Conscience Nègre

Conscience Nègre

REVUE_PRESSE_19Août2011

Tribune

Crise des démocraties européennes : comment sortir de l'impasse ?


La crise des dettes souveraines qui sévit en Europe ne constitue qu'un volet d'une crise plus générale. La montée des discours populistes, ces dix dernières années, témoigne en effet d'une crise plus générale de nos démocraties.

L'Etat français : une entreprise comme une autre ?

Dans ce contexte européen, la France ne fait guère exception. Au cours des dernières années, nous avons ainsi assisté à la montée synchronisée du taux de chômage, des partis populistes et des déficits publics. Pour liquider la dette publique de l'Etat français, chaque Français devrait ainsi verser une somme d'environ 25 000 euros !

Pour aller plus loin, dressons un parallèle avec le monde de l'entreprise et assimilons pour cela les citoyens français à des actionnaires ayant signé un contrat social autour de leur entreprise, l'Etat français. Ce faisant, on est amené à se poser une question : que feraient les actionnaires d'une entreprise endettée à hauteur de 80% de son chiffre d'affaires et gangrénée par des dissensions internes ?

Réponse : ils exigeraient des dirigeants la définition d'un cap stratégique à la hauteur de la situation. Et si les dirigeants en place s'en montraient incapables, les actionnaires n'hésiteraient pas longtemps pour leur chercher des remplaçants. Or, face à la gravité de la situation dans laquelle nous sommes, la plupart de nos concitoyens se sentent dépassés et impuissants, ce qui les conduit souvent à se réfugier dans une posture défaitiste sinon crispée et vindicative.

Les taux élevés d'abstention et de votes contestataires en sont un révélateur. Car bien plus encore que pour les actionnaires, il est très difficile pour les citoyens de disposer d'informations suffisantes pour évaluer l'action de leurs dirigeants. L'action politique recouvre en effet des problématiques extrêmement complexes et variées, de sorte qu'un citoyen est a priori incapable de juger avec pertinence l'action de ses responsables politiques.

Ce défaut d'information des citoyens par rapport à l'action de leurs dirigeants est un phénomène bien connu des économistes. Dans la plupart des marchés en effet, les acteurs disposent d'informations inégales : on parle alors d'asymétrie d'information. Obstacle majeur au bon fonctionnement des marchés, le phénomène d'asymétrie d'information a été étudié par de nombreux économistes1.

Trois solutions pour corriger les asymétries d'informations

Pour passer en revue les trois principales solutions qui ont résulté de ces études, considérons cette fois le marché de la politique en assimilant les personnalités politiques à l'offre et les citoyens électeurs à la demande.

  1. La première solution invite les demandeurs - ici, les citoyens - à consentir eux-mêmes les efforts nécessaires d'information. Or, nous avons rappelé qu'il n'était pas raisonnable d'exiger un tel effort de la part des citoyens même si cela ne dispense pas de se tenir informé des principales questions publiques.
  2. La seconde proposition entend corriger les asymétries d'informations par l'image de marque et la réputation des offreurs. Dans le cas qui nous intéresse, on constate malheureusement un puissant sentiment de défiance des citoyens vis-à-vis de la classe politique. Ce sentiment repose sur les scandales récurrents qui émaillent la vie politique mais également sur le décalage important qui existe entre les citoyens et leurs dirigeants, souvent perçus comme appartenant à une élite mondialisée peu soucieuse de l'intérêt général.
  3. Plus subtile, l'intervention d'intermédiaires crédibles et indépendants constitue la troisième piste. En politique, ces intermédiaires sont composés des médias et des experts. Ceux-ci ont pour fonction d'analyser et de décrypter l'action de nos dirigeants et de nos représentants pour permettre aux citoyens de développer leurs propres opinions par l'exercice de leur esprit critique. Si l'on peut se réjouir de l'existence de ces intermédiaires, on ne peut pourtant pas taire les connivences fortes qui existent entre grands médias et dirigeants politiques et/ou économiques.

L'indépendance et la crédibilité nécessaires à la fonction de ces intermédiaires en sont d'autant amoindries, créant une suspicion plus ou moins vive des citoyens vis-à-vis des médias.

Si les médias ont donc leur part de responsabilité, nous sommes nous aussi coupables en tant que citoyens lorsque nous ne prenons pas la peine d'exercer notre esprit critique vis-à-vis des informations qui nous sont présentées. Nos dirigeants assument eux aussi une part de responsabilité en maintenant une grande opacité dans l'action publique, bien loin de la démarche d » « open data » qui invite à mettre à disposition des citoyens, des médias et des experts un maximum de données publiques. Une telle transparence permettrait pourtant aux citoyens d'accéder à davantage d'informations et donc de mieux contrôler et évaluer l'action menée par leurs dirigeants.

Une solution supplémentaire : l'engagement citoyen

A ce stade, nous avons vu que les trois solutions envisagées par les économistes étaient effectivement mises en œuvre, quoique de façon imparfaite et insuffisante. Un intérêt plus marqué des citoyens à la politique, une meilleure exemplarité de nos dirigeants, davantage de transparence et une plus grande indépendance des médias permettraient sans nul doute de réoxygéner notre démocratie.

Cependant, il se peut que cela ne soit pas assez efficace au regard de la situation et des aspirations des citoyens. Il incombe alors à ces derniers d'envisager une solution que les économistes ne pouvaient considérer et qui consiste à passer du statut de demandeurs à celui d'offreurs. En effet, malgré les nombreuses similitudes observées, l'Etat et les citoyens ne sont pas tout à fait comparables à une entreprise et des actionnaires classiques. Les citoyens ont en particulier le droit - sinon le devoir civique - de s'impliquer de manière active dans la vie publique.

Quant aux manières concrètes de procéder, cela peut prendre la forme d'un engagement associatif, politique, syndical ou même individuel comme l'a illustré le Docteur Irène Frachon par son action dans l'affaire du Mediator.

Ce qui importe en réalité, c'est d'adopter une démarche qui accorde la primauté à la proposition et à l'action. Car une chose est sûre, la démocratie ne survit pas à la désertion de ses citoyens !

 La Chine ne doit pas ignorer la famine

La Chine est la deuxième puissance économique du monde et le premier partenaire commercial de l’Afrique. Mais Pékin est encore un nain dans l’aide humanitaire au continent africain. Son statut de grande puissance lui impose d’aider davantage la Corne de l’Afrique à lutter contre la famine.

 

 

Le président chinois Hu Jintao reçoit le président camerounais Paul Biya à Beijing, le 20 juillet 2011. REUTERS/POOL New


La Chine doit changer sa vision de l’Afrique. Pour Pékin, le continent constitue surtout un fournisseur de matières premières, un marché important pour ses produits à bas coût. Les nombreuses voix des pays africains de l’ONU sont également très courtisées par le régime chinois.

Jusqu’à présent, le Parti communiste au pouvoir laissait aux Occidentaux deux domaines très sensibles: la défense des droits de l’homme et l’aide humanitaire de masse.

Mais le géant économique chinois ne peut éternellement rester un nain dans ce dernier domaine. La stratégie «gagnant-gagnant» de Pékin, tant vantée d’Alger au Cap, ne devrait ignorer les enfants somaliens qui meurent de faim.

Ecrasés par des problèmes titanesques de dettes publiques, les pays occidentaux ont traîné les pieds avant d’aider la Somalie.

Mais les zones les plus touchées par la famine, conséquence d’une grave sécheresse, sont contrôlées par les insurgés islamistes shebab, affiliés à al-Qaida. En niant toute famine chez eux et en restreignant l’accès aux organisations humanitaires occidentales, les combattants islamistes n’ont pas contribué à susciter un large élan de solidarité en Occident, comme ce fut le cas pour la famine de 1984 en Ethiopie. Les shebab portent ainsi une lourde responsabilité dans ce qui constitue désormais la plus grave crise humanitaire au monde.

La Chine, locataire des terres arables africaines

Mais l’Europe et les Etats-Unis ont quand même mis la main à la poche pour venir en aide aux millions d’Africains menacés par la famine, en premier lieu en Somalie, en Ethiopie, à Djibouti, mais aussi au Kenya et jusqu’en Ouganda. Critiquant au passage la timidité de la Chine en la matière.

La première salve est venue d’Allemagne, locomotive économique de l’Europe et troisième exportateur mondial derrière la Chine et les Etats-Unis.

C’est Günther Nooke, le chargé des affaires africaines du gouvernement allemand, qui est monté au créneau:

«Dans le cas de l’Ethiopie, il est probable que la vente massive de terres à des entreprises ou des Etats comme la Chine, qui veulent y pratiquer une agriculture intensive, profite à une petite élite.»

Et d’ajouter:

«Tout ce que fait la Chine en Afrique n’est pas mauvais. Mais ne consacrer l’agriculture qu’aux exportations peut conduire à de grands conflits sociaux, si de petits paysans perdent leurs terres et leurs moyens de subsistance.» 

Berlin a ainsi mis le doigt sur un sujet douloureux: la location (et non l’achat) par des sociétés chinoises de terres africaines pour produire et exporter vers la Chine des produits agricoles.

Selon le centre de recherche américain d'Oakland, environ 200.000 personnes pourraient ainsi être déplacées des 350.000 hectares loués dans le sud-ouest de l'Ethiopie depuis 2008.

La Banque mondiale avait, dans un rapport officiel publié en 2010, clairement pointé du doigt les pays acheteurs de terres dans les pays pauvres: Chine, Grande-Bretagne, pays du Golfe, Arabie saoudite et Corée du Sud.

Médiatisation

Si la situation perdure de longs mois et s’aggrave, la famine en Somalie risque de rendre la situation intenable pour les pays acheteurs et poser de terribles cas de conscience. Mais encore faudrait-il que les opinions publiques soient informées de ce commerce d’un genre bien particulier.

Certains commentateurs occidentaux s’autoflagellent volontiers sur l’indifférence des Européens et Américains, en pleines vacances d’été, à propos des conséquences de la sécheresse africaine.

Mais des reportages en Somalie, au Kenya et en Ethiopie sont diffusés chaque jour sur les grandes chaînes de télévision française, à des heures de grande écoute. Et la presse écrite, les radios et les sites Internet ne sont pas en reste.

Les médias chinois parlent-ils autant de l’urgence humanitaire dans la Corne de l’Afrique que les médias français? Il est permis d’en douter…

La guerre des superpuissances

Si l’Allemagne a tiré la première, des élus américains lui ont vite emboîté le pas. D'influents élus de la Chambre des représentants ont affirmé que la Chine et l'Arabie saoudite devaient faire davantage d’efforts.

«Nous pouvons commencer par aider les organisations qui prennent des risques en apportant de la nourriture, des soins et de l'aide humanitaire aux plus vulnérables; d'autres membres de la communauté internationale, y compris la Chine et l'Arabie saoudite, doivent aussi faire plus d'efforts», a martelé la chef de la minorité démocrate, Nancy Pelosi.

Les deux pays visés n’ont pas été choisis au hasard. Washington et Pékin sont actuellement les deux superpuissances mondiales et certains parlent même d’un «G2» qui dirige la planète, et se livre une féroce concurrence.

La Chine pourrait même dépasser les Etats-Unis comme première puissance économique mondiale avant 2020 et se permet déjà de tancer sans ménagement l’Oncle Sam pour ses problèmes de dettes.

L’Arabie saoudite, premier exportateur mondial d’or noir, est assise sur une montagne de pétrodollars qui ne servent guère à l’aide humanitaire pour l’Afrique, pourtant en grande partie musulmane.

Et, pour donner l’exemple, les Etats-Unis viennent de débloquer plus de cent millions de dollars (70 millions d’euros) d’aide supplémentaire pour l’Afrique de l’Est.

La dernière contribution financière de Pékin remonte à fin juillet et s’élevait à seulement 9,8 millions d’euros en aide alimentaire d’urgence. Et pendant que la Corne de l’Afrique s’enfonçait dans la famine, la Chine réalisait en juillet 2011 des exportations record, qui ont atteint plus de 123 milliards d’euros.

Même la France, jusque-là un peu timide, a le 8 août triplé son aide, qui passe ainsi de 10 à 30 millions d’euros.

Mais l’Afrique est-elle toujours condamnée à tendre la main à l’étranger pour venir en aide à ses populations?

Il y a certes une Afrique qui crie famine, mais il y en a aussi une Afrique verte, où les récoltes sont bonnes. Le nord du Kenya souffre de la sècheresse mais les récoltes pourrissent dans le sud du pays. Terrible paradoxe. La raison: les infrastructures insuffisantes. Même chose en Ethiopie.

«Téléthons» africains contre la famine

Mais si l’Union africaine réfléchit toujours à ce qu’elle pourrait faire, si les gouvernements africains paraissent figurer aux abonnés absents, une solidarité populaire semble se dessiner ici et là et ne demande qu’à s’amplifier.

Par exemple au Kenya, où a été lancée le 27 juillet par l'association des médias kényans (plusieurs mastodontes du secteur privé dont l'opérateur de téléphonie mobile Safaricom et la Croix-Rouge kényane) l'opération Kenyans for Kenya. Elle a déjà réuni près de 3,7 millions d'euros.

Pourquoi ne pas lancer de telles opérations dans d’autres pays africains, un genre de «téléthon» continental contre la famine?

Pourquoi les artistes africains ne se mobilisent-ils pas?

Pourquoi les milliardaires africains ne font-ils pas un geste?

Une telle mobilisation continentale serait le symbole éclatant d’une Afrique fière, qui sait faire preuve de générosité envers ses frères. Une Afrique qui ne compte pas seulement sur les autres pour résoudre ses crises.

Adrien Hart


«Il y a clairement une volonté d’humilier Laurent Gbagbo»

 

 

 


Emmanuel Altit, avocat et pénaliste international, proteste contre les conditions de détention de Laurent Gbagbo. Il fait partie du collectif d’avocats mandaté officiellement par Géraldine Odéhouri, la conseillère juridique de l’ancien président ivoirien. Ce collectif comprend trois avocats ivoiriens, Agathe Barouin, Jean-Serge Gbougnon et Toussaint Dako Zahui. Il compte aussi un avocat togolais de renom, Joseph Kokou Koffigoh, ancien Premier ministre sous Gnassingbè Eyadéma (1991-94) puis ministre des Affaires étrangères du Togo (1998-2000) et chef d’une mission des observateurs de l’Union africaine (UA) qui avait défendu Laurent Gbagbo lors de la dernière présidentielle ivoirienne. Le collectif comprend également les avocats français Jacques Vergès, Roland Dumas, Lucie Berthoumieux et Emmanuel Altit, qui s’en explique pour Slate Afrique.

 

Slate Afrique: Pourquoi avez-vous été mandaté pour défendre Laurent Gbagbo?

Emmanuel Altit: Notre mission est d’intervenir sur le plan international, de changer le rapport de force politique général, d’intervenir dans les négociations avec les autorités ivoiriennes, mais aussi les Nations unies et la Cour pénale internationale (CPI). Nous faisons un travail de fond depuis plusieurs semaines et nous ne sortons du bois que maintenant, pour dénoncer les conditions de détention de Laurent Gbagbo, parce que nous avons d’abord voulu constituer les dossiers et rassembler suffisamment  d’éléments.

Avez-vous pu voir Laurent Gbagbo?

E. A.: Jusqu’à présent, non. Les autorités ont peur de l’écho que nous pourrions donner à ce que nous pourrions voir sur place. J’ai fait une demande formelle le 15 juin lors d’un rendez-vous avec Jeannot Ahoussou, le ministre de la Justice du gouvernement Ouattara. Il m’a promis que je pourrais voir Laurent Gbagbo dans les jours qui viennent. J’ai rencontré la direction des Droits de l’Homme de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire le 17 juin, qui m’a tenu le même discours. Nous sommes le 11 août, et il ne s’est toujours rien passé.

Avez-vous pris conscience du niveau de haine de violence qui a prévalu en Côte d’Ivoire tout au long de la crise post-électorale?

E. A.: Qui a prévalu et qui prévaut toujours. J’étais encore en Côte d’Ivoire il y a quelques jours. Ce qui s’est passé est terrible, et il sera très difficile de parvenir à une vraie réconciliation. Cette dernière va demander des efforts de tous les côtés. Du côté des nouvelles autorités ivoiriennes, les efforts ne sont pas là: il existe une logique de vengeance et d’humiliation, qui se trouve à l’oeuvre dans les conditions de détention de Laurent Gbagbo.

Ne pensez-vous pas que le fait que l’ancien président n’ait pas été exécuté représente déjà une avancée? Faut-il se remémorer l’exemple du couple Ceaucescu, en Roumanie, qui avait été fusillé?

E. A.: Les contextes sont différents. Le poids du chef en Afrique n’a rien à voir avec la culture européenne. Laurent Gbagbo est maltraité. Les lois ivoiriennes comme les lois internationales sont violées, dans l’indifférence générale.

En quoi ce dossier vous intéresse-t-il?

E. A.: Dans mon cabinet, nous connaissons bien l’Afrique. J’ai vécu en Côte d’Ivoire et au Libéria. Nous avons aussi l’habitude des affaires délicates, d’intervenir pour des chefs d’Etat ou des opposants politiques. Enfin, nous sommes spécialisés dans la justice pénale internationale. J’ai défendu Thomas Lubanga, le premier accusé à avoir comparu devant la CPI, et je connais le fonctionnement de la CPI en amont. Je travaillais sur les réformes pénales en Bosnie dans les années 1990, et je suis allé à New York en tant que conseiller légal de la délégation de Bosnie en vue de la ratification du traité de Rome, en 1998.

Où en est l’enquête de la CPI en Côte d’Ivoire?

E. A.: Pour l’instant il n’y a pas d’enquête officielle. Le procureur de la CPI s’est familiarisé avec le dossier, il a été briefé par les organisations de défense des droits de l’homme et par la communauté internationale. Une première phase formelle consiste à demander à toutes les victimes de se manifester : elles ont eu trente jours pour le faire à partir du 17 juin. Ensuite, une enquête préliminaire a été ouverte le 23 juin, pour examiner les possibilités d’enquête et de publication ultérieure de mandats d’arrêt. Pour l’instant, nous en sommes aux prémisses concernant la CPI.

Y a-t-il d’autres avocats mandatés par la famille, en dehors du collectif dont vous faites partie?

E. A.: Autour de notre collectif se greffent d’autres avocats qui défendent d’autres membres de la famille ou des anciens ministres. Mais en ce qui concerne le président, et nous ne parlons pas de sa femme (Simone Ehivet Gbagbo, ndlr), notre collectif est le seul à avoir mandat officiel.

 

Les médias guinéens sous pression

Barack Obama, le président américain, vient de saluer la Guinée comme un modèle de démocratie. Sauf que, à Conakry, les journalistes ne sont pas du même avis.

 

 

Des Guinéens devant un kiosque à Conakry, décembre 2009. © REUTERS/Reuters Staff


 «Le président guinéen Alpha Condé est-il un démocrate sincère ou alors un autocrate en puissance », s'interrogeait Le Monde, dans son éditorial du 29 juillet dernier intitulé «Triste Guinée, ou l'espérance déçue de Conakry».

«Plusieurs indicateurs, déjà menaçants, viennent de passer au rouge: […] absence de dialogue avec l'opposition, tergiversations sur le calendrier électoral», poursuit le quotidien français.

Des craintes commencent à être formulées. Des doutes commencent à poindre sur la volonté des nouvelles autorités. L'espoir démocratique qu'avait suscité, en 2010, la première élection libre et transparente de l'histoire de la Guinée, remportée par l'opposant historique Alpha Condé, peut être évalué au regard de la liberté de la presse et d'expression. Depuis début 2011, le tableau est loin d'être rose.

Tentatives d'intimidation

En réaction à l'attentat à l'arme lourde perpétré, le 19 juillet dernier, contre la résidence privée du chef de l'Etat, le Conseil national de la communication (CNC, organe de régulation des médias) a lancé, le 21 juillet, «un appel aux médias, publics et privés confondus, à s'abstenir de tout commentaire pouvant mettre de l'huile sur le feu, pendant cette période très sensible de notre histoire». Cinq jours plus tard, le CNC a tout simplement interdit «à tous les organes d’information publics et privés» d’évoquer l’attentat contre le président Alpha Condé. Une décision qui violait la Constitution du pays consacrant la liberté de la presse comme une liberté fondamentale, et qui revenait à instaurer une censure préalable.

Evidemment, cette mesure faisait tâche au moment où Alpha Condé se rendait aux Etats-Unis, avec ses homologues Alassane Ouattara de Côte d'Ivoire, Mahamadou Issoufou du Niger, et Thomas Yayi Boni du Bénin, pour être salué comme un modèle démocratique en Afrique francophone.

Heureusement, la mesure a été levée. Est-ce à cause de ce voyage à la Maison blanche? Parce que le Quai d'Orsay, par la voix de son porte-parole, Bernard Valero, a publiquement dénoncé cette mesure? Parce que trois associations de la presse locale —l'Association guinéenne des éditeurs de la presse indépendante (Agepi), l'Association guinéenne de la presse en ligne (Aguipel), et l'Union des radios et télévisions libres de Guinée (Urtelgui)— se sont rapidement mobilisées? On ne le sait. Toujours est-il que le CNC a fait machine arrière.

Une transition prometteuse pourtant

En 2010, le processus électoral s'est globalement bien déroulé pour les médias, même si ces derniers ont eu à faire face à quelques incidents. Mais surtout, la période de transition a enregistré des avancées considérables pour la presse grâce à un cadre juridique entièrement révisé. Ainsi le principe de la liberté de la presse a été inscrit dans la Constitution guinéenne. Puis trois lois ont été préparées par la Commission en charge de la communication du Conseil national de transition (CNT).

La première, portant sur la liberté de la presse, consacre la dépénalisation des délits de presse. Le texte prévoit des amendes, parfois lourdes, mais n’impose plus de peines de prison pour les journalistes coupables de délits de presse. La deuxième, portant attributions, organisation, composition et fonctionnement de la Haute autorité de la communication (HAC), prévoit la création d'un nouvel organe de régulation des médias, plus indépendant, comptant davantage de membres et un président désormais élu par ses pairs. Enfin, la dernière loi garantit l'accès à l'information publique.

Ces trois lois ont été promulguées par le général Sékouba Konaté (président de la transition de 2009 à 2010) en juin et en décembre 2010. Pourtant, depuis que le président Alpha Condé a été élu à la tête de l'Etat, aucune n'est encore appliquée.

Des espoirs déjà déçus

Reporters sans frontières s'est efforcée de comprendre les éléments qui empêchent la mise en application de ces textes. Il apparaît que le blocage est consécutif à la fois à une maladresse de rédaction dans l'un des textes, à une erreur de procédure administrative, et surtout à la mauvaise volonté des autorités politiques et judiciaires.

La loi portant création de la HAC prévoit qu'un membre de cette institution soit nommé par le président de l'Assemblée nationale. Or, la Guinée n'a pas encore tenu d'élections législatives et n'a donc pas de président de l'Assemblée nationale. Le texte aurait dû prévoir une disposition transitoire telle que:  

«En l'absence d'Assemblée nationale, le président du Conseil national de transition nomme un membre au sein de la HAC.»

Sans cette disposition transitoire, l'application de la loi se heurte effectivement à un obstacle.

L'application de la loi sur la liberté de la presse, elle, a été freinée par une erreur de procédure administrative. La Cour suprême n'a pas visé le texte avant sa promulgation. Elle aurait pourtant dû le faire et affirmer la conformité de la loi à la Constitution du pays. C'est la marche à suivre pour une loi organique. Pour corriger cette erreur, le secrétariat général du gouvernement a été invité à transmettre les lois, sans délai, à la Cour suprême. Tout le monde attend, mais les autorités ne montrent aucun signe d'empressement. Aujourd'hui, certains observateurs et acteurs du secteur des médias viennent à penser que ces nouvelles lois n'ont aucune chance d'être appliquées.

Quelle place le chef de l'Etat réserve-t-il à la presse locale dans le processus de changement qu'il promet pour la Guinée? Nul ne le sait. Alpha Condé est perçu comme distant, voire méprisant, vis-à-vis de la presse nationale. Il n'a donné aucun signe pour contredire sa réputation et rassurer les journalistes. Au contraire, plusieurs mesures liberticides, prises par le CNC notamment, pèsent comme une menace sur la profession.

La «fragilité du tissu social»

Depuis le début de l'année, les autorités guinéennes utilisent régulièrement l'argument de la «fragilité du tissu social» pour justifier leur méfiance vis-à-vis des médias, voire d'éventuelles mesures répressives. Après avoir suspendu provisoirement la radio Familia pour «troubles à l'ordre public», le CNC a adressé un avertissement à la radio Espace FM, pour «violations répétées à l'éthique et à la déontologie dans son émission Les Grandes Gueules», puis un autre à la station Soleil FM.

En juin, le CNC a suspendu l'hebdomadaire privé Le Défi pour une durée de deux mois pour «manquement à l'éthique et à la déontologie», suite à un commentaire demandant le renvoi du général Facinet Touré du poste de médiateur de la République, pour ses propos dénonçant le monopole économique des Peuls et soutenant leur discrimination politique. Enfin, en juillet, on l'a vu, le CNC a tenté, pendant quatre jours, d'interdire à tous les médias de couvrir le principal fait d'actualité agitant le pays. D'autres incidents, non imputables au CNC cette fois, ajoutent leur part d'ombre au tableau. En avril 2011, plusieurs médias ont été empêchés par les forces de l'ordre de couvrir l'arrivée à Conakry du leader de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG, opposition), Cellou Dalein Diallo, candidat malheureux à l'élection présidentielle. Fin mai, une dizaine de bérets rouges ont investi les locaux du groupe L'Indépendant - Le Démocrate, à la recherche du directeur de publication, Mamadou Dian Baldé. «Nous avons des questions à lui poser et des comptes à lui régler», auraient lancé les visiteurs, remontés contre un article publié par L'Indépendant et intitulé «Hausse des salaires: les militaires se frottent les mains».

A la Radio télévision guinéenne (RTG), trois journalistes, Marie-Louise Sanoussi, Siré Dieng et Ibrahima Ahmed Barry, ont été évincés, début mai 2011, de la présentation du journal télévisé. A Conakry, on laisse entendre que les journalistes en question ont été sanctionnés pour leur proximité supposée avec l'UFDG et que la décision de les mettre à l'écart aurait été prise au plus haut sommet de l'Etat.

Davantage qu'en 2010, c'est peut-être aujourd'hui que la Guinée se trouve face à un moment décisif de son histoire. Soit il s'inscrit dans une perspective démocratique, soit il effectue un retour en arrière. Aux nouvelles autorités de porter les espoirs du peuple guinéen ou de les décevoir. Concernant la liberté de la presse, tout reste à faire.

Ambroise Pierre

Guinée: l'attaque contre le président Condé ravive les rivalités ethniques

Les commentaires vont bon train depuis l'attaque, le 19 juillet, contre le président de la Guinée, Alpha Condé. Dans son fief à Kankan, la radio locale Milo relaie des avis généralement teintés de méfiance interethnique.

 

Une affiche d'Alpha Condé dans une rue de Conakry, septembre 2010. © REUTERS/STR New


Assis derrière la vitre du studio de Radio Milo, Alpha Oumar Koïta s’apprête à lancer le journal de 21h00 avec un porte-badge «Alpha Condé» autour du cou. Dehors, l’orage gronde et la pluie tombe à verse. Les quatre minarets de la grande mosquée de Kankan, ville située en Haute-Guinée, émergent au-dessus des manguiers, illuminés par des éclairs. Le reportage proposé ce matin sur les faibles précipitations saisonnières attendra. Le micro-trottoir réalisé dans la journée sur l’attaque de la résidence du président Alpha Condé à Conakry, dans la nuit du 18 au 19 juillet, est en revanche toujours d’actualité.

Des dizaines de militaires ont été arrêtés, parmi lesquels l’ancien chef d’état-major des armées, proche de l’ancien président de la transition Sékouba Konaté. Le ministre de l’Administration du Territoire a déclaré le 22 juillet à la télévision qu’il «n’y aura pas de règlements de compte ni de chasse aux sorcières».

Le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG, opposition), Cellou Dalein Diallo, a eu beau condamner l’attaque depuis l’étranger, certains membres de sa famille ont été arrêtés et les locaux du journal d’opposition Le Défi ont été saccagés par des inconnus. Le numéro 2 du parti, Oury Bah, reste introuvable. L’UFDG avait appelé cinq jours plus tôt à une «mobilisation totale» de ses militants et sympathisants pour stopper les «dérives dictatoriales»

Gros nuages sur la démocratie guinéenne

Aucune violence n’a été constatée. Mais, chacun prend ses précautions. En partance pour Conakry, le responsable local du Rassemblement pour le peuple de Guinée (RPP, parti présidentiel), Oumar Kaba, a préféré ne pas voyager de nuit «vu le contexte actuel». De retour de la capitale, le chauffeur d’une ONG européenne a constaté qu’un nombre inhabituel de Peuls quittaient la ville en direction de la Moyenne-Guinée. «Ils savent qu’ils ne sont pas propres», rit l’employé selon qui les Peuls, «compliqués», sont derrière l’attaque qui a visé le président.

A l’antenne de Radio Milo, les étudiants de l’université, interrogés pour le micro-trottoir, font preuve de retenue sur le mode «laissons la justice faire son travail». Les réactions virulentes de militants du RPG seront diffusées le lendemain dans le journal en malinké, une langue parlée en Guinée.

Comme toute la Haute-Guinée, majoritairement peuplée de Malinkés, Kankan a massivement voté pour l’enfant du pays Alpha Condé au cours de la première élection présidentielle démocratique guinéenne en novembre 2010. Une élection marquée, toutefois, par des clivages ethniques.

Le visage du président est partout dans la ville. Sur les pagnes, à l'arrière des taxis-motos et dans les rares cybercafés, alimentés par des générateurs d’électricité. Cinquante-trois ans après son indépendance la quasi-totalité de la Guinée est toujours plongée dans le noir.

Méfiance tous azimuts

Réalisateur du micro-trottoir, Abdoulaye Kaba a tendu son micro aux commerçants peuls sans résultat. «Ce serait très intéressant d’avoir leur avis. Mais, ils ne veulent pas parler», regrette le frère du propriétaire de la radio installé en Allemagne. Malgré quelques ratés, comme la diffusion de chansons pro-Condé pendant la campagne électorale ou des commentaires mal choisis de ses journalistes amateurs, Radio Milo s’efforce d’offrir une information impartiale.

«Je n’ai pas voté au premier tour compte tenu de ma fonction», révèle Saliou Touré, rédacteur en chef de l’autoproclamée première radio privée de l’intérieur du pays, qui porte le nom du fleuve local. Ce professeur de géographie au lycée déplore «le manque de respect de l’éthique et de la déontologie en Guinée» faute de formations appropriées. Mais il tient à rassurer sur la liberté dont ils jouissent:

«On a une totale liberté d’information en évoquant quelques dossiers gênants pour les autorités locales sortis par la radio.»

Si les commerçants peuls fuient les micros, certains évoquent la situation en privée. Ibrahim Baldé tient en centre-ville un minuscule et obscur restaurant dont les services sanitaires ne feraient qu’une bouchée. Quand des violences ont ciblé sa communauté l’année dernière, la plupart des commerçants de Kankan ont fermé boutique et ont rejoint momentanément le Fouta Djalon, craignant la victoire de leur candidat. «Je suis resté, car je savais que Diallo n’allait pas gagner», raconte-t-il dans un mauvais français, en découpant lentement une pièce de viande visitée par les mouches.

Même s’il affirme ne pas rencontrer de problèmes dans ce bastion du pouvoir, il souligne que «les gens du Fouta sont vus comme des étrangers par la population locale». Son opinion sur l’arrestation de membres de la famille de Cellou Dalein Diallo en dit long sur la méfiance qui règne entre les communautés:

«S’ils s’en prennent à un leader de l’UFDG c’est comme s’ils s’en prenaient aux Peuls», commente-t-il.

Après un dernier rappel sur un incendie causé par une mauvaise manipulation d’un générateur, le journal de la Radio Milo s’achève sur les mots pleins d’optimisme du présentateur:

«Chaque jour qui s’annonce est une nouvelle vie.»

Fabien Offner

 «Armée française, allez-vous en!»

Des centaines de militaires français ont déjà quitté leur base de Dakar. Des centaines d’autres en Côte d’Ivoire et au Tchad devraient également plier bagage dans les prochains mois. Mais Paris reste toujours solidement implanté à Libreville et Djibouti.


Des militaires français de l'opération Epervier, à Abeche, au Tchad, le 1er mai 2006. REUTERS/STR New

 

Alpha Blondy l’avait chanté et rêvé; Nicolas Sarkozy l’a (presque) fait: la fermeture des bases militaires françaises d’Afrique. Souvenez-vous, en 1998, le plus célèbre rastaman africain demandait le départ des «piou piou tricolores» du continent dans sa chanson Armée française

Le refrain était alors repris en cœur par toute la jeunesse d’un continent:

«Armée française allez-vous en!
Allez-vous en de chez nous...
Nous ne voulons plus d'indépendance
sous haute surveillance»

Un an plus tard, le 24 décembre 1999, un coup d’Etat militaire contre le président Henri Konan Bédié ouvrait pour la Côte d’Ivoire plus d’une décennie de guerre, massacres et violences ethnico-religieuses.

En 2007, en pleine crise ivoirienne, Alpha Blondy a remis le titre au goût du jour, avec des images très violentes défilant sur un tempo reggae.

Mais l’Histoire est parfois ironique. En 2011, c’est cette même armée française, tant vilipendée par la star ivoirienne, qui a contribué à la victoire finale d’Alassane Ouattara, en apportant une aide décisive lors de la bataille d’Abidjan

Et le même Alpha Blondy apparaît alors à la télévision ivoirienne après une entrevue avec le nouveau chef de l’Etat, pour défendre… l’action des militaires tricolores. Il remercie l’armée française d’avoir «sauvé ses fesses» et d’avoir évité un «génocide» en Côte d’Ivoire.

Il se fait même l’avocat de la France:

«Au Rwanda, qu’est-ce qu’on a reproché à l’armée française? On dit, ils n’ont rien fait pour empêcher, on dit l’ONU n’a rien fait. Ici en Côte d’Ivoire, l’ONU et l’armée française sont intervenues pour éviter que les Ivoiriens se massacrent, je parlerais d’assistance à peuple en danger».

L’objectif premier des militaires français de la force Licorne n’était sûrement pas de «sauver les fesses» d’Alpha Blondy, mais ils ont dû apprécier le revirement du musicien…

Reprenons un couplet du titre Armée française et passons en revue les pays mentionnés, au vu des derniers développements de l’actualité:

«En Côte d'Ivoire,
nous ne voulons plus de vous
Au Sénégal,
nous ne voulons plus de vous
Au Gabon,
nous ne voulons plus de vous
En Centrafrique,
nous ne voulons plus de vous
A Djibouti,
nous ne voulons plus de vous
A N’Djamena,
nous ne voulons plus de vous»

Côte d’Ivoire

Laurent Gbagbo avait fermé la base de Port-Bouët, près de l’aéroport d’Abidjan. Ouattara a demandé son maintien. En juillet, le Premier ministre français François Fillon a confirmé lors d’un déplacement dans la capitale économique ivoirienne que 300 militaires français resteraient à Abidjan, à la demande des autorités.

La force Licorne compte 900 hommes actuellement. 600 devraient donc partir, probablement après les élections législatives prévues à la fin de l’année. Au plus fort de la bataille d’Abidjan, Licorne comptait quelque 1.700 soldats.

Cette force «devra assurer la coopération avec les forces ivoiriennes pour les aider à reconstruire leur outil de défense», a souligné Fillon. Mais «nous conserverons la possibilité d'une réversibilité, pour remonter en puissance très rapidement si nécessaire», a-t-il ajouté, pour rassurer les quelque 14.000 ressortissants français, dont près de la moitié de binationaux.

Premier exportateur mondial de cacao, pays le plus riche d’Afrique de l’Ouest francophone, la Côte d’Ivoire reste un partenaire privilégié de la France. Le maintien d’une présence militaire devrait rassurer les investisseurs français, déjà très présents dans le pays, pour participer à la reconstruction.

Sénégal

Quelque 900 des 1.200 militaires français basés à Dakar sont partis. Au 31 juillet, il n’en reste donc que 300, regroupés sous la dénomination d’«Eléments français au Sénégal». Un départ massif mais qui est resté relativement discret. Ni Paris, ni Dakar ne souhaitaient en faire grande publicité.

Sarkozy avait dit en 2008 que la présence militaire française allait être réduite en Afrique et qu’une seule grande base subsisterait à terme sur la façade atlantique. Pendant de longs mois, Dakar et Libreville ont fait valoir leurs arguments, les différents corps de l’armée française également.

Mais, selon certaines sources, la volonté du président sénégalais Abdoulaye Wade de percevoir un «loyer» pour les installations militaires françaises (comme c’est le cas à Djibouti) a fait pencher la balance du côté du Gabon.

La forte réduction de la présence militaire tricolore suscite une certaine inquiétude chez les 25.000 Français du Sénégal (il s’agit de la plus importante communauté française en Afrique subsaharienne, avec Madagascar). Ce retrait tricolore intervient en effet au moment où la vie politique sénégalaise est de plus en plus agitée, avec de nombreuses manifestations dans les rues. La volonté du président Wade, âgé de 85 ans, de briguer un nouveau mandat en 2012 est loin de faire l’unanimité.

A noter que le François Fillon a «sauté» l’étape sénégalaise dans sa tournée africaine de juillet…

Gabon

Libreville est le grand gagnant de la réorganisation militaire de la France en Afrique. Ce petit pays, qui entretient depuis son indépendance des relations très serrées avec l’ancienne métropole, est situé au cœur d’une importante région pétrolière, avec notamment le Nigeria, premier producteur d’or noir du continent.

«Sur la façade ouest-africaine, la base opérationnelle avancée des forces françaises du Gabon ainsi que le pôle opérationnel de coopération des éléments français du Sénégal, qui lui sera en partie subordonné, formeront le cœur de notre nouveau dispositif avancé et projetable», a déclaré le Premier ministre français lors d’une escale à Libreville en juillet.

Dans la capitale, le camp de Gaulle accueille 900 militaires français. Ils peuvent être rassurés: ils sont là pour encore longtemps.

Centrafrique

L’armée française continue d’assister les militaires centrafricains, qui ont beaucoup de mal à faire régner l’ordre en dehors de la capitale Bangui. Mais l’importante base de Bouar a été fermée dans les années 90. Bangui a été délaissée au profit de Libreville, plus stable.

Djibouti

Ce petit territoire quasi désertique, stratégiquement situé, abrite la plus importante base militaire française à l’étranger, soit 2.900 hommes. Les Américains y ont installé leur seule base en Afrique et les Japonais viennent d’ouvrir la leur.

La présence,  en Somalie voisine, des combattants islamistes shebab affiliés à al-Qaida et la quasi-guerre civile au Yémen accroît encore l’importance des bases à Djibouti.

Tchad

Officiellement, la France n’a pas de base permanente au Tchad. Mais dans les faits, Paris maintient dans ce pays un millier d’hommes… depuis 25 ans! Ils sont déployés dans le cadre du dispositif Epervier, mis en place en 1986 après une offensive de Kadhafi (Libye) contre le régime d’un certain Hissène Habré

Mais les choses pourraient maintenant très vite évoluer. En 2010, le président Idriss Déby avait lui aussi réclamé un «loyer» aux Français, une demande toujours délicate en ces temps de restriction budgétaire à Paris. Il avait même affirmé qu’il n’empêcherait «pas Epervier de partir».

En juillet dernier, le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé l’a pris au mot, estimant que la présence d’un millier de militaires français au Tchad ne se justifiait pas. Des négociations sont en cours, mais plusieurs centaines de soldats pourraient faire leurs valises dans les mois à venir.

Paris devrait toutefois maintenir au Tchad une «plate-forme de coopération militaire», comme au Sénégal. Objectif: surveiller les combattants d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), qui étend toujours un peu plus son influence dans le Sahel.

En février 2008, l’armée française avait apporté une aide décisive au président Déby contre des rebelles qui étaient arrivés jusqu’aux portes du palais présidentiel. Le chef de l’Etat semble aujourd’hui compter davantage sur sa propre armée, modernisée à grands coups de pétrodollars, que sur les Français.

Si la France réorganise son dispositif militaire en Afrique en réduisant drastiquement le nombre de ses effectifs, ce n’est pas pour faire plaisir à Alpha Blondy. Mais parce que les interventions en Afghanistan et en Libye pèsent très lourd sur le budget, en ces temps de crise économique.

Peut-être le rastaman ivoirien rendra-t-il prochainement hommage dans une de ses chansons aux soldats français qui lui ont «sauvé les fesses». Son dernier titre, en référence à la fameuse vuvuzela sud-africaine du Mondial de football 2010, s’inscrit toutefois dans un registre plus consensuel et surtout plus… sexy:

«Protège ton vuvuzela avant de faire waka-waka
Protège ton vuvuzela parce que le sida est là»

Sacré Alpha.

Adrien Hart

 La rébellion libyenne a-t-elle un avenir?

Après plus de six mois de guerres de territoires, de bombardements et de pertes civiles, sommes-nous parvenus à un tournant dans le conflit libyen?

 

 

Mustapha Abdeljalil président du CNT devant l'image du défunt Abdel Fattah Younès le 9 août 2011 REUTERS/Esam Al-Fetori


Le Conseil national de transition (CNT), organe suprême de l’insurrection libyenne dont la légitimité est reconnue par la coalition internationale, a procédé lundi 8 août à son premier remaniement gouvernemental. Par son président, Moustapha Abdeljalil, le CNT a suspendu l’équivalent de son bureau exécutif.

Selon Mohammed el-Kish, un porte-parole de la rébellion, le président aurait demandé à Mahmoud Jibril, qui tient le rôle de Premier ministre et dirige l’actuel bureau exécutif, de restructurer son équipe.

Mis en place début mars et composé de 14 membres sous l’autorité du CNT, cet organe politique a pour objet la gestion des territoires sous contrôle rebelle dans l’est du pays.

Une semaine après l’assassinat encore inexpliqué du chef d’état-major de la rébellion Abdel Fattah Younès (ex-ministre de l’Intérieur de Mouammar Kadhafi), victime de mésententes, de suspicion de traîtrise et de querelles internes, le Conseil libyen de transition semble en passe de se diviser —voire d’imploser.

Le président du CNT a révélé dans une interview donnée à la chaîne Al Jazeera lundi 8 août que «des erreurs administratives avaient été faites, amenant à dissoudre le bureau». La mort du général Younès a aussi entraîné une vague de pressions de la part des groupes armés des Obeidis, tribu à laquelle il appartenait, qui veulent venger la mort de leur chef.

Si les gouvernements occidentaux manifestent encore leur soutien aux rebelles, il semble que de leur côté, les pays arabes s’interrogent surtout sur la possibilité d’une transition avec ou sans les forces de rébellion libyennes s’ils ne parvenaient pas rapidement à se réorganiser.

Désinformation autour du conflit libyen

Simultanément au remaniement du bureau exécutif, Tripoli accuse l’Otan d’avoir tué 85 civils lundi 8 août dans des raids aériens. Mais les versions diffèrent, car les emplacements où ont été menés ces bombardements sont encore sujets à polémique. Selon un article du journal britannique The Independent (repris par le nouveau site d’information libyen Shabab Libya), «aucune version n’a pu être vérifiée», puisque l’Alliance est en train de mener son enquête sur la perte de ces civils.

La télévision d’Etat a diffusé des images de corps d’enfants brûlés et de blessés à l’hôpital. Mais également, mardi 9 août, des images d’un des fils de Kadhafi, Khamis, déclaré mort le vendredi précédent par les rebelles libyens. Reste à savoir si ces images ont bien été filmées le 9 août, souligne Al Jazeera, qui prend des précautions sur l’identité de la personne à l’écran, préférant parler «d’une ressemblance frappante» avec le fils Kadhafi.

Le site de la chaîne américaine CNN raconte la visite des journalistes sur les lieux des bombardements incriminés:

«Malgré la perte massive présumée de civils dans la zone, les journalistes n'ont trouvé aucune trace de sang ni restes de corps parmi les ruines du village».

Face à ces attaques, l’Otan a répliqué que l’opération militaire était «légitime» et qu'elle n’avait pas plus d’information actuellement sur les pertes civiles.

Il convient donc d’opter pour la prudence avec les informations rapportées actuellement sur la Libye, comme le préconisent certains médias occidentaux. Mais peut-on parler de propagande, comme l'affirme pourtant Euronews qui souligne que les images diffusées à la télévision libyenne ne sont jamais datées? Cet organe avait été visé le 30 juillet par l’Otan, qui voulait mettre un terme à la «propagande» de Kadhafi et le «réduire au silence».

Un programme de 70 pages pour l’après-Kadhafi

La plupart des observateurs arabes s’interrogent sur l’avenir de la rébellion. On imagine que le colonel Kadhafi, qui profite encore du soutien d’une partie de sa population, se délecte de l’échec politique du mouvement rebelle. Les circonstances actuelles en Libye mettent à mal la légitimité de la présence de l’Otan, mais aussi les capacités du CNT à amorcer une transition —bien que celui-ci ait d’ores et déjà élaboré un programme de 70 pages pour l’après-Kadhafi.

L’assassinat du général Younès ayant diminué sa légitimité, le CNT souhaite désormais institutionnaliser ses forces de sécurité. Dans ce sens, 5.000 hommes seraient déjà mobilisés. Le quotidien algérien El Watan reprend l’appel le 9 août du président Moustapha Abdeljalil aux renforts militaires:

«Nous appelons les soldats de tous grades à rejoindre l’armée nationale. Nous appelons également les rebelles des différents groupes armés à rejoindre, en tant qu’individus, cette armée pour améliorer ses. performances.»

Dans les colonnes d’Al-Chourouk, le quotidien arabophone tunisien, les observateurs reviennent sur le projet des rebelles libyens qui prévoient de conserver les infrastructures existantes et ainsi éviter le modèle de l’Irak dans la reconstruction postrévolutionnaire. A ce titre, le CNT prévoit de mobiliser des fonctionnaires qui pourraient composer les prémices de la nouvelle administration. D’après Al-Chourouk, 800 fonctionnaires seraient déjà prêts à former la nouvelle administration. Le CNT aurait donc un plan de reconstruction institutionnel, dans lesquels plusieurs domaines comme la santé ou la recomposition de l’armée seraient déjà à l'étude.

Selon The Australian, le programme de 70 pages affirme que les groupes rebelles à Tripoli ont d’ores et déjà 8.660 partisans —dont 3.255 proviennent de l’armée de Kadhafi. L'ambassadeur du gouvernement rebelle aux Émirats arabes unis et le chef de la cellule de planification pour le groupe de travail, Aref Ali Nayed, s’est exprimé sur ce programme commun:

«Il est important que le public sache qu'il existe un plan pour la suite»

L’ONU, le Qatar, les Emirats arabes unis et la Turquie devraient mettre en route un programme d’approvisionnement d'urgence en gaz et pétrole de 550 millions de dollars (383 millions d'euros) dès la chute du régime, pour restaurer au plus vite le pays. Les mêmes ayant déjà organisé le plan pour une aide humanitaire immédiate.

Les soutiens des pays voisins

Par ailleurs, les observateurs arabes redoutent que la flamme d’al-Qaida (notamment Aqmi, sa branche maghrébine) soit définitivement ravivée. Composé de plusieurs courants politiques et ethniques, le CNT ne fait pas l’unanimité. Ainsi le quotidien algérien L’Expression, dans une tribune du journaliste Mohamed Touati, s’inquiète de la montée des islamistes à ses frontières. Ce dernier analyse une situation qu’il juge préoccupante pour l’Algérie:

«Aqmi aurait, à en croire certaines sources, choisi de tenter d'acheminer des armes libyennes à partir de Benghazi, "capitale" des insurgés libyens, vers l'Algérie, via la Tunisie […] Aqmi profite de cette situation et aurait récupéré des armes de guerre, dont des missiles sol-air, lesquels auraient, d'ores et déjà, été transférés dans ses bases au nord du Mali.»

Pour le site Algérie Focus, qui estimait fin juillet qu’il existait un lien «entre la dégradation de la situation sécuritaire en Kabylie et le conflit libyen», l’Algérie reste toujours gênée des accusations à son encontre sur le présumé armement des forces pro-Kadhafi.

De son côté la Tunisie semble basculer plus précisément du côté de la rébellion et la reconnaissance du CNT. D’après Algérie Focus, le chef d’état-major Rachid Ammar aurait autorisé l’armement des rebelles —une information qui n’a toutefois pas été confirmée par le gouvernement de transition tunisien. En dehors des armes, la Tunisie a joué —et joue encore— un rôle déterminant dans l’approvisionnement en denrées alimentaires vers la Libye.

En contact avec un agent des douanes tunisiennes, Habib Almisawi, journaliste à Al-Chourouk, rapporte que le colonel Kadhafi souhaiterait réquisitionner cet approvisionnement.

Y aura-t-il un après Kadhafi? Si des diplomates américains ont rencontré mercredi 10 août des dirigeants africains pour essayer de faire pression sur le régime de Kadhafi, l’avenir du pays paraît encore incertain. Les annonces radio à diffuser à la population en cas de départ de Kadhafi seraient déjà enregistrées, afin de circonscrire au plus vite les tensions postrévolutionnaires.

Lilia Blaise et Mehdi Farhat

Heureux comme un étudiant à Dakar

L’université de Dakar ne parvient plus à faire face à l’afflux d’étudiants. Près de 70.000 d’entre eux fréquentent la première université sénégalaise. Reportage chez les «galériens».

 

 

L'université Cheikh Anta Diop, Dakar, by Serigne Diagne via Flickr CC


 «Guillaume Soro» n’est pas habitué à recevoir des visites aussi impromptues. Le jeune Sénégalais ne se démonte pas pour autant. Allongé sur un fin matelas en mousse jaune, il invite le journaliste à s’asseoir à ses côtés. Soro est bien installé. D’une constitution solide, bien campé sur ses avants-bras, le fils de paysans qui a lui même labouré la terre, paraît prêt à affronter les périls de ce monde.

«Guillaume Soro» n’est pas son vrai nom. Juste un surnom donné à Madické, étudiant en première année à Cheikh Anta Diop, l’université de Dakar.

«Comme je suis l’un de ceux qui mettent de l’ambiance, l’on m’a surnommé Soro. Ici, on avait même un Gbagbo. Mais on a fini par l’expulser», plaisante Madické, qui révise ses examens d’espagnol.

Sa situation matérielle est des plus précaires. Pour tout bien, il possède son fin matelas en mousse jaune et un sac de sport où sont rangées ses maigres possessions. Le sac lui sert aussi d’oreiller. A côté de sa paillasse, des dizaines d’autres matelas sont alignés dans un hall ouvert aux quatre vents.

Près de chaque matelas, une valise et une paire de chaussures. L’essentiel des biens de ces étudiants en première année. Un petit réchaud à gaz sert à préparer l’ataya, le thé à la sénégalaise. De petits verres soigneusement alignés autour du réchaud, le lieu de convivialité autour duquel les étudiants se retrouvent pour refaire le monde…en espagnol.

«Nous n’avons pas réussi à obtenir des chambres d’étudiants, alors nous dormons comme ça, à même le sol. On s’est cotisé pour acheter des bâches afin de se protéger de la pluie. La nuit, nous sommes dévorés par les moustiques», lâche un de ces «goorgoorlu», débrouillards en wolof.

La plupart des «goorgoorlu» qui squattent ce hall de l’université sont, tout comme lui, inscrits au département d’espagnol. Ils s’interpellent, blaguent dans la langue de Cervantès quand ils délaissent le français et le wolof. Pleins d’humour, ils ont rebaptisé leur coin de ciment le «hall du bonheur». Un pan de bâtiment dans le campus de Cheikh Anta Diop. Au mur du hall, leur manifeste est même inscrit sur un papier scotché: le texte fondateur des «bonheuristes».

 Bienvenue chez les bonheuristes

«Nous sommes heureux ici. Nous sommes des bonheuristes. On vient de milieux défavorisés. Mais on finira par s’en sortir. Toutes ces épreuves nous rendent plus forts. On nous avait promis des chambres. Mais ils ont préféré les “louer” à des gens plus fortunés. Je viens de la campagne, de Fatick (région du Sine Saloum, dans l'ouest du Sénégal). J’ai mes animaux là-bas. J’élève des ânes. Mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit facile à Dakar. C’est le prix à payer quand on est un enfant de la campagne», m’explique le faux Guillaume Soro, qui sait qu’avant de devenir le Premier ministre de la Côte d’Ivoire, son homonyme a été un puissant syndicaliste étudiant qui n’hésitait pas à employer des méthodes musclées pour faire régner sa loi sur le campus d’Abidjan. Madické doit plus son surnom à son côté «ambianceur», convivial, qu’à son appétit de pouvoir.

Nous conversons en espagnol. Je lui demande: «Où veux-tu aller en Espagne?» Soro me répond à Valladolid. Pourquoi? Pour voir la Sagrada Familia. Je lui rappelle que la Sagrada Familia se trouve plutôt à Barcelone. Soro est conscient de ses lacunes en connaissance de la culture espagnole, et pour cause: à Fatick les livres sur l’architecture de Gaudí ne courent pas les rues.

Madické garde une foi impressionnante en sa bonne étoile. Les autres «bonheuristes» de son hall aussi. «Regarde, c’est comme un village. Nous avons même un imam», plaisante l’un d’eux en désignant l’étudiant couché qui dirige la prière de temps à autre.

«D’accord, on dort par terre. Et on a froid la nuit. Mais au moins, nous sommes à proximité des amphithéâtres. Si on dormait loin de la fac, nous ne pourrions pas arriver à temps. Etre sûr d’avoir une place dans l’amphithéâtre. Parfois il faut prendre place dans les amphis dès six heures du matin pour être sûr de pouvoir s’y asseoir.»

A l’étage en dessous de ce bâtiment de l’université,  je croise d’autres étudiants squatters. Certains, les plus fortunés, ont installé une petite tente igloo. Mais la plupart dorment à même le sol, sur de petits matelas en mousse. Ils veulent bien parler. Témoigner de leurs conditions de vie particulièrement difficiles. Mais certains refusent d’être pris en photo à visage découvert.

«Je ne veux pas que mes parents découvrent mes conditions de vie. Je ne peux pas leur expliquer. Ils ne comprendraient pas», explique Assane, originaire de Guédiawaye, une banlieue modeste de Dakar. 

Assane, près de son modeste matelas en mousse

A cet étage aussi, une «famille» de «goorgoorlu» s’est constituée.

«Nous sommes très solidaires. Lorsque nous partons déjeuner, l’un de nous reste toujours. Il surveille nos affaires, nos valises et nos chaussures», explique l’un des frères d’infortune.

On dort comme on peut

Tous les étudiants de l’université Cheikh Anta Diop ne sont pas logés à pareille enseigne. Mais même les dortoirs sont surpeuplés. «Nous dormons à dix ou quinze par chambre», explique Marie-Noël. «Les dortoirs sont prévus pour trois lits, trois personnes. Mais comment laisser autant de gens sans toit? Alors on se serre autant que l’on peut», ajoute Aïcha, l’un de ses colocataires.

Des étudiants louent à d'autres jeunes de la fac leur lit pour la nuit.  

«Ils dorment une nuit sur le lit. Deux nuit par terre. Ainsi ils arrondissent leurs fins de mois. D'autres étudiants louent leur lit pendant qu'ils sont en cours», confie Lala, une jeune étudiante en droit.

Les conditions de vie sont d’autant plus difficiles que Dakar est souvent frappé par des coupures d’électricité. Des délestages, selon le terme en vigueur au Sénégal. L’université Cheikh Anta Diop a été fondée en 1959. Les dortoirs du campus social ont été prévus pour accueillir 2.500 étudiants. Aujourd’hui, l’université accueille près de 70.000 étudiants.

«L’attribution des logements donne lieu à des distributions de pots de vins. Et même à des bagarres», confie l’un des «bonheuristes», qui s’étonne que l’on puisse trouver de la place pour les étudiants haïtiens mais pas pour les Sénégalais.

«Attention, je ne dis pas qu’il ne faut pas accueillir des Haïtiens (après le séisme à Port-au-Prince, le président Wade a décidé d’octroyer des bourses à des Haïtiens). Je trouve même ça très bien. Mais des Sénégalais comme moi, n’ont ni bourse ni logement. Pourquoi? Je ne comprends pas.»

Même les amphis, notamment en faculté de Lettres, peuvent se transformer en lieu de pugilat. «Tu arrives à six heures du matin pour être sûr d’avoir une place. Et si tu pars quelques minutes prendre ton petit-déjeuner, à ton retour ton siège est occupé. Alors il faut te battre pour le récupérer», explique Bineta, étudiante en sociologie.

Les syndicats étudiants reconnaissent que la surpopulation de l’université commence à poser problème. «Les chambres sont surpeuplées. L’attribution des logements provoque de vives tensions», admet un syndicaliste. Il n’hésite pas à montrer ses «blessures de guerre». Les cicatrices qui couvrent ses bras. «Là, c’est un coup de couteau. Ici des coups de machettes», explique avec une certaine fierté Yassa Ballo. Il plaide pourtant pour un «syndicalisme civilisé», où les affrontements politiques entre différentes listes en compétition se règleraient de façon plus pacifique. Même s’il n’a pas l’air convaincu de la venue prochaine de ces temps pacifiques.

A deux pas de là, nous traversons une avenue, celle qui sépare les logements des amphithéâtres: le lieu a été rebaptisé par les étudiants «couloir de la mort». «Ce passage est surnommé ainsi car c’est là que les policiers affrontent les étudiants. En cas de lutte, il ne fait pas bon pour les étudiants de s’y retrouver coincés. Même si la violence est présente des deux côtés», explique Cheikh, enseignant et ancien étudiant.

Dans l'amphi, il faut jouer des coudes

Les amphithéâtres de la faculté des Lettres et Sciences humaines sont bondés. Dans l’attente des examens d’espagnol, des étudiants suent à grosses gouttes. Pas seulement à cause de la difficulté des épreuves. La salle d’examens n’est pas climatisée. Les ventilateurs à l’arrêt. Afin de pouvoir s’asseoir, des étudiants ont installé à même le sol des parpaings, des blocs de béton.

La veille des examens, il est parfois difficile de trouver le sommeil. Même les étudiants qui ont trouvé place dans une chambre ne sont pas à l’abri des insomnies. «Beaucoup de membres de confréries (musulmanes) chantent toute la nuit. Personne ne peut rien leur dire, ni les faire taire», regrette l’un d’eux. Un de ses amis s’étonne d’être obligé de slalomer —la nuit— au milieu des corps afin de regagner sa chambre. «Les couloirs sont pleins d’étudiants qui dorment à même le sol.»

«L’université accepte beaucoup plus d’étudiants qu’elle ne peut en accueillir. Normalement, le nombre de place est limité. Mais au Sénégal, il suffit de demander à quelqu’un d’influent d’intercéder en faveur d’un parent qui veut rentrer à l’université. Et tout s’arrange. On ne sait pas dire non», reconnait un agrégé.

Autre cause de cette surpopulation: l’université de Dakar exerce un fort attrait dans toute l’Afrique de l’Ouest. «C’est l’une des facs francophones les plus réputées d’Afrique», souligne Cheikh. Sur le campus, le visiteur croise régulièrement des étudiants marocains, mauritaniens ou ivoiriens. «Nos professeurs sont très bons. D’ailleurs, ils sont souvent absents. Ils sont réclamés dans d’autres pays», souligne Abdel, un étudiant en mathématiques.

Le climat à l’université de Dakar n’a rien à voir avec celui qui règne dans certaines universités africaines, notamment au Nigeria où les «Secret cults» (sociétés secrètes) terrorisent fréquemment le corps enseignant et les étudiants. Rien à voir non plus avec d’autres universités du continent où les étudiants se plaignent des magouilles en tout genre: des diplômes qui seraient notamment attribués en échange de faveurs sexuelles. Ce que certains étudiants d’Afrique francophone appellent les MST (Moyennes sexuelles transmissibles)

Même Madické, alias Guillaume Soro, le chef des bonheuristes, l’enfant de Fatick débarqué fraîchement à Dakar, garde le moral:

«D’accord on souffre. Mais on s’amuse bien ici. On reste optimiste. Un jour c’est sûr, quand on sera en deuxième année, tout devrait s’arranger. Un jour, j’aurai un lit. Et une place dans la société. Avec l’espagnol, lâche Madické en regardant vers le ciel. Tout est possible. C’est la langue la plus puissante du monde.»

Pierre Cherruau


Houndé : Une journée avec le tradipraticien qui fait des miracles

 

Très timide, humble et rassurant, il soigne toutes les maladies, selon ses propres dires. Sa méthode, des bénédictions et des plantes. Il s’est installé sur un monticule au secteur 4 de Houndé dans la province du Tuy en début mars 2011 et depuis, ses lieux ne désemplissent pas. De nombreuses personnes qui ont des soucis de santé affluent nuit et jour pour se faire sauver. Ils sont aussi des milliers, ces patients qui reviennent pour lui exprimer la satisfaction et la joie de retrouver la santé. Lui, c’est Salif Sawadogo, la quarantaine environ et marié à quatre femmes, père de quatre enfants également, Salif sawadogo est un guérisseur miraculeux. Avec lui, les handicapés marchent et tous les malades peuvent retrouver la santé.

Le monticule servant de site pour le guérisseur grouillait encore de monde en cette matinée du vendredi 15 juillet 2011. Aux abords, nous apercevons 2 mini cars communément appelé « dina », ceux-ci ont convoyé des passagers particuliers de Boromo et de Bobo-Dioulasso. A coté, deux voitures, une 4x4 et une Mercédès sont garées avec des passagers qui patientent. Il est 9h50 minutes environs sur cette colline située au secteur 4 de Houndé, à la sortie sud ouest quand nous arrivions ce jour là. Sur ce site éclairé avec par un groupe électrogène est basé Salif Sawadogo, un guérisseur « tradipraticien ». Bien entendu, il ya des étales un peu partout. De petits restaurants, de kiosques, bref, l’on se croirait dans un second marché de Houndé. De loin, nous entendîmes dans la langue dioula puis mooré : « les mèches, les mini jupes, les femmes en pantalons, la cigarette sont interdits sur ces lieux. Qui ne respectera pas ces consignes, sera responsable de ce qui lui arrivera » à partir d’un mégaphone et d’un ton ferme. Cette phrase est reprise maintes fois par Mohamed alias « Ivoirien ». La quarantaine bien sonné, il vend des sachets. En fait, c’est un dément qui commence à retrouver ses sens nous a-t-on confié. Et notre interlocuteur de préciser que « Ivoirien » était venu sur le site « enchaîné », nous indiquant le lieu où il était précisément attaché. Bref, Renseignements pris, le monsieur guérisseur sera là dans peu de temps. Prenez place sur ce banc, monsieur. Vous êtes là pour quoi ?, nous lance un vieil homme qui passe d’arbre en arbre, de malades en malades pour sûrement des contacts et renseignements. « Pour voir le guérisseur », avons-nous répondu. Ok, asseyez-vous.

 

 

Lieu de pèlerinage

 

En fait, il y a environ un demi-millier de personnes sur le site et la majorité sont des malades. Des personnes handicapées, des malades mentaux… mais aussi des personnes venues chercher fortunes. L’attente dure, le monde grossit aussi. Vers 10h 15 mn un collaborateur du guérisseur à travers un mégaphone lance : « Ceux qui y sont pour les bénédictions, par là. Pour 500 F ici, 1000 F par là, 5000 F là-bas… , et tous ceux qui sont venus pour des soins…derrière la corde ». On se bouscule pour le rang, plus de deux cents personnes sont alignées. Celles-ci veulent faire fortune. Il faut toujours attendre le guérisseur sous le soleil mais de toutes les façons, peu importe les rayons solaires. 10h 45min un mini car débouche. A bord, le guérisseur, Salif Sawadogo, le conducteur vêtu d’un ensemble Bazin gris, et trois autres personnes : deux dames et un jeune homme, tous ses enfants.

Le car freine devant un hangar servant de lieu de consultation, le temps de descendre les trois passagers puis accélère et prend la direction de la brousse, coté est du site. Lui seul a le droit d’aller à cet endroit. C’est là-bas qu’il se prépare (rencontrerait ces génies). Une dizaine de minutes plu tard il revint cette fois torse et pieds nus, et porte un pagne sur son pantalon. Quelques conciliabules avec des collaborateurs, une gorgée d’eau d’une calebasse contenant également des dattes et le travail peut commencer. D’abord avec les chercheurs de bénédictions ou du moins de fortunes. Le scénario semble simple.

 

 

Même thérapie pour tous

 

Par la bouche, il arrose les mains de chacun avec la même eau d’une calebasse tenue par une de ses femmes. Ça passe vite, direction chez le groupe des malades mentaux. Ils sont plusieurs dizaines, torses nus et en rang. Salif commence par donner le produit. Chacun des accompagnants reçoit le même produit. Il s’agit de racines d’un même arbre que n’avons pas pu identifier. Puis le même scénario que le premier groupe sauf que là l’eau est aspergée sur la tête. Les patients se bousculent, d’autres s’agrippent au guérisseur. Puis vint le tour des personnes handicapées. Qu’elles soient paralysées après une maladie ou naturellement. Ils sont neuf patients mais là, le scénario est différent. Ces malades sont placées au milieu de la foule, assis et alignés à intervalles de deux mètres environs. Le tradipraticien fait quelques pas encore vers l’est puis revient à reculons et en chuchotant.

Avec lui, les handicapés marchent

Il place devant les patients puis continue de chuchoter en fixant chacun des paralysés. D’un signe de la main le guérisseur fit venir à ses cotés Zakaria Sawadogo, un gamin d’environ 12 ans. C’est ce dernier qui s’adresse aux malades en mooré : « yam iki » « levez-vous », « levez-vous ». Il répète plusieurs fois. Chacun des handicapés se débat pour se lever. Cinq sur les neuf finissent miraculeusement par se lever, sans aucune aide. Parmi eux, Fatimata Ouédraogo (environ 20 ans), venue de Sidéradougou dans la province de la Comoé. Après s’être levée, elle a marché une dizaine de mètres avant d’être soutenue par ses accompagnants visiblement soulagés.

A ces paralysés qui ont pu se lever, le guérisseur s’empresse de prescrire des décoctions. Pour les quatre autres, pas de solutions. Toutefois, les accompagnants peuvent en savoir davantage sur leurs cas auprès du guérisseur. « Celui que tu vois, son père qui est chasseur, a tué un serpent (une race rare) en gestation et les conséquences sont retombées sur son enfant » a confié le guérisseur traditionnel. Nous n’en saurons pas plus. Et de poursuivre : « La femme teint claire que tu voyais, elle s’est mariée y a longtemps, mais tu vois, elle n’a pas eu peur de Dieu. Parce que deux de ses enfants n’appartiennent pas à son mari. Mais ce dernier ne sait pas. Je lui ai dis que sa vie est sur sa langue. Elle peut guérir de son mal si elle dit la vérité à son mari. Le cas contraire, elle n’a plus longue vie ». Le tour de tous les malades est fini.

Place encore à ceux qui cherchent les « doua » ou bénédictions et des malades particuliers. Le guérisseur est assis cette fois dans une chaise en bois et un rang est vite formé devant lui. Certains donnent des billets de banque ou s’asseyent simplement devant lui puis reçoivent des touches sur le corps ou de simples mots. Soudain, un des collaborateurs du maître des lieux hausse le ton et s’emporte contre les patients qui persistent pour se faire « consulter ». Il leur reproche d’abuser trop du temps du guérisseur. C’est ainsi que celui-ci est exfiltré et conduit vers son véhicule. Ça en sera fini pour la consultation de la journée et rendez-vous pris pour la nuit, vers 20 h. Et c’est ainsi tous les jours. Assami et trois autres sont chargés d’écrire les noms des plantes pour les malades. Apparemment, ils connaissent bien la flore même s’ils ne sont pas allés plus loin que la classe du cours élémentaire.

 

Assami nous confie que la plus part des malades sont des paralysés, des fous, et des maladies de tous ordres, même ceux qui ont des faiblesses sexuelles. Pour les paralysies par exemple, 13 ont pu se lever sur 16 qui étaient venus le 13 juin dernier et 17 sur 21 le 14 juin. A la question de savoir si les malades guérissent effectivement, Zakaria, un collègue d’Assami, s’est précipité de nous prouver que les malades guérissent et sont satisfaits et même très reconnaissants. Il nous montre un tas de béquilles et autres bois abandonnés par les handicapés qui ont retrouvé la marche. En fit de même d’un tas de canaris. Ces canaris sont en fait renvoyés par les malades sur demande du guérisseur.

En effet, après traitement, s’il y a satisfaction, il est recommandé de ramener le canari et se sont plusieurs centaines de canaris qui sont entassés et qui servent de témoins. Assami indexe dans la foule Wahabou entrain de ranger des écorces, les produits du guérisseur. En fait tout comme Ivoirien, Wahabou est venu sur le site attaché parce que fou et violent. Il a retrouvé tous ses sens ici, mais n’ayant plus de boulot, il préfère rester chez le tradipraticien. Wahabou va rendre visite à ses parents de temps en temps.

Des patients satisfaits

Elles sont nombreuses ces personnes guéries de la folie. La renommée de salif Sawadogo comme guérisseur atypique est allée hors des frontières du Burkina Faso. Dans, la foule, Lancina Barry est venue de la région de Tabou en Cote d’Ivoire. Il dit être très satisfait des soins qu’il a eus pour ses deux parents. Bibata est de Dano, dans la province du Ioba. Elle souffrait d’une hémiplégie et était venue se confier à salif qui a pu soigner son mal. Le tradipraticien Salif affirme que son traitement est un don de Dieu et l’en remercie. Pour guérir un malade, « je parle à Dieu dans mon cœur et personne ne peut entendre, c’est Dieu et moi seul, et ce sont des bénédictions » confesse-t-il. Salif ne peut soigner que quand il est sur son site.

Autrement, il n’a plus aucun pouvoir à d’autre endroit. D’ailleurs nous n’en saurons pas plus sur ce contact avec ses génies. « Vous voyez cet neem (NDLR l’entretien se passe sous un neemier), il y a des jours où il soigne maux de ventre et demain ça ne peut plus. C’est Dieu qui me dit faut donner tel ou tel arbre aujourd’hui mais demain c’est une autre plante qu’on donne à tous les malades » poursuit-il. Tous les arbres sont des médicaments pour lui et c’est Dieu qui guérit les malades. Nous comprenons aisément que l’homme qui s’est installé à Houndé la première semaine du mois de mars 2011 est non seulement herboriste mais aussi ritualiste, soigne toutes les maladies sans exception selon ses propres propos. Ce métier, Salif Sawadoo l’a appris par sa foi et son expérience. Il ‘s’est déjà essayé au Benin, au Togo puis au Mali avant de s’installer à Houndé. A la question de savoir s’il peut soigner le VIH/SIDA, le guérisseur miraculeux est catégorique. « Je ne demande pas aux malades qui viennent chez moi, de quoi ils souffrent.

Seulement, moi Je fais des bénédictions et tout malade qui vient ici reçoit des produits. Maintenant ceux qui sont atteints de SIDA reçoivent les mêmes produits, puisque je vous dis qu’on peut donner le même produit pour tout malade le même jour. Il se peut que ceux qui sont atteints de cette maladie en guérissent. En tout cas beaucoup sont reconnaissants et reviennent même me remercier ».

Prestation gratuite, de nombreux cadeaux en retour

Et d’ajouter : « Depuis que je soigne les malades je ne prends pas d’argent comme frais de prestation comme vous pouvez le constater ». Ses propos sont confirmés par des patients. Les dépenses sur ce site se limiteraient à l’achat des « produits », des « décoctions » si le malade lui-même ou son accompagnant ne peuvent aller les chercher en brousse. En ce moment il faut débourser entre 200 et 1000 F CFA. Pour la circonstance, des produits sont vendus sur le site pour faciliter la tâche à certains patients. Seulement la plupart des malades doivent ramener comme dit plus haut les récipients (canaris, calebasses) utilisés pour la décoction.

C’est ainsi que ceux qui ont eu satisfaction sont reconnaissants envers le « sauveur ». A ce jour (NDLR 15 juillet( Sawadogo a reçu plus de vingt (20) motos de différentes marques offertes par des patients très satisfaits ainsi que de dons divers. En quelques mois, le guérisseur de Houndé s’est aussi acheté deux véhicules, une 4X4 double double cabine pour les courses de sa famille et un mini bus d’environ 10 places pour lui même. Ces véhicules seraient acquis grâce à ces dons.

Le ritualiste herboriste travaillerait en collaboration avec les services de santé de la ville de Houndé. « Quand je vois que le patient a un problème de sang, je le fais conduire avec mon propre véhicule au CSPS du secteur 5 juste à coté de ce site » dit-il. En effet, M. Sawadogo serait entrain de constituer ses dossiers pour être reconnu par l’administration.

Le site du guérisseur de Houndé ne désemplit pas, la route qui y mène également. Salif ne se rappelle pas le nombre de personnes « consultées », des milliers déjà peut-être. Mais une chose est sûre, il a conquis la confiance de la population locale et de tous les patients qui l’ont fréquenté. Il demeure peut-être l’homme le plus populaire en ce moment dans la région.

Par Yelkabo Rodrigue SOME - Ph. : Yelkabo - Lefaso.net


 

MEDECINS DU BURKINA : Le premier syndicat est né

 

Le 13 août 2011 est à marquer d’une pierre blanche dans les annales du mouvement syndical du Burkina. Plus de 200 médecins venus des quatre coins du pays ont porté sur les fonts baptismaux le Syndicat des médecins du Burkina (SYMED). Harouna Doro, médecin au district Sanitaire de Gaoua en est le premier secrétaire général.

Défendre les intérêts matériels et moraux de ses membres, défendre la place du médecin dans le système de santé, contribuer à la formation des médecins et développer et encourager toutes les formes de mesures visant à améliorer la santé de la population, tels sont les objectifs du SYMED , créé le 13 août 2011 dans la salle de réunion du Conseil burkinabè des chargeurs (CBC). Cette assemblée générale constitutive marque une étape importante dans le processus de maturation d’un organe pour défendre les intérêts de ce corps. Des consultations ont été entamées depuis quelques mois et selon le nouveau secrétaire, son organisation a eu des concertations avec le SYNTSHA, seul syndicat jusque-là dans le secteur de la santé humaine et animale.

Le SYMEB se positionne comme une force de propositions pour améliorer l’exercice de la profession de médecins. Le tableau que le secrétaire général dresse est pour le moins noir : des médecins mal payés travaillant dans des structures souvent mal équipés. Toute chose qui affecte nécessairement la qualité des soins et la dignité des médecins. C’est cela que les médecins du Burkina veulent changer.


Composition du bureau

Secrétaire général : DORO Harouna
Secrétaire général adjoint : ZABSONRE Inoussa
Secrétaire aux affaires juridiques : OUEDRAOGO Alfred
Secrétaire aux relations extérieures : KAMBOU Dieudonné
Secrétaire à l’information : YAMEOGO R. Aristide
Secrétaire à l’organisation : DIAO W. Rodrigue
Secrétaire aux finances : KABORE Ida
Secrétaire aux finances adjoint : HEMA Mariam Noélie
Secrétaire à la formation : DA Kopara

Par A. T. (Le Pays)

 

FBF : Le trésorier demande la démission du SG

 

 

 

Dans une lettre adressée au président de la Fédération burkinabè de football (FBF), Théodore Zambendé Sawadogo, le trésorier général, Philippe Néri Kouthon Nion, demande la démission du secrétaire général, Emmanuel Zombré, en ce moment en mission. Il reproche à ce dernier ses maladresses et ses actes qui vont à l’encontre des intérêts du football national.

Dans l’entretien qu’il nous avait accordé dans notre édition du mardi 26 juillet 2011, le sélectionneur national des Etalons, Paulo Duarte, disait : « Mais en réalité, il y a des choses qui vont mal à la Fédération plus que vous ne pouvez l’imaginer ». Eh bien, aujourd’hui, tout se précise et il n’y a plus de doute que la maison se fissure du côté de Ouaga 2000. La preuve, la lettre que le trésorier général, Philippe Néri Kouthon Nion, vient d’adresser à son président, Zambendé. Selon celui qui demande la révocation d’Emmanuel Zombré, suite aux récentes évolutions de la situation du comité exécutif, il est unanimement reconnu un problème de gouvernance au sein de leur structure fédérale. Zambendé, rappelle-t-il, avait lors de son point de presse fait l’analyse de la situation actuelle de la Fédération qui n’est pas une œuvre sociale et en cas d’incompétence ou de défaillance d’un employé, elle a l’obligation soit de le démettre, soit de réclamer sa démission.

Pour Nion, le SG rentre dans ce qualificatif en ce sens que les propos de Zambendé, ceux de la presse et de l’entraîneur Duarte le confirment amplement. Ce problème de gouvernance, affirme le trésorier général, est dû aux maladresses d’Emmanuel Zombré qui, à maintes reprises, a multiplié des actes allant à l’encontre des intérêts de notre football. « Cette maladresse s’est étendue à son attitude irrespectueuse vis-à-vis des membres fédéraux entraînant pour ce qui me concerne, mon absence aux réunions du comité exécutif. Mes absences se justifient par mon appartenance à une administration où l’ordre et le respect de l’autorité sont de rigueur. Je ne saurais alors participer à des réunions où une personne recrutée sans avoir le niveau requis nargue les membres fédéraux », a-t-il ajouté.

Le malaise, on le voit, est profond et le trésorier général, selon son interprétation, l’attitude de la Ligue du Nord provient de la supposée inamovibilité du SG. Elle sait quelle instance donne son avis et propose les décisions. En conséquence, au regard de son incompétence et de ses actes ou inactions préjudiciables, c’est de bon droit que la démission de l’actuel secrétaire général soit demandée pour permettre au comité exécutif d’achever, de manière sereine, son mandat. Cet écrit, précise-t-il, n’a pas pour objet un intérêt subjectif mais vise à anticiper sur les faits pour l’avenir. En sa qualité de membre fédéral, il ne tient pas à goûter le fruit amer d’un agent dont l’incompétence est notoirement et unanimement avérée. Nion va plus loin et suggère même que les états d’émargements des membres fédéraux soient présentés lors de l’assemblée générale à venir en même temps que Zambendé justifiera la démission déjà consommée du SG. Dans le même sens, il pense qu’un audit peut être commandité auprès d’auditeurs externes (corps de contrôle de l’Etat, experts comptables, etc. ) en vue de convaincre l’opinion nationale sur le fait que les membres fédéraux sont pris en charge au titre de leur carburant deux fois l’an pour des montants variant entre 110 000 FCFA pour le président et 80 000 FCFA pour les conseillers.

Cette démission qui est demandée devra contribuer à donner un message fort et s’apparente à des excuses inédites sur un constat unanimement accepté et que l’histoire retiendra : « L’incompétence notoire de Zombré ». A l’analyse de cette lettre, il y a fort à parier que les choses ne vont pas s’arrêter là et le navire battant pavillon FBF commence à tanguer sous la houle.

Justin Daboné (L’Observateur Paalga)


 

Affaire Justin Zongo : 3 policiers à la barre le 22 août

 

 

Le procès de l’affaire Justin Zongo aura lieu le lundi 22 août 2011 à 9h dans la salle d’audience du Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou, sis sur l’avenue du Dr Kwamé-N’Krumah. C’est en substance ce qui est ressorti de la conférence de presse animée, le mardi 16 août 2011, par le Procureur général près la Cour d’appel de Ouagadougou, Honorine Méda/Dabiret.

« Ce point de presse a pour objet d’informer l’opinion publique nationale et internationale de la tenue de la session spéciale de la Chambre criminelle de la Cour d’appel de Ouagadougou qui aura lieu le 22 août 2011 dans la grande salle d’audience du Tribunal de grande instance de Ouagadougou ». C’est en ces termes que le Procureur général près la Cour d’appel de Ouagadougou, Honorine Méda/Dabiret, a introduit le point de presse, le mardi 16 août 2011, dans la salle de conférences du ministère de la Justice et de la Promotion des droits humains.

Et Mme Méda, qui avait à ses côtés le Procureur du Faso près le Tribunal de grande instance, Placide Nikiéma, de rappeler que le 20 février 2011, l’élève Justin Zongo décédait à l’hôpital de Koudougou, suite à des coups qui lui auraient été administrés par des agents de police du commissariat central de Koudougou ; ceux-ci l’avaient convoqué par suite d’une plainte d’une de ses camarades de classe, portée contre lui pour coups et blessures. A l’annonce de son décès, la réaction des élèves de la localité avait été très violente (décès, blessés graves, destructions et dégradations de biens mobiliers et immobiliers importants), violences qui se sont étendues dans plusieurs villes du Burkina, créant ainsi une grave crise.

Au rôle de la Chambre le 22 août prochain donc, principalement le dossier Justin Zongo soit le ministère public contre Kaboré Narcisse (accusé de complicité de coups mortels), Nébié Belibi, Fayama Bema (accusés de coups mortels). Un collectif de 10 avocats assurera la défense de la partie civile pendant que trois défenseurs assureront celle des policiers et plus d’une trentaine de témoins (élèves, médecins-experts, infirmiers, …) seront entendus au dire d’Honorine Méda, qui ne manque pas de préciser que les conditions d’accessibilité et de transparence de l’audience sont garanties. A l’en croire, l’autopsie n’a, finalement, pas pu être pratiquée du fait du refus du père du défunt. Le procès, initialement annoncé pour le mois de juin, se tiendra donc finalement en août, soit avec un retard de deux mois.

Aussi Placide Nikiéma a-t-il souligné que le jugement du dossier au mois de juin était un idéal qui n’a pas pu être atteint mais l’essentiel est que le dossier soit jugé à brève échéance. Sont inscrits également au rôle d’audience de la session spéciale de la Chambre criminelle, trois autres dossiers (détournements de deniers publics, viol, détournement de deniers publics et enrichissement illicite).

Récemment, Landry Charlemagne Kaboré, président du Front démocratique républicain (FDR), se prononçant sur l’affaire Justin Zongo, dans laquelle l’un de ses frères, officier de Police, est impliqué, déclarait que « le dossier est vide » (Cf. Le Pays du mercredi 10 août 2011). Réponse du Procureur général près la Cour d’appel de Ouagadougou : « Je ne vois en quoi le dossier est vide ! Il n’est pas vide ! Il y a eu plus de 6 mois d’enquête, plus d’une trentaine de personnes entendues et des médecins requis pour faire des expertises ».

Pour les autres dossiers, notamment ceux des évènements de Koudougou, l’instruction est toujours en cours, selon le Procureur général. Avant de prendre congé d’eux, Mme Méda a invité les hommes de médias à contribuer à une meilleure perception de la justice : « Ce dossier a été déjà jugé par l’opinion publique. C’est pourquoi les conditions de transparence ont été garanties pour que ce ne soit plus la rue qui juge un dossier, et nous comptons sur vous pour rétablir les choses ».

Hyacinthe Sanou (L’Observateur Paalga)


 

Attaque du commissariat de Boussou : Autorité de l’Etat, où es-tu ?


Une vengeance meurtrière dans un commissariat ; c’est l’écho qui nous revient de la région du nord du Burkina, précisément dans la commune rurale de Boussou, relevant de la province du Zondoma. Les auteurs de cette infraction gravissime, survenue le 9 août dernier, seraient allés, explique-t-on, venger un des leurs, mort par suite de rixe avec un berger allogène. Ce dernier, bien qu’en garde-à-vue pour la même cause dans le commissariat de police de la localité, n’échappera pas à la furie des parents de sa victime. Ils l’ont fait passer de vie à trépas sous le regard impuissant des quatre agents de sécurité, dont certains portent encore des stigmates des coups de leurs assaillants. Un fait divers, dira-t-on, mais qui est loin de relever d’un phénomène anodin.

Dans un Etat de droit, si chaque citoyen doit avoir recours à la force pour se faire justice, ça risque de nous conduire tout droit sur la voie de la jungle. Les causes lointaines d’une telle situation, on le sait, sont le fait que les gens, de plus en plus, n’ont plus confiance aux structures normales de règlement des conflits sociaux, qu’il s’agisse de la police judiciaire, de la gendarmerie ou de la justice elle-même. Parmi les causes immédiates, on se rappelle encore, comme si c’était hier, cette crise sociopolitique sans précédent, même s’il y a une accalmie, qu’a connue le Burkina au début de l’année et qui est née d’agissements de policiers. Au début était donc l’affaire Justin Zongo, dans laquelle se sont, par la suite, engouffrés les syndicats et les militaires ainsi que bien d’autres citoyens à travers tout le pays.

On comprend donc que les forces de sécurité soient aussi circonspectes depuis cette époque pour faire leur travail normal a fortiori faire usage de la force. C’est vrai que les commissariats étaient déjà dégarnis aussi bien en matériels (moyens de locomotion, armes, carburant…) qu’en hommes, comme le sont d’ailleurs la plupart des commissariats du Burkina. Quand un commissaire a sous ses ordres trois hommes, il ne faut pas leur demander l’impossible, mais, pour le cas échéant, ils avaient la possibilité d’utiliser la force, parce qu’on n’assiège quand même pas une entité militaire ou paramilitaire de la sorte. Mais qu’est-ce qui se serait passé ? C’est sûr que ces agents ne disposent pas de gaz lacrymogènes, l’arme la plus inoffensive, ni encore de balles en caoutchouc comme les policiers londoniens. Il est évident que, s’ils avaient utilisé la force, cela aurait été le doum-doum avec les conséquences que cela pouvait avoir.

Cet incident dans le Zondoma, soulignons-le avec force, est symptomatique du délitement de l’Etat et de son autorité. Maintenant, il faut espérer que les auteurs de ces agissements seront punis à la hauteur de leur incivisme criminel ; cela, pour qu’à l’avenir, des citoyens, parce qu’ils ne sont pas contents, ne s’en prennent plus impunément aux symboles de l’autorité de l’Etat pour une quelconque raison. Car si l’on ne sévit pas, ce sera la porte ouverte à toutes les dérives, de la même manière qu’au début on a regardé faire les militaires, qui se sont tout permis.

Il faut également souhaiter que l’autorité de l’Etat soie enfin restaurée pour que l’adage selon lequel « la vue du gendarme est le début de la sagesse » soit une réalité partout au Burkina. Mais aujourd’hui, au lieu que la vue du gendarme assagisse le voyou, c’est à peine si on n’ira pas le cogner et poursuivre son chemin. Certes, on peut bien comprendre que les dépositaires de l’autorité de l’Etat, pour diverses raisons, fassent aujourd’hui beaucoup attention pour ne pas jeter de l’huile sur le feu. Mais il va falloir enfin arrêter l’anarchie, pour ne pas dire le bordel. Car, comment comprendre qu’on puisse réprimer des militaires qui ont troublé l’ordre public, et qu’on n’applique pas la même fermeté vis-à-vis des civils qui franchissent le Rubicon en attaquant un commissariat. Gageons également que ces policiers, blessés dans l’exercice de leur fonction, seront soignés au compte de la princesse, car des cas, on en a vu avec des handicaps à vie, qui n’ont bénéficié d’aucune assistance de l’Etat.

Hamidou Ouédraogo (L’Observateur Paalga)

 

Rap : Le groupe Yeleen s’est disloqué

 

 

Le groupe de rap Burkinabè ‘’Yeleen’’ s’est disloqué, après que Smarty et Mandowé qui le composent ont mis fin à leur collaboration, a appris APA de sources proches des deux artistes. Une histoire de trahison serait à l’origine de cette séparation et à en croire les mêmes sources, le rappeur Smarty victime de cette déloyauté, a décidé de se séparer de son binôme’’.

Ce faisant, Mandowé qui est d’origine tchadienne serait en studio pour enregistrer un album solo.

A l’heure actuelle, aucun des deux artistes ne s’est officiellement prononcé sur cette affaire, mais il parait que des tentatives de médiation pour réconcilier le duo auraient échoué.

Le groupe ’’Yeleen’’ a fait son apparition sur la scène musicale burkinabé, il y a onze ans. Du premier album ‘’Juste 1 peu 2 lumière’’ en octobre 2000, au cinquième, ‘’Rédemption’’ en novembre 2010, ’’Yeleen’’ s’est imposé par la qualité de sa musique, faisant de lui le groupe de Rap le plus populaire au Burkina Faso.

Entre autres lauriers, ’’Yeleen’’ a remporté en 2007 le ‘’Kundé d’or’’ qui consacre le meilleur artiste de l’année au Burkina Faso.

Les difficultés ont commencé quand à la sortie de sont avant dernier album, le groupe a été accusé d’avoir reçu une somme de dix millions d’une personnalité pour faire une chanson discréditant le maire de la ville de Ouagadougou.

Depuis lors, le groupe a perdu de sa crédibilité auprès de bon nombre de ses fans.

ALK/cat/APA

31 Messages de forum

Riii n’bass taaban wat nè zabran (mooré) ... Eux même avait chanté celà !
Simon doit bien rigoler dans son coin làbà...

ce pa bon sa. Je vs ai vu manger le benga de saame. Souffrir ensemble pour réussir et maintenant que vs avez le gombo vs vs séparez. HONNNNNNNNNNNNNNNNNNTE A VOUS
VOTRE VOISIN A GOUNGHIN

On s’en fou qu’ils se séparent ou pas. Il y’a bien plus de soucis à considérer au Burkina que de se lamenter sur le cas de deux individus aussi célèbre soient-ils.

la dislocation du groupe yeleen , il fallait s y attendre un peu . Je sais bien de quoi je parle pour avoir cotoyE le duo aux temps forts de leur présence chez smockey . Franchement , notre frangin smarty a, comme on le dit en more, un coeur Noir , permettez l expression. Smockey lui même en sait quelque chose. Travailler avec salif , c est passer toute une vie a ronger son frain. ement , notre frangin smarty a, comme on le dit en more, un coeur Noir , permettez l expression. Smockey lui même en sait quelque chose. Travailler avec salif , c est passer toute une vie a ronger son frain.

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Je retiens de vous le meilleur, la qualité de votre musique. J’ose croire que la réconcilation est possible (Vous avez tous 2 des qualités complémentaires. il suffit que chacun reconnaisse son tort et la réconciliation est possible).

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la reconciliation sera la meilleure des choses pour les Deux. les deux etant complementaire aucune carriere solo ne reussira a aucun des Deux. k leur proches collaborateurs volent a leur secours.

Nos deux braves Burkinabè, Reconciliez-vous SVP. Pour notre bonheur.

Les hommes politiques ont bien travaillé. C’est le resultat de leur travail.
Simon n’a jamais aimé la chanson sur "Mr le Maire". Il a même interdit Reemdoogo aux deux artistes.
Mascotte les a réçu. Simon l’a vidé aussi. Maintenant, c’est au CENASA qu’il enregistre ses émissions.

"Sen bé sil-miisen wan,nbé moosen wan"(Ce qu’on trouve chez les peuls,il n en manque pas chez les mossi).Ainsi pour dire que si les politiques se disloquent ,ce ne sont pas les musiciens qui feront exeption.

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Si ce n’est pas une histoire d’argent, c’est surement une histoire de fesse qui est à l’origine de cette separation.

Que Dieu nous en garde

Si c’est l’argent qui est à la base on pourra toujours les reconcillier. Mais si par malheur ce serait une question de fesses, aucune récocilliation ne saurai se négocier.
Dans tous les cas le motif se saura un jour ou l’autre.

je sais pas quoi dire mais ce que je souhaite s est lire un jour le faso.net que le groupe yeleen s est reconcilie.
s ils vous plais faitent ca pour vos fans.

En tout k, je pense qu’il faut s’avoir aller au delà des discordes car c’est ça qui fait le groupe.
Pour vos Fans, svp !

En tout k, je pense qu’il faut s’avoir aller au delà des discordes car c’est ça qui fait le groupe.
Pour vos Fans, svp !

Ce que j’ai a dire a ces deux jeunes, qu’ils n’oublissent pas que c’est leurs dualité qui a fait qu’ils sont ce qu’ils sont aujourd’hui ; atteint cette popularité ,
Ils atteint ce sommum par la complementarité de leurs matière grise y comporis la chance.

N’est ce pas un piège qu’on les a tendu ?

leur separation augure de lendemain sombre pour eux, car si vous n’arrivez pas chacun de produire plus que ce que à vous faisiez je ne suis pas sûre que vous pourrez reconquerir les coeurs de tous ces fans que vous avez blessés par votre égoisme et votre sens d’irresponsabilité.

Ressaisissez vous pendant qu’il est temps.
" f’san patar baga ta na bogf bag re, bif meng yi baga"

Mon frère "Bakus",oublier,se conjugue aussi bien au subjonctif present qu au present de l indicatif à la troisième personne du pluriel ils ou elles, de la meme manière : qu ils(elles) oublient ou ils (elles)oublient.merci

C’est la raison de la séparation qui compte. Si c’est des choses comme l’argent c’est pas grave mais si c’est des questions de femme alors c’est grave.

Chers amis, à vous avez contribué à deux à porter haut le flambeau de la musique au Burkina et du rap en particulier. Notre espérance en tant que fans est que vous reveniez à de meilleurs sentiments en acceptant le pardon mutuel et la réconciliation. Évoluer seul c’est bien ; à deux ou plus c’est encore mieux et vous l’avez prouvez jusqu’à présent. Merci de revoir votre situation !
L’UNION FAIT LA FORCE !!!

on s’en fou on a d’autres problemes que de se preoccuper des gents qui ne savent pas que aujourdhui l’union fait la force ! qu’ils se saluent meme plus ce meme pour eux !nous on s’en fou il y aurra toujours des grands artistes dans ce pays !si des partis politiques se disloquent c’est pas un petit groupe aux interets accrues sur les fesses qui vont pas se disloquer ! ce qui est sur on s’en fou !ils vont gouter le fruit de la division tres bientot.wait and see

Je suis vraiment desole d’entendre cela ! j’aime beaucoup le groupe Yeleen et ils font du tres bon rap qui eveille les consciences. Comme l’a dit un philosophe, il y’a dans l’etre ce qu’il appelle dissociation en association, ce qui veut dire les hommes (humains) en groupe ont tjr ce sentiment d’individualite, de singualrite. L’essence du groupe peut aussi en apporter sur l’essence de l’invidu et chacun peut se sentir exploiter mais c’est ca le groupe : le sacrifice. Alors je prie vraiment que les Yeleen puissent continuer en duo et nous offrir cette musique d’inspiration.

arrêter cette manière de nous rappeler la nationalité de mandowé !raconter votre histoire et laisser le commentaire au internaute ! voulez vous dire que les tchanien sont par essence des traitres ?et que vous saviez que ce serait ainsi tot ou tard ? 2vitez ça, ça peut pas arranger si ce n’est que gater !

Ah là là , la vie. est ce à dire que rien ne résiste à l’argent et au succès ? même les amitiés les plus anciennes. c’est vraiment dommage mais ainsi va la vie. Il y a peut être eu un malentendu entre les deux, mais je suis sur que le problème est plus ancien que ça.Les gens n’aiment pas les gens. quand des gens comme Yeleen percent les jaloux n’arrivent plus à dormir. Que Dieu vous fasse apaiser tous ces problèmes en tout cas.Yeleen a eu du succès grâce à deux individus, je ne penses pas que ce succès continuera si les carrières se font en solo.Smarty et Mandoé c’était un tout que les fans comme moi aimaient.

Nous on s’en fou, on vous dit de faire la musique vous voulez faire la politique. ça vous regarde. D’ailleurs je les aime pas trop

Chers amis du YELEEN, ecoutez ces reactions et revenez à de bonnes intentions. Ces reactions prouvent que les melomans vous aiment et vous portent dans leur coeur ! Les meilleurs amis ce sont ceux qui se sont reconciliés apres une brouille ! Il faut vite allumer le calumet de la paix ! On vous aime.... plus que ces politicards.

  • Yeleen 16 août 23:21, par Bart du Gabon

Manifestement le sujet vous intéresse mais vous n’êtes pas au parfum ds dernière news......comme dans toute vie y a des turbulences alors s’en était une et c de l’histoire ancienne......

Que les Burkinabé sont compathissant ! on lance des appels à la réconcilliation sans savoir ce qui s’est passé. Pensez vous qu’en amitié tout est surmontable ? Ne sont ils pas des humains comme vous et moi ?
Ce dont je suis convaincu, c’est que c’est n’est pas leur premiers discordes. Au cours de leur chéminement, ils ont eu surmonter des divergences qu’ils sont parvenues à surmonter. Cette fois ci, si ça a été porté sur la place publique et que ceux ci jugent insupportable, je pense qu’on est pas obligé de faire semblant pour faire plaisir aux mélomanes.
On sent la même attitude chez certains couples. Quand ça ne va pas il faut avoir la lucidité de dire ça suffit et prendre sa décision. Quoiqu’on dise, mieux vaut être sul que d’être mal accompagné.

Dans la vie on a tous des moments de faiblesse, on a tous des moments oû on veut tous claquer et repartir dans le vide pour se liberer un peu.

Ca été le cas pour le groupe Yéleen et à Esprit reposer ils se sont tendus la main pour toujours....Actuellement ils ont besoin de nous sentir et ils ont besoin de notre Soutient pour les aider à oublier ce passage dans ce coup de vent.......Ensemble disons " YELEEN FOR EVER"

Vous avez porté si haut le flambeau, vous êtes un symbole, un exemple pour beaucoup de jeunes burkinabés, vos messages sont des sources d’encouragement. De grâce, ne faites pas tomber tout ce que vous avez bâti pendant une dizaine d’années. Votre force vient de votre union, de votre complémentarité et c’est cela qui donne "Juste un peu de Lumière" à nous autres vos fans. "Dieu seul sait" ce que vous endurez actuellement comme problèmes. Cependant "L’oeil de Dieu" et du peuple est sur vous, nous attendons la "Redemption" pour vous voir chanter encore "Dar Es Salam". Vous n’avez pas le droit.... N’oubliez pas que dans la vie de "couple", c’est l’union qui fait la force et quand on parle d’union ce n’est pas un vain mot, c’est un combat, un combat quotidien, renseignez vous auprès des couples heureux. "Laissez nous rêver, imaginer... une situation meilleure que ce que vous vous voulez nous laisser, on a le droit de rêver.....", la flamme de "Yeleen" ne s’éteindra pas, il deviendra "Tassuma" pour consumer le mal qui rode autour de lui. C’est dans l’union qu’on devient fort pas dans la séparation.
J’ATTENDS DE LIRE VOTRE RÉCONCILIATION, NE ME FENDEZ PAS LE COEUR, VOUS N’EN AVEZ PAS LE DROIT

Zercle, un de vos fans

je suyis surpris de la surprise des prétendus fans du Duo ! Depuis lors "opus-diffamation" commandité par un politicard, ils nous enfin demontré qu’ils font dans ce qu’appelle Tiken Jah FAKOLY, de "la musique alimentaire". Et en depit de leur fausse redemption ils nous ont prouvé qu’ils ont perdu de leurs muses notamment SMARTY. Ecoutez et comparez les parties de SMARTY avec celles qu’il nous a montrées dans les deux précedents albums.
NB:Si aucun des deux n’a plus d’avenir, chez Smarty c’est l’avenir tourne au souvenir pur ainsi dire qu’il nous est devenu un ancien artiste rappeur !!!

yelen= smarty+mandowé, mandowé-smarty= 2 X descente aux enfers mes fères unissez vous sinon ça serait un retour à la case de depart pour vous tous. Souvenez vous sinon que ici au faso la vie est dure ne gachez par votre si bel aventure

Souffrance égal Succès
Succès égal Gloire
Gloire égal Argent
Argent égal Fesses
Fesses égal PROBLÈMES.
Il fallait s’y attendre.
Si vous voyez 2 personnes s’entendre c’est qu’il y a un qui supporte l’autre et le jour que celui-ci lâche ils s’écroulent. C’est la pluie qui fait le beau temps, ils s’entendront ne vous en faites pas pour si peu. Et puis il se pourrait que leur solo soit meilleur et on oubliera cette séparation douloureuse.

 

Dislocation de Yeelen : Smarty dément

 

Des rumeurs faisaient état depuis plusieurs mois de la dislocation du célèbre groupe de Rap burkinabè Yeelen (Yeelen signifie lumière en bambara, une langue parlée au Mali et proche du Dioula qu’on retrouve dans l’ouest du Burkina Faso). L’Agence de Presse Africaine (APA) est allée plus loin en confirmant le divorce du duo formé par le Burkinabè, Salif Kiekieta alias Smarty et le Tchadien Mawndoé. Joint au téléphone par Fasozine.com, dans la soirée de ce mercredi 17 août 2011, Smarty a démenti l’information.

Sans détailler les raisons de la séparation, APA affirme qu’une histoire de trahison serait à l’origine de la séparation des deux rappeurs, et que malgré des tentatives de réconciliation, le tandem a du mal à se reformer. Toujours selon l’agence, Mawndoé serait présentement en studio où il compte sortir un album.

Lorsque nous l’avons joint au téléphone, Salif Kiekieta alias Smarty a démenti la rupture, tout en reconnaissant avoir publié sur sa page Facebook des informations faisant état de dissensions entre lui et son binôme. « Suite à un acte que Mawndoé a posé et qui m’a profondément blessé j’avais publié l’information sur mon mur Facebook. Mais le problème est en train d’être résolu car je suis de ceux qui croient que tout finit par se régler dans cette vie », a expliqué Smarty. Mieux, il a indiqué avoir publié un autre message informant ses amis que la situation était en voie de s’arranger.

« Mais je ne sais pas pourquoi c’est seulement la première information qui a retenu l’attention des gens alors que j’ai aussi dit que tout rentrait dans l’ordre entre nous », s’est interrogé l’alter ego de Mawndoé. Et pour lui, il n’est pas exclu que dans les jours à venir, tout le groupe Yeelen s’adresse à ses fans à travers les médias. Le groupe s’est fait connaitre en 2000 avec son premier album baptisé « Juste 1 peu 2 lumière ». Il enregistrera des succès avec ses 2e et 3e albums avant que les dissensions n’éclatent au 4e. Le groupe avait été accusé d’avoir pris de l’argent d’un dignitaire du régime pour « attaquer » le maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, dans une de ses chansons.

Jacques Théodore Balima (Fasozine)

 

 

Chronique de la fondation « houphouëtiste » de la République de Côte d’Ivoire 


A relire, aujourd’hui, les discours de Félix Houphouët-Boigny d’avant l’indépendance, le choix des mots étonne. Des mots de « planteur colonial » : « masses », « indigènes », « collaboration », « communauté des intérêts », « avenir franco-africain », « compréhension mutuelle »… Faut-il s’en étonner ? En 1925, Houphouët possédait 300 ha ; en 1939, il était devenu le plus grand propriétaire terrien de Côte d’Ivoire : 15 à 20.000 ha de plantations de caféiers, de cacaoyers, de terres à igname ou à manioc, de cultures de tabac, de rizières…

« Seules, des sociétés comme la SPROA pouvaient avoir de plus grandes exploitations agricoles », se vantera, par la suite, le « Vieux ». On comprend mieux pourquoi les planteurs vont constituer la « locomotive de la lutte anti-coloniale ». « En Côte d’Ivoire, écrira un commentateur, l’agriculture spéculative a constitué l’essentiel de l’espace vital que Félix Houphouët et ses compagnons ont cherché et réussi à conquérir en sacrifiant les espérances des autres couches sociales ». Et les autorités coloniales avaient perçu l’intérêt qu’il y avait, pour la métropole, à développer une couche bourgeoise intermédiaire entre les colons et le lumpen-prolétariat. André Latrille, nommé gouverneur de la Côte d’Ivoire en août 1943, parviendra, l’année suivante, à faire exempter les planteurs ivoiriens de café et de cacao des réquisitions du travail forcé. Et le Syndicat agricole africain (SAA) obtiendra de ce même Latrille l’autorisation de vendre en bloc la production de ses membres directement aux grossistes, empochant ainsi les bénéfices des traitants intermédiaires.

La culture du cacao et du café, nouvellement introduite, était le fait, principalement, des autochtones ; au début des années 1950, sur les 425.000 ha mis en culture, 20.000 seulement étaient exploités par les planteurs européens qui n’assuraient que 10 % de la production de café et 5 % de celle de cacao. L’autre caractéristique de l’exploitation agricole ivoirienne était la diffusion des plantations : 110.000 environ au début des années 1950, soit une moyenne de 3,65 ha par producteur autochtone.

Et Raymond Descleres, qui était, dans les années 1950, président de la Chambre d’agriculture et d’industrie, soulignera que l’exploitation des plantations est passée de familiale à extensive ; il notera à ce sujet : « le développement pris par la culture caféière et cacaoyère a, en quelque sorte, provoqué l’éclatement de la forme traditionnelle des exploitations et les planteurs tendent à devenir des employeurs de main-d’œuvre extérieure. Il y a là un problème social nouveau qui surgit, consécutif aux trop faibles ressources démographiques de la Basse Côte ». Et l’historien burkinabé Joseph Ki-Zerbo écrira que les planteurs du SAA ont eu recours au Moro Naba de Ouagadougou et à Gbon Coulibaly de Korhogo, « deux gros fournisseurs de main-d’œuvre forcée », pour recruter des manœuvres volontaires originaires de la Haute-Volta. Si le premier ministre de l’Agriculture a été Joseph Anoma, instituteur devenu planteur, membre fondateur du SAA, ce sera un Français qui lui succédera le 30 avril 1959 : Georges Monnet ; avec le titre de ministre de l’Agriculture et de la Coopération, ce qui laissait penser que c’était dans le domaine rural que la coopération financière et technique avec Paris était la plus recherchée.

C’est dire que Houphouët-Boigny, tel qu’il était entre 1945 et 1960, a formaté durablement la Côte d’Ivoire. Et il ne faut pas s’étonner d’entendre chez ce « planteur », fondateur d’un syndicat professionnel de défense des intérêts des planteurs, bien plus d’arguments économiques que politiques ou sociaux. Ainsi que la nécessité du maintien d’un lien avec la France. La seule souveraineté que revendiquait Houphouët-Boigny était celle « permettant de féconder les immenses richesses » de la Côte d’Ivoire « et d’enrichir le patrimoine commun ». Il ne cachait pas que cette « immense richesse » ivoirienne devait permettre, dans le même temps, à la France de ne plus assurer le fardeau des pays de l’AOF ; il faut concentrer tous les moyens - financiers et humains -sur la Côte d’Ivoire, sous-peuplée, pour assurer l’hégémonie de celle-ci au sein de la sous-région. D’où résultera, bien sûr, la mise en place du Conseil de l’Entente.

Houphouët-Boigny ne cessera d’avoir une vision économique de la gestion politique de la Côte d’Ivoire. : tout est acceptable dès lors que nous sommes en mesure de développer nos richesses ! Il aimait a rappeler le mot d’ordre du gouverneur François-Joseph Reste de Roca : « Enrichissez-vous par le travail ». Il aurait pu préciser : « …par le travail des autres ». Car Reste de Roca s’est illustré dans les années 1930 par un programme de relance de la colonie de Côte d’Ivoire grâce à la mise en place d’un « syndicat ivoirien d’acheminement de la main-d’oeuvre » et à la suppression de la Haute-Volta le 5 septembre 1932 son territoire étant, pour l’essentiel (14 des 19 cercles me semble-t-il), rattaché à la Côte d’Ivoire (au Burkina Faso, les élèves de CM2 apprennent, à juste titre, qu’il « s’agissait, pour les autorités coloniales, de fournir de la main d’œuvre voltaïque aux grands chantiers de l’AOF ») ; ceci étant, il déclarera la colonie spécialisée dans le café-cacao. Ce qu’elle deviendra, Houphouët instituant la cession de terres aux hommes liges de son régime ; ceux-ci en confiant la mise en valeur à des « allogènes ».

Houphouët-Boigny a-t-il mieux réussi que les autres ? Au cours des premières décennies de l’indépendance, à ceux qui pestaient contre son discours « réactionnaire » (dans le contexte de l’époque), on rétorquait « miracle économique ». Il est vrai que la Côte d’Ivoire brillait de mille feux quand les anciens territoires de l’AOF semblaient éteints au mieux, n’être plus que cendres (à l’instar de la Guinée) au pire. Sauf que l’histoire est têtue et a des lois « plus fortes que les appareils bureaucratiques ». 15 années miraculeuses vont déboucher sur 15 années de crise économique, politique et sociale ; auxquelles vont venir s’ajouter, en héritage (à Henri Konan Bédié d’abord, Robert Gueï ensuite, Laurent Gbagbo enfin), vingt années dramatiques pendant lesquelles la Côte d’Ivoire va se déconstruire (si tant est qu’elle s’était construite).

Or, c’est bien à « l’houphouëtisme » que se réfèrent aujourd’hui ceux qui ont remporté la présidentielle : Alassane D. Ouattara et son challenger Henri Konan Bédié. On en retrouve tous les ingrédients : connexion étroite et sans état d’âme avec la France ; priorité à l’économie et au business ; parapluie sécuritaire français ; retour des gloires passées sur le devant de la scène ; vision administrative plus que politique du rôle des partis… Mais si, dans un entretien accordé au journal Le Patriote (samedi 6 août 2011), Bédié est dithyrambique sur le « Vieux » (« visionnaire », « grand bâtisseur », « humaniste », « sage », « génie politique », etc.) - qui, il est vrai, l’a « inventé » - Ouattara, dans son discours à l’occasion de la célébration du 51ème anniversaire de l’indépendance est dans la retenue. S’il évoque « nos pères fondateurs », il ne cite qu’une seule fois Félix Houphouët-Boigny sans omettre, d’ailleurs, « ses compagnons de lutte », dont « l’héritage », dit-il, « se fonde sur une indépendance chèrement acquise, que nous devons coûte que coûte préserver ».

C’est, la même histoire ; mais pas la même lecture. Il est vrai que Bédié et Ouattara n’ont pas le même parcours. L’un s’est servi du régime ; l’autre s’est efforcé, par le passé, de le servir. C’est schématique mais reconnaissons à Ouattara le mérite d’avoir battu les deux « méchants » de l’histoire : Bédié et Gbagbo, et d’avoir osé faire alliance avec le premier pour battre le second. Pour le reste, tout reste à faire… Y compris à tourner la page de « l’houphouëtisme » qui n’est pas la réponse aux questions que se posent les Ivoiriens.

Jean-Pierre BEJOT (La Dépêche Diplomatique)

 

Affaire DSK : comment (et combien) sont payés les avocats

Par Alexis Buisson

Lumière sur les modalités de rémunération de Thompson, Brafman et Taylor, les avocats de Diallo et Strauss-Kahn.

 

(De New York) Kenneth Thompson (avocat de Nafissatou Diallo), Benjamin Brafman et William Taylor (avocats de Dominique Strauss-Kahn) jouent gros sur l'affaire DSK. Mais les trois « lawyers » ont beaucoup à y gagner.

Les avocats spécialisés dans les affaires criminelles bénéficient d'une grande latitude pour déterminer le montant de leurs honoraires. La seule limite est imposée par le code de conduite professionnelle du tribunal de New York : les montants pratiqués ne doivent pas être « excessifs » au regard du travail requis et de l'expérience de l'avocat. Le code précise néanmoins qu'il revient à l'avocat de juger du caractère « excessif » de ses honoraires.

Les règles de facturation font l'objet d'un accord entre l'avocat et le client au début de l'affaire. Est signé un « retainer agreement », une sorte d'avance de laquelle sera déduit le montant de la prestation. Il y a deux modes principaux de facturation : horaire et forfaitaire. Aux Etats-Unis, la tarification horaire est la plus usitée.

Des facteurs objectifs (taille de la firme, nature du crime, nombre de personnes travaillant sur l'affaire, fortune de l'accusé…) mais aussi subjectifs (réputation de l'avocat, expérience, complexité estimée de l'affaire…) entrent en compte dans le montant de la note.

Le lieu joue aussi : les avocats facturent en moyenne 319 dollars (225 euros) l'heure dans le nord-est du pays contre 264 (185 euros) dans le Midwest, selon une étude sur les honoraires des firmes de taille moyenne en 2009 par le groupe Incisive Legal Intelligence, dont les rapports sur le système judiciaire américain font autorité.

Chaque minute compte

 

William Taylor a vraisemblablement opté pour une facturation horaire particulièrement élevée, « entre 850 et 1 000 dollars » (entre 600 et 700 euros), en raison de la taille de son employeur Zuckerman-Spaeder – la firme compte près de 200 employés dans plusieurs villes américaines –, estiment (sous couvert d'anonymat) deux avocats spécialisés dans les affaires criminelles.

Même montant pour l'autre avocat de DSK, Benjamin Brafman. Sa firme Brafman & Associates est plus petite (cinq avocats répertoriés sur le site internet) mais la réputation de l'ancien défenseur de Michael Jackson fait gonfler la note.

 

A ces montants s'ajoutent les tarifs pratiqués par les personnels qui assistent les avocats dans leur travail. Pour eux, le prix atteint en moyenne 400 ou 500 dollars (280 ou 350 euros) l'heure.

Si un coup de téléphone prolonge le travail de l'avocat au-delà de l'heure, il faudra aussi allonger les dollars : le coût horaire est calculé en incrément de six à quinze minutes.

Ces coûts ne comprennent pas le prix d'éventuels experts appelés à témoigner à la barre (jusqu'à 50 000 dollars – 35 000 euros), de possibles tests médico-légaux, le recrutement d'enquêteurs (700 à 2 000 dollars – 490 à 1 400 euros – par jour), et les dépenses en transports et photocopies. Ces coûts sont facturés au client.

Charger moins pour gagner plus


Pour l'avocat de Nafissatou Diallo, Kenneth Thompson, la situation est différente. Sa rémunération est selon toute vraisemblance fonction du montant des possibles dédommagements que sa cliente obtiendra dans le cadre de sa plainte au civil. Plainte déposée le 8 août dernier devant un tribunal du Bronx.

 

Comme Kenneth Thompson ne tirera aucun revenu financier de la plainte au pénal, qui suit toujours son cours bien que fragilisée, certains avocats voient dans la récente offensive médiatique de sa cliente une stratégie pour faire monter les enchères au civil.

Il en a intérêt. Les frais divers (enquêteurs, experts, logistique…) qu'il a engagés dans le cadre de l'affaire seraient entièrement déduits du montant des dédommagements.

Il empocherait ensuite un tiers de la somme restante (les deux autres tiers allant à Nafissatou Diallo). Dans l'éventualité d'un verdict défavorable, il ne toucherait rien, voire perdrait de l'argent.

Autres différences avec les avocats de DSK : Kenneth Thompson, jeune avocat, a encore une réputation à se forger et la cliente qu'il défend a des revenus que l'on suppose limités. Ainsi, il est probable qu'il ait décidé de « prendre en charge l'affaire gratuitement ou de pratiquer des tarifs horaires réduits », avance un avocat au barreau de New York.

Le jeu en vaut la chandelle. Car Thompson sait que quel que soit le destin de sa cliente, l'attention médiatique qu'il a reçue élargira sa clientèle. Si les dollars ne tombent pas aujourd'hui, ils tomberont demain.

Photos : Dominique Strauss-Kahn entouré de ses deux avocats, William Taylor et Benjamin Brafman, au tribunal de New York, le 6 juin 2011 (Allan Tannenbaum/Reuters) ; William Taylor au tribunal de New York, le 6 juin 2011 (Allan Tannenbaum/Reuters) ; Benjamin Brafman s'adresse aux médias à New York, le 6 juillet 2011 (Brendan McDermid/Reuters) ; Kenneth Thompson s'adresse aux médias à New York, le 6 juin 2011 (Lucas Jackson/Reuters)

 

 

La France des réseaux

Les affaires de la Françafrique continuent de tourner


Le terme de « Françafrique » est né d'une boutade, celle de la « France-à-fric », symbole des financements occultes qui ont « fluidifié » les rouages franco-africains depuis plus de cinq décennies.

Mais l'expression est devenue quasiment officielle, couvrant l'ensemble des relations, politiques autant qu'économiques, publiques comme parallèles, de l'Hexagone avec ces anciennes colonies du sud de Sahara. Elle est incarnée par un ensemble hétéroclite de chef d'Etats, de conseillers occultes, d'émissaires officieux, de gourous et d'hommes d'affaires intéressés par la préservation de certaines habitudes et rentes de situation en Afrique francophone.

En coulisses, on fait des affaires tout en faisant de la politique. A moins que ce ne soit l'inverse. La frontière est difficile à tracer entre la stricte défense d'une certaine influence politique française sur le continent noir et la préservation d'intérêts économiques privés auxquels s'arc-boutent les entreprises. Au risque de mélanger les genres.

600 entreprises françaises en Côte d'Ivoire

Prenons l'exemple de la Côte d'Ivoire, qui fut en proie à une guerre civile larvée depuis 2002, entre les rebelles du Nord qui soutenaient le nouveau président élu en novembre 2010 Alassane Ouattara, et les forces longtemps fidèles à l'ancien président Laurent Gbabgo, en poste depuis 2000 et finalement forcé de quitter le pouvoir le 11 avril 2011 après une crise de plusieurs mois.

Sur place, plus de 600 entreprises françaises tiennent encore des positions-clés de ce pays, qui demeure le poumon économique de l'Afrique de l'Ouest et le premier partenaire commercial de la France dans la zone du franc CFA.

Malgré le climat tendu de ces dernières années, notamment en 2004 lors du bombardement de troupes françaises par l'aviation ivoirienne, et malgré les discours anti-français du président Gbabgo, les affaires ont continué.

Le pétrolier Total a signé fin 2010 des contrats d'exploration au large des côtes. Déjà chargé de l'électricité et de la distribution d'eau, le groupe Bouygues, qui s'appuie sur l'ancien patron des patrons ivoiriens, Marcel Zadi Kessy, lorgne sur la construction d'un deuxième grand pont sur la lagune d'Abidjan.

Bolloré s'affiche avec Gbagbo et obtient le port d'Abidjan

Très actif dans le transport ferroviaire et l'agro-industrie, Vincent Bolloré, quant à lui, a obtenu en 2004 « de gré à gré » la concession de la gestion du port d'Abidjan.

L'industriel français s'est rendu sur place en avril 2008, prenant la pose aux côtés du président Laurent Gbabgo, qui l'a encensé dans son discours. Ce qui n'a pas empêché ce dernier de dénoncer ensuite le complot français ourdi contre lui après les élections de novembre 2010.

Il est vrai que son rival, Alassane Ouattara, ancien économiste au FMI, finalement intronisé au poste de président en mai dernier, a, lui aussi, beaucoup de contacts dans le milieu des affaires à Paris, notamment l'avocat François Meyer, qui défend par ailleurs… le groupe Bolloré. Et Martin Bouygues, qui était présent au mariage de Alassane Ouattara et de son épouse Dominique, redoutable femme d'affaires.

A Paris, Nicolas Sarkozy, en président super-VRP, mouille sa chemise pour défendre des industriels français qui sont aussi ses amis.

Par exemple en 2009 quand il a été reçu par le président congolais Denis Sassou-Nguesso, Nicolas Sarkozy lui a dit franchement qu'il ne devait pas confier la gestion du port de Pointe-Noire à des prestataires chinois, de plus en plus présents : « Il faut que tu le donnes à Vincent ! » Sous-entendu Vincent Bolloré, dont le groupe a finalement arraché le contrat, grâce à une offre jugée mieux-disante.

En Guinée, la diplomatie sarkozyste mise sur Alpha Condé

L'Elysée a déployé le même lobbying intensif en faveur de Bolloré au Togo, au Gabon, au Cameroun et au Sénégal en 2008, afin d'éviter que la gestion du port de Dakar n'échoit à un groupe du Moyen-Orient, le Dubaï Ports World. Sans succès cette fois, malgré des pressions politiques multiples.

La diplomatie sarkozyste a aussi la couleur de l'argent en Guinée. Après le départ forcé du général Dadis Camara début 2010, le nouveau président élu, Alpha Condé, figure de l'opposition, a été soutenu par la France. Arrivé au pouvoir en novembre 2010, il a suspendu quelques mois plus tard la concession du terminal de conteneurs du port de Conakry, confiée en septembre 2008 par le régime précédent au groupe français Getma.

Le président guinéen a aussitôt passé un nouveau deal portuaire avec le groupe de Vincent Bolloré, lequel, reçu à Conakry, n'a jamais caché son appui à Alpha Condé.

Ce sont d'ailleurs les équipes d'Euro-RSCG, filiale du groupe publicitaire Havas présidé par le même Bolloré, qui ont donné un coup de main pour la campagne de Condé.

La Françafrique résiste bien…

 

Championnats d’Afrique féminins de Handball des petites catégories L’Angola et le Congo sur les plus hautes marches

 

 

 

Les championnats d’Afrique des nations des petites catégories dames se sont déroulés du 6 au 14 aout 2011 au palais omnisports de Ouaga 2000 de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. La compétition des cadettes a été remportée par l’Angola au détriment de la République démocratique du Congo (RDC). Au niveau des juniors, les Congolaises (Brazzaville) triomphent des Angolaises empêchant ainsi les « palancas negras » de réaliser le doubler.

Débutés le 6 août dernier au palais omnisports de Ouaga 2000 à Ouagadougou, le XVIIe championnat d’Afrique des nations juniors féminins et le VIe championnat des cadettes ont connu leurs apothéoses le samedi 14 aout 2011 avec des fortunes diverses. Au niveau des cadettes, la compétition a été dominée de la tête aux épaules par les Angolaises. Après avoir éliminé la Tunisie en demi finale, les cadettes angolaises se sont succédées à elles mêmes en battant leurs homologues de la R.D.Congo sur le score de 19 à 16. Dans cette categorie, les burkinabè ont terminé 5e sur 6 équipes avec une victoire de 31 à 12 sur les cadettes maliennes. cependant, il ya un aspect positif au niveau de la prestation des cadettes burkinabè.

Dans une compétition où les équipes de l’Egypte et de la Cote d’Ivoire ont subsonné des falsifications d’âges chez un adversaire, le Burkina Faso est quant à lui resté intègre sur ce point. Les cadettes burkinabè étaient des collègiennes qui ont le talent. C’est à juste titre que les cadettes burkinabè se sont présentées à la compétion comme équipe d’apprenties handballeuses.

 

Chez les juniors, le Congo (Brazzaville) a pu mettre fin à la suprematie angolaise. Et pourtant. Ces deux équipes ont évolué dans la même poule qui a d’ailleurs été largement dominée par les « palancas négras ». les juniors angolaises ont terminé première de la poule B et ont même battu les diablesses rouges du Congo sur un score de 29 à 25. A la finale, les choses ont tourné autrement et la dauphine a ravi la couronne en s’impossant dans les ultimes secondes du match sur le score de 25 à 24. Les juniors congolaises sont ainsi sacrées championnes au 17e championnat d’Afrique des nations et succède à l’Angola.

Dans cette catégorie, les étalons ont terminé 8e sur 8 équipes. Les representantes du Burkina Faso ont donc tterminé la compétition sans enregistrer la moindre victoire en quatre matchs de comptétion. A l’issue de ces deux championnats d’Afrique des nations qui ont comptabilisés au total 29 matches, retons une seule leçon. Les compétitions des petites catégories sont organisées en vue d’assurer la relève du handball africain. Il n’y a pas de gloire à vaincre avec des filles plus âgées. Que ceux qui ont des oreilles entendent.

Abraham N. Bayil (Lefaso.net)

 

 

Ligue I en France : Ça marche pour Pitroipa, Traoré et Koné

 

 

C’est reparti pour la Ligue I (France) depuis le 6 août 2011 et, déjà, les amoureux du foot, qui n’en demandent pas mieux, peuvent dire que le spectacle ne leur manque pas. Le footballeur burkinabè le plus en vue en ce moment, c’est Jonathan Pitroipa, qui fait sensation à Rennes. Tout comme lui, Alain Traoré confirme sa bonne forme du côté de l’AJ Auxerre de même que Bakary Koné, qui est à ses débuts à Lyon.

Le championnat français, quoi qu’on dise, est une vitrine pour se faire un nom et même une opportunité pour attirer le regard d’autres recruteurs. Beaucoup de footballeurs africains ayant évolué en Ligue I sont aujourd’hui en Angleterre ou en Espagne, où ils font non seulement des merveilles, mais sont mieux rémunérés. Au Burkina, la plupart des joueurs partis monnayer leurs talents sous d’autres cieux se retrouvent dans des clubs anonymes et font souvent banquette.

Aujourd’hui, les choses sont en train de changer petit à petit et c’est même ce qu’on souhaite. L’événement en cette saison sportive 2010-1011 en France, c’est l’arrivée de l’ailier de poche des Etalons du Burkina Jonathan Pitroipa. C’est à Rennes qu’il a posé ses valises après 6 saisons passées avec le SC Friburg (2004-2008) et le Hambourg (2008-2011) en Allemagne. En Budesliga, il avait marqué 6 buts en 74 matches.

A peine arrivé chez lez Bretons, il n’a pas tardé à montrer ce dont il est capable. Auteur de 2 buts le 28 juillet dernier au troisième tour qualificatif de la Ligue Europa face aux Georgiens du FC Roustavi Metallurgist (2-0, 5-2), il s’était illustré lors de la première journée de Ligue I contre Dijon, le nouveau promu battu à domicile par 5 buts à 1.

Le samedi 13 août 2011, Pitroipa a permis à son équipe d’arracher le nul (1-1) face au Paris-SG d’Antoine Koumbouaré. En deux journées, « Pit » pour l’entraîneur Fréderic Antonetti, est devenu l’attraction du début de saison des Bretons. C’est encourageant dans la perspective de la CAN 2012 coorganisée par le Gabon et la Guinée Equatoriale. Mais Pitroipa traîne encore des déchets dans son jeu où il s’emmêle parfois dans ses numéros en solo. Un défaut qui lui a valu quelques sifflets lors de sa première sortie au stade de la Route-de-Lorient le 4 août au match retour contre Roustavi.

L’autre Burkinabè qui marque aussi des points est Alain Traoré qui a marqué 1 but dimanche contre Marseille (score final 2-2). Avec l’AJ Auxerre, il fait de bonnes choses et commence à devenir un titulaire indiscutable.

Côté Marseille, on attendait Charles Kaboré qui est rentré comme d’habitude en fin de match.

Le troisième Etalon dans cette ligue 1, c’est Bakary Koné qui a quitté Guingamp pour Lyon, un autre grand club français. Titularisé contre Ajaccio le samedi 13 août sur la pelouse de Gerland, il a tiré son épingle du jeu, obtenant même une note de 6. Bon début donc de Baky qui ne s’endormira certainement pas sur ses lauriers. Espérons que d’autres Burkinabè frapperont aussi à la porte de la ligue 1 pour le bonheur du onze national.

Justin Daboné (L’Observateur Paalga)

 



19/08/2011
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