pas plus de 20.000 km2. C'était une sorte d'enclave au milieu des terres bambara qui cernaient le Manding au nord (Bérèdougou) au sud et à l'est.

En ces temps très anciens, dit la tradition, chaque tribu avait son territoire; au début, dit-elle, la royauté était aux mains des Bambaras — on compte 6 rois Bambara —, ensuite elle échut aux Keita qui s'étaient imposés par leur valeur militaire. Il est difficile de dater tous ces faits par le manque de documents écrits; toutefois on peut affirmer que ces évènements sont antérieurs au Xle siècle, date du premier pèlerinage à la Mecque d'un Roi Manding.

Par extension aujourd'hui, on donne le nom de Manding à tous les pays malinkés et la tradition n'assigne de limite que là où finit le So (arbuste qui a la même aire d'extension que le Karité) c'est-à-dire tous les pays de Savane.

Mali est une déformation peulh du mot Manding ; Malinké (habitants du Mali) est la forme peulh de Mandinka ou Manga Maninka.

Avec l'accession des Keita au pouvoir, le Manding était unifié : toutes les tribus reconnurent les Keita comme Mansa, c'est-à-dire Empereur ou Chef supérieur suprême ; à ces débuts obscurs où les rois étaient plutôt des chefs de guerre ou de chasse, Mali était encore sous la souveraineté du puissant Empire de Ghana qui dominait alors la majeure partie de l'Ouest ; son Empereur ou Kaya Maghan était le « Maître de l'Or » 6. Le Manding était d'autant plus étroitement contrôlé que son sous-sol recelait de l'or, notamment dans le canton de Bouré (province des Djallonkés et de la tribu Kamara) 7.

Nous n'avons de renseignements écrits sur Mali qu'à partir de 1050, date de la conversion à l'Islam d'un Roi Manding 8, conversion surtout politique pour s'affranchir du joug de Ghana en lutte contre les fanatiques Almoravides.

« Auparavant dit le Tarikh El Fettach, le Chef de Mali n'était que l'un des vassaux de Kaya Maghan (Roi de Ghana), l'un de ses fonctionnaires et de ses ministres »; la chute de Ghana en 1076 allait ouvrir la voie aux compétitions entre les royaumes vassaux pour l'hégémonie — ; la fin du XIIe siècle est remplie de ces guerres entre royaumes vassaux de Ghana.

Mais pour la tradition soucieuse d'auréoler Mali du nimbe islamique, l'histoire du Manding commence avec l'Islam ; ainsi fait-elle descendre les Keita de Bilali, fidèle serviteur du Prophète ; on explique ainsi la migration des Malinkés de l'est.

La famille impériale

Les Keita ont régné sur la Manding depuis environ le VIIIe siècle jusqu'à nos jours avec seulement une interruption de 15 ans de 1285-1300 due à un serf de la famille impériale qui s'empara du pouvoir. Aujourd'hui encore les Keita sont Chefs de province à Kangaba dans le Manding primitif On peut compter cette dynastie parmi les plus vieilles du monde. Mais que savons-nous des souverains de Mali au moyen âge, de leur façon de vivre, de l'organisation de l'Empire? Peu de choses si l'on s'en tient aux maigres documents écrits qui nous sont parvenus. Grâce à Ibn Khaldoun, 1332-1404, nous possédons une liste exhaustive des Princes du XIIIe siècle. Avant, c'est la nuit; après cet auteur, des renseignements fragmentaires nous aident à reconstituer avec plus ou moins de bonheur, l'Histoire de Mali. Les traditions-archives du Manding prétendent donner la liste complète des souverains depuis le début de l'Histoire de Mali jusqu'a nos jours, les traditions des Keita du Dioma (Sud de Siguiri) du Manding (Siguiri à Bamako) et du Kita soigneusement étudiées sont susceptibles grâce à des recoupements d'aider l'historien dans sa reconstitution. Pourtant une première difficulté surgit quand on confronte la liste d'Ibn Khaldoun avec celle des « traditions-archives » ; on ne retrouve pas toujours les mêmes noms d'une liste à l'autre; cela vient en partie du fait que Ibn Khaldoun n'a le plus souvent connu que les noms de pèlerinage des princes, c'est à dire des noms musulmans ; cela tient surtout du fait que la tradition, elle, fait prévaloir les surnoms des princes sur leur nom, encore que les noms vraiment Malinkés ne perdent jamais leur droit. Mais les identifications ne sont pas impossibles; la plupart du temps on arrive à accorder les deux listes. La grandeur de Mali commence avec Soundjata le Grand, Conquérant mort en 1250 et, à partir de lui le problème des descendants se pose. Selon Ibn Khaldoun, Soundjata eut cinq fils qui régnèrent successivement après le Conquérant, mais les traditions du Dioma, du Hamana sont d'accord pour dire que Soundjata n'eut qu'un fils tandis qu'à Kangaba on laisse entendre qu'il n'eut pas d'enfant du tout, qu'il adopta les fils de ses généraux, tout cela n'est pas clair et les traditionalistes en général n'aiment pas entrer dans le détail des problèmes de descendances pour la bonne raison que la plupart des branches Keita veulent se rattacher directement à Soundjata et que des querelles sont susceptibles d'éclater si on pose trop ouvertement le problème de la descendance de Soundjata ; il semble que dans la famille impériale, adoption et bâtardise étaient choses courantes. On tient encore trop aux questions de noblesse, de légitimité en Afrique et les griots garants de la tradition savent garder les secrets et entretenir des récits populaires à la grande satisfaction de tous 9.

 

Transmission du pouvoir

Mais comment se transmettait le pouvoir dans l'Empire de Mali ? La plupart des auteurs arabes y compris Ibn Khaldoun ont confondu le mode de transmission du pouvoir à Ghana avec celui de Mali : ainsi affirment-ils que le pouvoir se transmet par branche maternelle, d'oncle à neveu. Si cet usage est vrai pour Ghana, il ne l'est plus pour Mali où le pouvoir se transmet par la branche masculine : le fils succède au père, mais s'il est en bas âge, le Conseil désignera un frère ou un cousin ou un proche parent du défunt (en ligne masculine) qui régnera ; les droits de l'enfant étant réservés, et il n'est pas rare avec ce mode de transmission de voir des luttes éclater entre les fils de deux frères — comme en 1359, la lutte qui oppose Mari Djata II, fils de Mansa Maghan (1332-1336) et Kumba, fils de Mansa Souleymane (1336-1358). Ainsi Mansa Souleymane fut porté au pouvoir en 1336, l'héritier direct étant en bas âge. Selon la tradition le pouvoir n'est jamais allé à la descendance féminine. C'est pourquoi nous croyons devoir corriger la liste de Ibn Khaldoun, à partir de Aboubakary Ier, et de Aboubakary II. A propos de ces deux homonymes, il convient de dire que selon la tradition Aboubakary Ier est non le fils d'une fille de Soundjata mais le propre frère à celui-ci. Aboubakary II est effectivement le fils d'une soeur du Conquérant. Aboubakary I chez les traditionalistes porte le nom de Mandé Bory (Manding Boukary) et Aboubakary II (Bata Mandé Bory: Bata indique son appartenance à la descendance féminine), il aurait été adopté par Soundjata. En faisant descendre Kankou Moussa de Aboubakar Ier, le frère de Soundjata, la tradition montre bien que la transmission du pouvoir se fait en ligne masculine. Il faut donc écarter l'idée que le pouvoir se soit transmis en ligne maternelle. La liste d'Ibn Khaldoun même prouve qu'il n'y eut que le cas de Aboubakary II, or ce prince avait été élevé et adopté par Soundiata selon la tradition ; on ne trouve plus par la suite de cas identique. Aboubakary I eut un fils que la tradition appelle Son Faga Laye qui eut pour fils le fameux Kankou Moussa ; dans une chanson dédiée à ce prince, on trouve ce vers :

Laye Kamissa den Djigui, Hidji -Mansa Moussa

Moussa, Djigui, Roi du Pèlerinage, fils de Laye

Ainsi donc le fameux Kankou Moussa est bien le petit neveu de Soundjata mais par la branche masculine 10. Voici donc corrigé grâce aux traditions, l'arbre généalogique de Mali aux XIIIe et XIVe siècles (voir tableau)

 

Du nom des empereurs

La connaissance des « traditions-archives » nous amène à poser le problème du nom des Empereurs. Ainsi qu'on l'a dit plus haut les noms des Souverains ne se retrouvent pas exactement les mêmes dans la liste d'Ibn Khaldoun et dans celles enseignées par la tradition historique. Pour les siècles antérieurs au XIIIe siècle, la tradition affuble les princes de noms sonores et pompeux qui bien souvent ont une profonde consonance islamique. « La tradition-archives » soucieuse d'auréoler les origines bien modestes de la dynastie fait descendre les Keita de Bilali, serviteur de Mahomet. Ce serait le petit fils de Bilali, du même nom, qui serait venu au Manding. Il y fit souche et régna. Voici la liste dressée d'après les traditionalistes du Dioma et du Hamana (provinces des Keita descendant de Soundjata).

Bilali Bounama

Lawalo

Bilali

Lawalo

Latal Kalabi

Damal Kalabi

Lahilatoul Kalabi

Kalabi Bomba

Kalabi Domani

Mamadi Kani

Kani Simbon, Kaninyo Simbon, Simbomba, Simbon Bamarin alias

 

Bamaritanyaki

M'Bali Nénè

Bélo

Déléba Kon

Maghan Kon Fatta (père de Soundjata)

Cette liste appelle une double remarque: Certains princes ont un nom purement musulman, tandis que d'autres en ont de purement païens :

  • Le premier Bilali est un nom musulman, (aujourd'hui, bien que se nom ne soit plus d'usage) est un nom généralement donné aux esclaves.
  • Le 4e Lawal ou Lawalo est également musulman.
  • Latal Kalabi également un nom musulman
  • Damal Kalabi également musulman Kalabi Bomba signifie Kalabi aîné et Kalabi Doman, Kalabi cadet.

Viennent ensuite des noms païens, des noms de chasseurs :

  • Mamadi Kani selon la tradition fut un grand amateur de chasse, ainsi que ses fils ; il fit le pèlerinage à la Mecque et fut pillé par des brigands sur le chemin du retour ; il s'égare dans le désert et revint au Manding quand on ne l'attendait plus. Il est le premier prince à propos de qui on parle de pèlerinage, je ne suis pas loin de l'identifier avec Baramandana qui fit le pèlerinage en 1050 (cf. Al Bekri. Description de l'Afrique Septentrionale). Après le pèlerinage il aurait sans doute pris le nom de Mohammed qui se dit Mamadi en Malinké.
  • Le nom Simbon indique la qualité de « Maître Chasseur » en malinké ; les quatre fils de Mamadi Kani auraient donc été de grands chasseurs ; ils auraient régné successivement les uns après les autres, mais c'est la descendance de Bamarin qui conserva le pouvoir. Je penche à croire volontiers que ces noms de chasseurs ne sont qu'une réminiscence des noms des premiers princes du Manding avant l'introduction de l'Islam au temps légendaire des Rois chasseurs.

Cette liste des traditionalistes a le double souci, on le voit :

  1. de donner une originalité illustre à la dynastie
  2. de conserver tout de même quelque chose de l'ancienne activité des Rois : la chasse.

Mais on sait que l'Islam n'est entré au Manding qu'au XIe siècle; certes le souci de vouloir toujours lier la naissance de l'Empire à l'apparition de l'Islam persistera et dans la conduite des princes, et dans les récits des traditionalistes.

Pour le XIIe siècle, nous avons les noms de princes cités par Delafosse. Ce sont :

  • Djigui
  • Hamana
  • Allakoï dit Moussa au début du XIIIe siècle

L'identification n'est pas certaine, cependant on peut se risquer à dire que Moussa Allakoï n'est autre que Béléba Kon puisqu'en malinké Bala et Moussa sont synonymes quant à Djigui et Hamana, ils correspondraient avec M'Bali Nénè et Bélo, mais ici rien n'est moins sûr ; Delafosse n'indique pas à quelle tradition il a puisé ces renseignements. A partir du XIIIe siècle, le tableau d'Ibn Khaldoun est complet jusqu'à la fin du XIVe siècle ; l'auteur arabe a puisé aux meilleures sources étant renseigné par un interprète des Empereurs au Caire 12, Ibn Younoussa, ainsi que par des lettrés noirs allant en pèlerinage.

Comme nous l'avons déjà dit, Ibn Khaldoun n'a connu que les noms de pèlerinage des princes, et il a un souci constant de faire des correspondances entre les noms malinkés et les noms musulmans. C'est ainsi qu'il propose que Maghan = Mohammed 13 ; Ouéli (Oulen) = Ali ; ce qui évidemment est une pure interprétation des informateurs de notre auteur, désireux toujours de donner un cachet musulman à leur pays. Par ailleurs chez les traditionalistes très souvent les surnoms (de guerre, de chasse, de piété) l'emportent sur les noms officiels des princes : ainsi le père de Soundjata est plus généralement connu sous le nom Maghan kon Fatta kon Ken, tandis que son vrai nom Nare Fa Maghan apparaît rarement. Il est de même du fils aîné de Soundjata, Mansa Oulen connu plutôt sous le nom de Yérélen Kon ou Dourouninkön. Quant à Soundjata, la tradition lui donne une multitude de surnoms et le nom Soundjata est l'objet de nombreuses interprétations. Ibn Khaldoun bien renseigné s'en tient au vrai nom du Prince Mari Djata. Mari qui veut dire Seigneur et Diata qui veut dire Lion, explication plausible et satisfaisante que la tradition aussi enseigne ; mais on propose une multitude d'explications pour Soundjata ; selon Delafosse ce serait un mot composé de Soun qui veut dire en arabe Jeûn et Diata Lion ce qu'il traduit par Lion affamé. Cette interprétation est peu satisfaisante, je ne l'ai pour ma part, entendue de la bouche d'aucun traditionaliste. Je pencherai volontiers à croire que Soundjata est le résultat du jumelage du nom Djata et du nom de la mère du prince, Sogolon ; en effet on trouve dans une poésie à Soundjata ces vers :

Sogo Sogo simbon Salaba

Sogolon Djata Béworo

Nare Maghan Djata Béworo 14

Dans le second vers, le nom Djata est précédé du nom de la mère, dans le troisième celui du père. Prononcé rapidement le deuxième vers donne: Solon Djata — So'on Djata de là à Soundjata, il n'y a qu'un pas. On sait que c'est une habitude courante en pays malinké de faire précéder le nom d'un fils de sa mère pour éviter les homonymies trop courantes. Il est donc vraisemblable que Soundjata vienne de la contraction du nom de la mère et du père, d'ailleurs la prononciation exacte serait Soundjata. Pour prendre un exemple assez proche de Soundjata citons le cas de Kankou Moussa que Ibn Khaldoun appelle Mansa Moussa (1307-1332). La mère de ce roi s'appelait Kankou Moussa (Kankan, Congo sont des mauvaises lectures). Jeune on l'appelait Kankou Moussa et Ibn Khaldoun donne le nom d'intronisation du Prince : Mansa Moussa ou l'Empereur Moussa. Dans la liste d'Ibn Khaldoun le nom de Maghan revient assez souvent ; selon la tradition, Maghan à l'origine a été chez les princes du Mali aussi un titre tout comme à Ghana ; de sorte que la plupart des princes le portent. On appelle souvent Soundjata, Maghan Soundjata, il semble que vers la fin du XIVe siècle Maghan était devenu un simple prénom comme aujourd'hui, mais il ne se substitua jamais au vrai nom des princes.

A la suite de luttes entre frères ou cousins pour le trône, généralement le vainqueur en s'emparant du pouvoir, prenait le nom de Maghan. Ainsi Maghan II (1387-1388) que la tradition du Hamana appelle Kita Tenen Mansa Maghan qui prit le pouvoir en 1390, prit en même temps le nom de Maghan III. Maghan Ier, le fils de Mansa Moussa, est appelé par la tradition Soma Bouréma Mansa Ken ; son fils Mari-Diata II, toujours selon la tradition du Hamana s'appelait Konkodougou Kamissa (Moussa de Konkodougou) 15. Si on arrive à raccorder en bien des points la liste d'Ibn Khaldoun avec celle de la tradition, la nuit est complète sur les premiers rois du Manding, nous ne disposons de presque rien d'écrit pour contrôler la tradition et surtout donner une date à la prise de pouvoir des Keita dans le Manding. On peut appuyer cependant l'estimation de Delafosse qui situe les débuts des Keita au VIIIe siècle (ce qui d'ailleurs cadre bien avec l'arrivée hypothétique de Bilali au Manding, d'après la tradition). Pour le XVe siècle nous recevrons davantage de renseignements par l'Ouest grâce aux-premiers navigateurs portugais.

(A SUIVRE……..)

 

 

SANTE

Massez ces seins qu'on ne saurait voir

Près de trois millions de Camerounaises sont victimes du repassage des seins. Un documentaire, présenté au Festival des films du monde de Montréal, livre des témoignages poignants de celles qui pratiquent cette forme de mutilation et celles qui la subissent.

 

 

Une mère pratiquant le repassage des seins au Cameroun. © Tous droits réservés.

Dans un petit village camerounais, deux jeunes femmes ont décidé de briser la loi du silence. Assises dans la cour de leur modeste maison, Lydie et Clarisse racontent pour la première fois les souffrances qu’elles ont endurées pendant de nombreuses années. «Ma mère a dit qu’il fallait rentrer les seins, explique l’une des deux. Elle a donc chauffé une pierre à écraser et m’a massé les seins avec.» Face caméra, elle n’hésite pas à reproduire le geste et à montrer sous sa belle robe à fleurs, sa poitrine meurtrie et désormais sans forme: «Cela chauffait, cela faisait très mal, c’est comme si on avait mis du feu et du piment en même temps.» Une mutilation subie dès l’âge de 10 ans et qui était répétée chaque semaine.

Son amie ravale ses larmes. La torture a cessé, mais les conséquences sont bien visibles. Pendant longtemps on l’a surnommée «la girafe qui n’a pas de seins». Aujourd’hui, elle a toujours du mal à se montrer nue devant un homme. Ces jeunes filles de vingt ans porteront toujours les marques de cet «écrasement de la boule». Leurs mères ont voulu les protéger des regards des hommes, de ce désir qui naît dès que les fillettes commencent à être des femmes, de ces violences sexuelles qui sont répandues au Cameroun. Ces blessures ont pourtant été inutiles. En pleurs, Lydie et Clarisse confient qu’elles ont quand même été violées à l’adolescence.

Le tabou du sexe

La réalisatrice Josza Anjembe a entendu parler de cette pratique à des milliers de kilomètres du Cameroun, en France. Née à Paris de parents Camerounais, elle s’est tout de suite identifiée à ces victimes:

«Cela me touchait en tant que femme et en tant que franco-camerounaise. J’aurais pu être l’une des ces femmes. J’ai eu de la chance, car j’y ai échappé.»

La jeune journaliste de 29 ans est partie seule dans son pays d’origine pour tenter de comprendre l’impensable. Dans son premier documentaire, Massage à la camerounaise, elle a choisi de donner la parole aux filles mais aussi aux mères. Le film a été présenté au Festival des films du monde de Montréal. Dans sa cuisine rudimentaire, Philomène raconte en détails comment à l’aide d’une louche, d’une spatule ou encore d’une pierre à moudre le grain, elle écrase les seins de sa fille: «Il faut que cela brûle». Entre deux éclats de rire, cette femme très coquette ne semble pas saisir les dommages psychiques et physiques qu’elle inflige à son enfant: absence de glande mammaire, futur problème d’allaitement ou même risque plus important de contracter un cancer du sein. Le sourire aux lèvres, elle le répète, elle ne fait pas du mal, mais du bien. Elle veut éviter que sa fille tombe enceinte trop jeune. «Leur mère et leur grand-mère ont utilisé cette pratique. Elles pensent qu’elles n’en sont pas mortes et que leur filles vont aussi y survivre», explique la réalisatrice.

 

 

Lydie et Clarisse, deux victimes du repassage des seins  © Tous droits réservés.

 Des mères bourreaux et sauveurs

D’abord horrifiée par cette pratique, Josza Anjembe a ensuite compris que ces mères sont «à la fois le bourreau et le sauveur d’une victime qui reste victime». Paradoxalement, elles mutilent pour protéger.

«Je n’ai pas à les condamner. Autant je peux juger les hommes car leur comportement est impardonnable, autant les femmes cherchent une solution pour que leurs filles ne connaissent pas l’enfer», estime la Franco-Camerounaise.

La jeune journaliste s’interroge. Les responsables sont peut-être à chercher du côté de la gent masculine. Avec ironie, elle se demande d’ailleurs si on ne ferait pas mieux de repasser les sexes masculins : «C’est ce qu’on retrouve partout dans le monde sur les mutilations qui sont faites aux femmes, ce sont toujours elles le problème. Je ne suis pas du tout féministe, mais on n’agit jamais sur l’homme. À la limite, il se fait attraper, il va en prison, mais après il ressort.»

Josza Anjembe est aussi allée à la rencontre de ces hommes camerounais, de ceux qui sont finalement la cause de ces mutilations.  Mais quand elle les questionne sur le massage des seins, la plupart n’en ont jamais entendu parler: «Ils ne sont pas au courant de cette pratique. Cela veut bien dire qu’elle marche bien et qu’elle se réalise à l’abri de leurs regards», fait savoir la réalisatrice. Dans les familles africaines, le sexe est encore trop tabou. Entre père, mère et enfants, le sujet n’est pas abordé.

«On pourra parler pendant des années du massage, mais tant qu’on ne parlera pas de sexualité, cela ne résoudra pas le problème», conclut la réalisatrice.

Stéphanie Trouillard

 

 

ACTUALITES


La visite d’aurevoir de Soumaïla CISSE au Président du Faso

 

 

 

Le Président de la Commission de l’Union Economique et Monétaire Ouest africaine (UEMOA), Soumaïla CISSE qui achève son mandat à la tête de l’institution, a été reçu par le Chef de l’Etat le vendredi 26 août 2011. Cette audience qui semble être une visite d’aurevoir a été une occasion pour Soumaïla CISSE de faire le point de la coopération entre l’UEMOA et le Burkina Faso.

« Je suis venu voir le Chef de l’Etat parce que ma mission à la tête de l’UEMOA prend fin. Je suis venu le remercier pour son soutien son accompagnement et sa confiance », a déclaré le Président de la Commission de l’institution sous-régionale à sa sortie d’audience. Selon lui, l’opportunité lui est offerte de dire ce que l’UEMOA a pu faire pour le Burkina et quelles sont les pistes pour l’avenir.

« Globalement nous avons pu mettre à la disposition du Burkina Faso, environs 45 milliards de francs CFA sur la période 2004-2010 », souligne le premier responsable de l’UEMOA.

De nombreux défis restent à relever dans l’ensemble de l’Union et Soumaïla CISSE de citer entre autres le cas de la libre circulation des personnes et des biens notamment des tracasseries sur les routes, les crises énergétiques, les crises alimentaires. Il recommande alors une évolution de l’UEMOA pour s’adapter au contexte du moment.

www.presidence.bf

 

Le ministre de l’Industrie et du Commerce à Koudougou : La petite colère de Patindé Arthur Kafando

 

 

 

Le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, Patindé Arthur Kafando, était à Koudougou le samedi 27 août dernier. L’objectif, selon l’intéressé, était de prendre contact avec les services techniques de son département et de visiter certaines infrastructures devant abriter les services déconcentrés du MICA. A ce propos et concernant le non-respect des textes en matière d’application des prix de certains produits de grande consommation, Arthur Kafando n’a pu s’empêcher de piquer une petite colère.

C’est autour de 11h que le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (MICA), Patindé Arthur Kafando, et sa délégation ont été accueillis par le gouverneur et certaines autorités de la place. Après un arrêt au gouvernorat pour un bref entretien, le premier point de chute fut les locaux devant abriter l’Inspection régionale des Affaires économiques, situés au secteur 4. C’est là que le ministre a eu sa première poussée de colère devant tant de gâchis.

Vue de dehors c’est un joli bâtiment de type R+1 destiné à l’administration. Mais à l’intérieur, c’est tout autre chose. Bâtiment inoccupé alors que réceptionné depuis 2007 ; intérieur rongé par l’eau, la moisissure, des toiles d’araignées, excréments d’animaux et croulant sous la poussière. Mais pourquoi un tel abandon ? En fait, le bâtiment n’a jamais été occupé. "Il y a des problèmes de malfaçon qu’il faut revoir. Le chantier a été fait sans suivi des services techniques du ministère et il n’y a aucune garantie de fiabilité", nous a confié le ministre.

En plus de cela, il y a un occupant dans l’enceinte de la future direction qui refuse de libérer les lieux. Ce qui fait qu’à côté de la "belle bâtisse", trône une concession constituée de cinq cases rondes, de poulaillers et autres. Le ministre a promis que tout serait mis en œuvre pour résoudre ce problème. Concernant l’infrastructure elle-même, Patindé Arthur Kafando a dit que ses services prendraient des mesures urgentes, car il ne trouve pas normal qu’avec la rareté des ressources on gaspille le peu qu’on arrive à mobiliser pour construire des infrastructures peu fiables.

"Nous allons faire une évaluation et nous verrons pour que ces locaux soient fonctionnels dans les meilleurs délais", a promis le ministre. Du reste, Patindé Arthur Kafando a déclaré que l’objectif visé à travers cette visite, c’était de prendre contact avec les services techniques déconcentrés de son ministère, d’encourager et mobiliser les agents pour l’atteinte des objectifs de mise en œuvre de la Stratégie de croissance accélérée pour le développement durable (SCADD), conformément à la lettre de mission que le Premier ministre lui a donnée.

La visite des locaux abritant présentement les services du bureau des Affaires économiques n’a guère davantage réjoui le ministre Kafando. Ce bâtiment, situé en pleine zone commerciale, est d’un autre âge. Salles vétustes, étroites et inconfortables sont les caractéristiques de ce service qui, il faut le dire, n’est pas digne d’un service déconcentré de ministère. Sur place et autour d’une table de fortune, comme pour partager l’inconfort dans lequel travaillent les agents, le ministre a eu des échanges avec le personnel. Au cours des échanges, le ministre Arthur Patindé Kafando a évoqué le problème de la non- application des textes réglementant les prix des produits de grande consommation. Il faut dire qu’à Koudougou ces mesures ne sont presque pas observées et cela n’a pas du tout plu au ministre.

"Les opérateurs économiques et les commerçants n’ont pas appliqué les mesures jusqu’au bout et nous allons donner des instructions pour que des contrôles stricts soient opérés. Cela va être fait dans la durée pour que les populations aient des produits dont les prix sont assez maîtrisables sur le marché", s’est engagé le ministre. Selon lui, ses services vont accentuer les contrôles et ceux qui se feront prendre seront sanctionnés. "Nous allons veiller tout de même à ce que ceux qui vont acquérir les produits ne les revendent pas à perte. Un dispositif réglementaire sera mis en place qui régira les marges et les marques, mais aussi la taxation d’un certain nombre de produits de fabrication locale", s’est engagé le ministre Patindé Arthur Kafando.

Cyrille Zoma (L’Observateur Paalga)


Jules François Dondassé : Un Burkinabè de Johannesburg qui perce dans les affaires

 

 

 

Parti de son pays natal en 2001 pour l’Afrique du Sud pour tenter l’aventure, Jules François Dondassé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, fait partie aujourd’hui des Burkinabè qui s’en sortent très bien au pays de Nelson Mandela. Exerçant dans le domaine de la boisson, de la friperie et de la construction, il dit gagner très bien sa vie avec sa femme zimbabwéenne et ses deux enfants. Mais sa finalité, c’est de retourner un jour investir au Burkina Faso. Nous l’avons rencontré à Johannesburg lors du match amical Afrique du Sud # Burkina Faso.

Sidwaya (S.) : Depuis quand êtes- vous installé à Johannesburg en Afrique du Sud ?

Dondassé Jules François(D.J.F) : Je suis originaire de Ziniaré dans la province de l’Oubritenga. Je suis venu en Afrique du Sud, précisément à Johannesburg, le 20 janvier 2001. Cela fait plus de dix ans maintenant.

S. : Quel genre d’activités menez-vous ici ?

D.J.F : Je suis dans le domaine de la boisson et de l’immobilier. Je possède deux caves et deux bars à Johannesburg. Dans le domaine de l’immobilier, j’ai pu construire quatre maisons que j’ai mises en location. Ici, la location des maisons coûte très cher, c’est pourquoi je me suis lancé dans la construction.

S. : Comment avez-vous pu avoir la gérance des bars et des caves ?

D.J.F : Il faut avouer qu’au début, c’était très dur, mais j’ai persisté et cela a marché. Quand je suis arrivé en 2001, mon intention était vraiment de me lancer dans le commerce, mais ici tout est difficile pour un début. Donc j’ai commencé à vendre des habits, des sacs …, et petit à petit les affaires ont prospéré jusqu’à ce que j’obtienne l’autorisation de créer mon propre business. La boisson étant un domaine qui rapporte beaucoup, je me suis mis dedans, même si jusqu’à présent je vends toujours les habits. L’Afrique du Sud est un grand pays où le commerce marche très bien et je trouve mon compte dans tout ce que je vends.

S. : A vous entendre, vous semblez bien gagner votre vie ici ?

D.J.F : Affirmatif ! Je gagne largement ma vie ici à Johannesburg. Je suis marié à une zimbabwéenne, j’ai deux enfants et nous vivons très bien ici car je m’en sors très bien dans les affaires.

S. : Vous semblez bien intégré ici. Comment collaborez-vous avec les Sud-africains ?

D.J.F : Je suis vraiment bien intégré, la collaboration se passe également très bien. Nous avons beaucoup d’avantages dans le domaine du commerce. Le peuple sud-africain aide beaucoup ceux qui se battent dans le commerce, et moi, je fais partie de ceux qui se battent. Donc nous collaborons bien avec nos frères sud- africains dans le cadre de nos activités.

S. : Vous êtes à peu près combien de Burkinabè en Afrique du Sud, précisément à Johannesburg ?

D.J.F : Nous sommes autour de 250 Burkinabè ici à Johannesburg. La plupart de nos compatriotes vend de la friperie. Il y a également des importateurs, de grands hommes d’affaires qui sont bien implantés.

S. : Comment êtes-vous organisés ?

D.J.F : Nous avons un bureau et je fais partie de ceux qui ont créé cette association. Dans le passé, je faisais partie du bureau, mais présentement, nous l’avons laissé à d’autres personnes qui gèrent bien notre organisation.

S. :Comptez-vous revenir un jour au Burkina ?

D.J.F : Je n’ai jamais pensé rester définitivement en Afrique du Sud, bien que je me débrouille bien. Je souhaiterais un jour rentrer au pays afin de mener les mêmes activités et être actionnaire dans les grandes compagnies de boisson. L’année dernière, je suis venu au pays voir comment je pourrai éventuellement investir dans le domaine de la construction. Mon ambition, c’est de réaliser quelque chose de grand à Ouagadougou.

S. : Vous arrive-t-il des fois d’avoir le mal du pays ?

D.J.F : Franchement, mon souhait est de pouvoir venir au Burkina Faso tous les six mois. Quoi qu’on dise, le Burkina Faso est un pays d’inspiration et à chaque fois que j’ai l’occasion de rentrer au pays, je reviens toujours avec de nouvelles idées qui m’aident beaucoup dans mes activités.

S. : Que direz-vous à ceux qui veulent tenter l’aventure comme vous ?

D.J.F : Je leur dirai de se mettre à l’idée que l’aventure est très dure. Il faut se concentrer pleinement dans le travail sans être en porte-à-faux avec les lois du pays d’accueil. Si quelqu’un veut tenter l’aventure et qu’il se mette au sérieux dans le travail comme le sont d’ailleurs les Burkinabè, je sais que la personne peut réussir.

Entretien réalisé à Johannesburg par François KABORE (Sidwaya)


Décès du gouverneur Sié Jean Traoré : La compassion des autorités de la région du Nord

 

 

 

 

Le gouverneur de la région du Nord, Sié Jean Traoré, a rendu l’âme dans la nuit du jeudi 25 au vendredi 26 août 2011 à Ouahigouya. Plusieurs autorités de la région lui ont rendu un dernier hommage avant la levée du corps pour Ouagadougou.

Comme une traînée de poudre, la triste nouvelle s’est répandue dans la cité de Naaba Kango tôt le matin du vendredi 26 août 2011. Le nouveau gouverneur de la région du Nord, Sié Jean Traoré, qui a pris fonction il y a à peine deux mois, soit le 28 juin dernier, vient d’être arraché à l’affection des siens des suites d’un malaise. Selon ses collaborateurs, M. Traoré a participé à un reboisement, le 25 août dernier, c’est-à-dire à quelques heures de sa mort, à Gourcy. Rentré à Ouahigouya, c’est autour de 19 heures que le mal l’a pris à domicile. Transporté d’urgence à l’hôpital, il rendra malheureusement l’âme aux environs de 22 heures.

 

Alertés, parents, amis et connaissances ont pris d’assaut le domicile du défunt pour lui rendre un dernier hommage avant le transfert du corps à la morgue de l’hôpital Yalgado à Ouagadougou. A entendre les commentaires de ses proches collaborateurs et de tous ceux qui l’ont côtoyé, Sié Jean Traoré était un homme humble, jovial, accueillant et grand travailleur. « Au service, disent-ils, M. Traoré nous félicitait et nous encourageait chaque matin dans le travail. Même si tu te trompes, c’est dans l’humour qu’il te corrige ». L’épouse du gouverneur se trouvait du côté des Etats-Unis d’Amérique au moment de son décès. Celle-ci est attendue pour l’inhumation qui aura lieu à Toussiana, village natal du défunt. Le nouveau gouverneur qui a fait récemment sa passation de service, attendait toujours son installation officielle jusqu’à ce que la mort l’emporte à l’âge de 57 ans. Administrateur civil, né le 16 avril 1954, Sié Jean Traoré laisse derrière lui une veuve et deux enfants. Que la terre du Burkina Faso lui soit légère !


Mady KABRE /Jean Victor OUEDRAOGO (Sidwaya)

 

LITTERATURE,CULTURE ET MEDIAS

 

 

 

1ère bougie pour « la télé qui ose » : « Les burkinabè ont adopté BF1 »

 

Le 18 août 2011, la dernière née des télévisions privées burkinabè soufflaient sa première bougie. Avec son slogan assez provocateur, « la télé qui ose », BF1 a réussi le défi du positionnement dans l’espace médiatique burkinabè. Il reste à présent celui de faire « la télé autrement » comme l’avait promis son directeur général Léopold Zimapi Kohoun à l’ouverture de la chaine.

BF1 dispose d’une grille de programmation hebdomadaire de 128h alliant informations, divertissements et éducation. Les émissions matinales telles que « C’est le matin » ou la « Quotidienne », des émissions interactives comme « ça se discute », « Sport time » ; et « Tapis Rouge » et des émissions éducatives comme « To night », « Procédure », « Faso reggae » et le « club des tout petits », feraient partie des préférées des téléspectateurs Ouagalais. « A ce jour, notre plus grande satisfaction est de savoir à travers les mesures d’audience que les burkinabé ont adopté BF1 », souligne Amina Kagoné, la chargée de communication de « la télé qui ose ». Aussi BF1 se voulait être une télévision de proximité. « Cette mission est entrain d’être accomplie », ajoute-t-elle.

 

 

 

Amina Kagoné, chargée de communication de la télé BF1


La création de nouvelles tranches horaires avec plus de productions d’émissions, de fictions burkinabè mais également l’acquisition de productions africaines et étrangères notamment les feuilletons et séries dans les prochains jours répond à l’objectif de captiver davantage les téléspectateurs.

Couvrant actuellement Ouagadougou et son hinterland, BF1 ambitionne, à moyens termes, de s’étendre sur les villes de Bobo-Dioulasso, Ouahigouya et Koudougou. L’objectif à terme étant de couvrir l’ensemble du territoire burkinabè. Pour ne pas être en marge de la globalisation, « BF1 projette dans un proche avenir de faire son entrée sur le satellite », confie Amina Kagoné. Ce premier anniversaire est donc l’occasion pour les premiers responsables de la « télé qui ose » de s’adresser à ses téléspectateurs en ces termes : nous vous « suivons » afin de mieux répondre à vos attentes.

Fort d’une cinquantaine de personnes, l’équipe en majorité jeune, s’attèle à donner une offre télévisuelle innovante de qualité à ses téléspectateurs. La télévision BF1 entend de ce fait innover tout en conservant l’identité et les valeurs burkinabè. C’est donc dire que l’aventure ne fait que commencer.

Moussa Diallo (Faso-tic.net)

 

Les meilleurs lapsus des politiques cette année

Par Marcelo Wesfreid

 

 

 

 

 

Rachida avait prononcé "fellation" au lieu d'"inflation" le 26 septembre 2010. Canal+

Du "fichier des empreintes génitales " à la "fellation quasi nulle", l'année fut riche en perles. A y regarder de près, elles ont des vertus. La principale: faire voler en éclats la langue de bois.

Rien qu'à l'Assemblée nationale, l'année a été un festival. Un jour d'avril, c'est François Fillon, les mots en volutes, qui évoque devant l'Hémicycle les "gisements de gaz de shit" - au lieu de "schiste". Au début de l'été, Claude Guéant s'emmêle les pinceaux sur la primaire socialiste. Le ministre de l'Intérieur s'approche du micro. Ses paroles vont laisser les députés pantois : "La question est de savoir si elle est conforme" au "gode électoral". 

En septembre 2010, le président de l'Assemblée, Bernard Accoyer, avait voulu présenter son homologue, le président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, Mevlüt Cavusoglu. Mais sa langue avait fourché. Il appela à la tribune un certain "Ceausescu". L'intéressé a dû apprécier d'être comparé au Génie des Carpates. 

A l'approche de la présidentielle, les lapsus se multiplient comme les petits pains de la Bible. Trop de fatigue, de plans sur la comète, de stress: les politiques sont vite rattrapés, voire piégés, par leur inconscient. "Quand on prononce un mot pour un autre, c'est qu'on n'est pas totalement là, décrypte le député de Paris, Jean-Christophe Cambadélis (PS). L'esprit est préoccupé par autre chose." 

Il y a deux fichiers majeurs: le fichier des empreintes génitales et le fichier des empreintes génétiques. 

Invité du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, le 17 octobre 2010, Brice Hortefeux, alors à l'Intérieur, n'a pas parlé que de sécurité publique: "Il y a deux fichiers majeurs, explique-t-il. Le fichier des empreintes génitales et le fichier des empreintes génétiques." Le lapsus: c'est l'émergence de désirs inconscients, d'un conflit intérieur et de pensées refoulées", décrivait Sigmund Freud. 

Jean-Marie Le Pen s'était illustré en 1984 en se prononçant pour le "rétablissement de la pine de mort", dans l'émission L'Heure de vérité. Un internaute, sur Midilibre.fr, ajoute un éclairage historique: "La langue française est originellement une langue de moines médiévaux un peu hypocrites qui, en fait, ne pensaient qu'à ça." "Il faut s'autoridiculiser. Le lapsus humanise"

Réducteur? Un peu. Il n'y a pas que la paillardise qui soit à l'honneur. Souvenons-nous, en 2009, Bernard Kouchner s'était ému du sort de la communauté ouïgoure, malmenée en Chine: "C'est terrible, ce qu'on fait aux yoghourts", avait-il observé. Prononcée sur France Info, la phrase avait été diffusée par Rue89, via un extrait filmé, avant de faire le tour des blogs. C'est terrible, ce qu'on fait aux yoghourts! 

"Les possibilités offertes par les nouvelles technologies de l'information font que ce qui serait passé inaperçu hier est public aujourd'hui, note le conseiller en communication Jean-Luc Mano dans ses amusantes Perles des politiques (éd. Jean-Claude Gawsewitch). Caméras miniaturisées, smartphones, réseaux sociaux: on ne bafouille plus en privé."  

Les intervieweurs ne sont pas moins gauches que les interviewés. Mano rapporte un souvenir du 13 Heures de TF 1, alors qu'il travaillait comme reporter. Envoyé sur un grand raout du PS, il devait dire, en direct: "Ce matin, Michel Rocard a présenté son texte au congrès..." Patatras ! c'est "sexe" qui résonne à l'antenne. Le journaliste, embarrassé, s'attend à des remontrances de Rocard, lequel lui glisse: "C'est peut-être ce que j'aurais dû faire, l'accueil aurait sans doute été plus chaleureux." 

Dati chez le psy

"Les acteurs politiques passent leur temps à faire attention à ce qu'ils disent, du coup, les lapsus sont très intéressants, analyse German Arce Ross, docteur en psychologie et en psychanalyse. Prenons celui, devenu fameux, où Rachida Dati parle de "fellation quasi nulle", alors qu'elle souhaite parler d' "inflation quasi nulle". Il y a, au-delà de la connexion phonique entre deux mots, une vérité qui se dévoile. Cette vérité n'est pas forcément que l'auteur du lapsus pense à une fellation. Loin de là. Cela peut traduire simplement l'envie de décoincer une situation trop sérieuse ou embarrassante, de provoquer un moment de plaisir. En effet, la "fellation" dont il est question doit faire baisser l' "inflation" de l'organe sexuel, qui peut se comprendre comme l'érection." 

Les bourdes assurent des reprises phénoménales. Le célèbre lapsus de Rachida Dati compte des centaines de milliers de résultats sur le moteur de recherche de Google: "Quand je vois certains qui demandent des taux de rentabilité à 20 ou 25% avec une fellation quasi nulle", avait assuré l'eurodéputée. C'était en septembre 2010, sur le plateau de Canal +. L'ancienne ministre avait continué, imperturbable, sa démonstration où il devait être question d'inflation. 

Le lendemain, elle avait expliqué, tout sourire, sur RTL: "Je m'en suis rendu compte après coup. J'ai juste parlé un peu trop vite." Comment sauver la face? "Il ne faut surtout pas faire comme si de rien n'était, conseille le député maire (PS) de Boulogne-sur-Mer, Frédéric Cuvillier. Il faut s'autoridiculiser. Par exemple, on peut dire à son auditoire: 'Vous avez vu à quoi j'en suis réduit?' Le lapsus humanise." 

Pour Morin, "difficile de faire comprendre à des cons"

Plus on s'exprime, plus les occasions de prendre la tangente se multiplient. Interrogé en février sur la radio Beur FM, Hervé Morin assure qu'il est difficile de faire comprendre à des "cons que la défense de la France se [joue] à 7 000 kilomètres de son territoire", en Afghanistan. Bien sûr, c'étaient les "concitoyens" que voulait convaincre l'ancien ministre de la Défense. 

Quelques jours avant un remaniement, et alors que son nom est cité comme possible successeur de François Fillon, Luc Chatel n'est pas en reste. "J'ai toujours fait en sorte de garder du recul et de garder la tête froide, jure, sur les ondes de RCJ, l'élu, quelques jours avant un remaniement. Le président de la République m'a nommé Premier ministre." Avant de rectifier le tir: "Euh, ministre de l'Education nationale." 

Le projet socialiste est extrêmement vague... 

Le lapsus fait exploser la gangue de la langue de bois. "Le projet socialiste est extrêmement vague", a expliqué la première secrétaire du PS, Martine Aubry, lors d'une interview télévisée, en février, alors qu'elle voulait souligner son caractère "vaste". Lapsus révélateur, grincent les détracteurs de la maire de Lille. 

A Truchtersheim, dans le Bas-Rhin, c'est Nicolas Sarkozy qui trébuche. Il présente, au début de l'année, ses voeux au monde rural. Le chef de l'Etat se dit très inquiet des distorsions de concurrence avec le voisin allemand. "Je ne le dis pas simplement parce que je suis en Allemagne, euh, je suis en Alsace." De quoi raviver un passé douloureux. D'ici à la présidentielle, les psychanalystes ne devraient pas chômer. 

 

 



07/09/2011
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